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8-10, rue Porte-Madeleine
A Orléans, Loiret, la fouille a été prescrite suite à un diagnostic réalisé en février 2003 par D. Canny/Inrap. Elle a porté sur un espace de 772 m2, dont 110 m2 environ sont détruits par une cave contemporaine en partie centrale.
Le chantier est localisé dans la partie ouest du centre ancien d'Orléans. Trois fouilles ont déjà été effectuées dans un périmètre proche. L'une a fait l'objet d'un document final de synthèse, l'autre s'est achevée sur une note de synthèse et la dernière n'a pas fait l'objet d'un rapport.
Les informations disponibles sur ce quartier, qui semble se situer en périphérie de l'agglomération antique, sont donc encore très lacunaires. Le chantier est situé sur le plateau dominant la Loire au nord, à 500 m de la berge actuelle du fleuve. Les premiers indices d'occupation de ce secteur sont des ornières qui indiquent une circulation dans un espace qui semble ne pas connaître de contraintes. Elles sont datées avec imprécision, mais sont antérieures au milieu du IIe s. av. J.-C. Vers le milieu de ce siècle, l'emprise étudiée est débarrassée de son couvert végétal et le calcaire naturel est recouvert par un sol aménagé constitué de graviers de silex roulés, probablement issus de la Loire. Un angle de fossé ouvert est présent en limite sud du chantier. On ignore la destination de ces amé-nagements.
Dans la seconde moitié du siècle, deux sépultures d'adultes permettent d'identifier la fonction du lieu. Il s'agit d'inhumations orientées SO/NE, accompagnées de dépôt de vases. Trois inhumations d'enfants, attribuables à la même période, avaient été mises au jour à 100 m au nord-est (18, rue Porte-Saint-Jean), lors de la fouille de 1998 menée par S. Jesset/Inrap. La vocation funéraire de cet espace ne fait plus aucun doute, mais on ignore s'il convient de rattacher cette nécropole à l'agglomération qui se développe à environ 600 m à l'est, ou à un établissement isolé qui reste encore à localiser.
Pour la fin du IIe s. ou le Ier s. av. J.-C. (datation en cours), l'opération n'a pas révélé de sépultures, mais une série de cinq fosses contenant des dépôts animaux. Deux d'entre elles contenaient un squelette de mouton complet et en connexion anatomique, une autre a livré quatre squelettes de même type et des pattes isolées, une autre encore n'a révélé qu'une patte, mais son recoupement par une cave contemporaine interdit de savoir si le squelette a été déposé complet ou non. La cinquième fosse a montré les squelettes de trois pygargues, complets et en connexion anatomique. Il s'agit d'une femelle entourée de deux mâles. L'interprétation de ces dépôts reste délicate, mais leur nombre, leur regroupement au nord du site dans une zone qui ne dépasse pas 50 m2 et la présence des trois pygargues plaident en faveur d'une continuité de la fonction funéraire ou rituelle de cet espace.
À la période augustéenne, le site semble changer de vocation avec l'édification d'un premier bâtiment. La destination de ce dernier ne peut pas être établie précisément, mais il semble que les constructions qui vont se succéder jusqu'à la fin de IIe s. de notre ère sont désormais à vocation d'habitat et comportent une activité artisanale ponctuelle. La mise en place, au début du Ier s. de notre ère, d'une trame viaire orthogonale ne semble pas influer sur l'organisation spatiale du site. Celui-ci se trouve désormais au centre d'un îlot, encadré à l'est et à l'ouest par des voies N-S. Les axes gaulois (NE/SO) perdurent malgré tout, montrant ainsi toute l'imperfection de la romanisation du paysage.
Pour tout le Haut-Empire, il est difficile de caractériser ce secteur de l'agglomération. Il semble se trouver en situation périurbaine, mais les informations fragmentaires et disparates actuellement disponibles ne permettent pas d'en révéler la nature exacte. Habitat modeste ou de qualité, artisanat, les indices ponctuels semblent pour le moment contradictoires en l'absence d'études plus poussées.
Le IIIe s. marque un abandon de cet espace au profit de cultures ou de friches et il faut attendre la fin de la période médiévale pour que ce secteur s'urbanise à nouveau. Il ne sera englobé dans l'enceinte urbaine qu'au début du XVIe s. L'étude, encore en cours, devrait permettre de préciser la chronologie et la nature des dépôts gaulois et aussi de poser les premiers jalons d'une étude sur le funéraire de la fin du premier âge du Fer à Orléans. Elle s'attache également à affiner la connaissance de cet espace pour la période gallo-romaine et à en préciser la fonction. Les études spécialisées (anthropologie, archéozoolo-gie, 14C...) se poursuivront jusqu'au milieu de l'année 2006.