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24-26, rue de la Vieille-Porte
A Thionville, Moselle, une phase de diagnostic, menée en 2000, avait révélé la présence de structures excavées du Moyen Âge, de caves remblayées au XVIIIe s., d'un four et de murs de parcellisation.
L'emprise de la fouille, d'une superficie de 942 m2 et bordée au nord par la rue de la Vieille-Porte, est localisée dans un îlot au nord-est de la ville enclose par l'enceinte du bas Moyen Âge. Le sous-sol y est composé d'une alternance de couches de limon sableux et de graviers dont la présence résulte des phases de débordement successives de la Moselle.
Plusieurs phases d'occupation ont été mises en évidence.
Cet îlot est colonisé dès le haut Moyen Âge. En effet, comme le laissaient présager les résultats de la fouille de sauvetage sur la place Cl. Arnoult, à une vingtaine de mètres au sud du site, sept cabanes excavées, telles qu'on en rencontre dans les établissements ruraux de cette époque, ont été mises au jour. C'est ainsi que les données archéologiques illustrent la première mention historique de Thionville en 753, sous la vocable Theodonis Villa. Ces petits édifices semi-enterrés sont essentiellement situés en marge ouest du site, à l'exception de l'un d'entre eux, isolé au sud-est. Ils ont tendance à se concentrer dans le secteur nord-ouest. Aucun bâtiment de plain-pied et constitué de poteaux directement plantés dans le sol n'a été reconnu pour cette phase.
Du bas Moyen Âge sont conservés les vestiges d'un bâtiment maçonné localisé au sud-est du site. Bien qu'il s'étende au-delà de la limite est de l'emprise de fouille, l'axe longitudinal du bâtiment épouse l'orientation N-O/S-E, approximativement parallèle à la rue de la Vieille-Porte. La seule pièce conservée mesure 7,75 x 4 m, ce qui donne une superficie minimale de 31 m2. Elle est dotée d'un terrazzo à base de tuileau de bonne qualité. Les murs, conservés sur quelques assises de moellons en calcaire jaune ou gris liés au mortier, renferment des éléments architectoniques et des fragments de terrazzo au tuileau en remploi, ce qui contribue à créer un appareil irrégulier. Leur largeur atteint en moyenne 0,33 m. Le parement interne d'un mur a conservé les restes d'un enduit à base de chaux. Cependant, cette pièce a été endommagée par des aménagements plus récents tels que l'installation d'une fosse-latrines au XVIIIe s.
Parmi les fosses d'aisance attribuées à cette phase, l'une est maçonnée à l'aide de gros fragments de tegulae récupérés et assisés. Localisée près de l'angle nord-ouest de cet habitat, elle présente au moins deux phases d'utilisation. À la fin du Moyen Âge et à l'aube du XVIe s., une activité d'extraction de matériaux, vraisemblablement destinés à une campagne de construction, a laissé comme seules traces de grandes fosses se recoupant et se concentrant en grappes suivant une bande située en bordure est du site. Le comblement d'abandon de ces excavations assez stérile n'a fourni que quelques tessons de gobelets en verre de cette époque charnière.
Pour ce qui est des Temps modernes, le fond d'une fosse d'aisance ou d'une fosse ayant servi de dépotoir en pleine terre et comblé avec du mobilier en céramique, en verre et de la faune peut être attribué au XVIe s. ; dans le secteur ouest, une grande fosse ovale, à profil en légère cuvette et en escalier, orientée N-E/S-O, se particularise par la présence de deux planches en bois (0,10 à 0,17 m de large). Celles-ci, posées à plat et transversalement au fond de la fosse, sont parallèles et distantes entre elles d'1 m à 1,20 m. Cette excavation est comblée au cours des XVIe-XVIIe s. à l'aide de plusieurs couches de remblais dont certaines renferment des rebuts de poterie culinaire, de carreaux de poêle, de briques. Par ailleurs, un foyer aménagé et accolé à une structure semi-circulaire maçonnée a été mis au jour au sud-est du site.
Au XVIIIe s. le secteur est occupé par des bâtiments dont il ne reste que les caves. L'une d'entre elles, localisée au milieu du site, est accessible par un escalier situé dans l'angle sud-est. Plusieurs phases d'aménagement des murs et des sols ont été observées. Des fosses-latrines, localisées au niveau de la berme est du site, ont été partiellement fouillées mais leur relation avec le bâti contemporain est plus difficile à reconnaître. Ces structures sont maçonnées et l'une d'entre elles présente un enduit de mortier rose à base de tuileau sur le parement intérieur de la fosse. Abandonnées, caves et latrines ont été comblées à la fin du siècle, voire à la charnière des XVIIIe-XIXe s. Des empreintes de trous de poteau isolées, des fosses, des murs de parcellisation et un four en briques, mis au jour dans un sondage de diagnostic, ne peuvent être rattachés à l'une de ces phases chronologiques par manque d'éléments de datation. L'intérêt de cette opération est de compléter notre connaissance sur l'histoire de la ville de Thionville, en l'occurrence sur les origines de la ville médiévale et l'évolution topographique d'un quartier intra muros. En outre, le mobilier, essentiellement constitué de céramiques et de verre, illustre la culture matérielle urbaine au fil du temps : poterie culinaire, instrument lié à l'artisanat du tissage, typique du premier Moyen Âge, verres à boire, carreaux de poêle, quelques monnaies.