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Aimargues : une fouille archéologique révèle cinq siècles d'histoire d'un village du haut Moyen Âge
Dans le cadre de l'aménagement de la future ligne à grande vitesse du contournement Nîmes-Montpellier, Oc'Via Construction a confié à l'Inrap l'ensemble des fouilles préventives qui doivent être réalisées tout au long du nouveau tracé, sur prescription de l'État (Drac Languedoc-Roussillon).
Première d'entre elles, la fouille du village médiéval de Saint-Gilles-de-Missignac, situé sur la commune d'Aimargues (Gard), mobilise depuis le mois d'octobre une trentaine d'archéologues et s'achèvera dans le courant du printemps. Le site avait déjà fait l'objet d'enquêtes archéologiques en 1995, 2002 et 2010, mais celles-ci n'avaient touché que les abords. Cette fois, c'est le cœur du village qui est exploré, et également une partie d'un grand quartier de stockage des récoltes. L'étendue des vestiges et leur exceptionnelle conservation, dans une région où les aménagements et remaniements agricoles ont laissé peu de traces matérielles de l'habitat rural, octroient à ce site un caractère inédit pour le Languedoc oriental.
Un remarquable exemple de villa carolingienne
Le stockage des récoltes céréalières à proximité de l'habitat
Les recherches ont d'ores-et-déjà révélé que cette aire, probablement aménagée au VIIe siècle, a connu une période d'activité intense entre le IXe et le XIe siècle, avant d'être délaissée dans le courant du XIIe siècle, une évolution concordant avec le scénario d'occupation du village.
Au coeur de la villa, une église et son cimetière
Dès l'origine, la villa comprend un cimetière, qui prend apparemment place le long d'un chemin. Les tombes sont orientées et alignées et les défunts sont inhumés dans une étroite fosse anthropomorphe, laquelle est recouverte par des dalles de pierre. Entre les VIIe et IXe siècles, cet ensemble funéraire se développe en gagnant en superficie (jusqu'à 1 500 m2), mode d'extension caractéristique du haut Moyen Âge. À ce jour, une partie seulement en a été dégagée. On estime qu'il a accueilli environ 400 sépultures. Ce cimetière paraît associé à une église, caractérisée par un chevet plat, ainsi qu'aux premières maisons qui l'entourent.
À un moment encore incertain, peut-être au IXe ou au Xe siècle, l'église est reconstruite, dotée de murs imposants, d'une nef simple et d'un chevet en abside. La nécropole est alors réduite à une parcelle de 265 m2 qui flanque le monument au sud et à l'ouest et la gestion de l'espace dévolu aux défunts devient draconienne : le cimetière se développe verticalement, par empilement et réutilisation de tombes, aménagées avec des coffrages en pierre. Dans ce périmètre restreint ont été inhumés près de 400 individus. Tout autour, l'habitat évolue et se densifie particulièrement au nord-ouest du monument, où il recouvre le cimetière ancien. L'église perdure au-delà de l'abandon des maisons et les dernières sépultures gagnent l'emprise de bâtiments ruinés, peut-être jusque dans le courant du XIIIe siècle.
La découverte d'un cimetière in extenso : un fait rare et précieux
Au cours de la fouille et lors des études à venir, l'objectif des archéologues sera de comprendre, à travers cet exemple de villa médiévale, l'évolution qui a conduit de la villa antique aux villages emmurés de la fin du Moyen Âge. Dans cette enquête et à ce jour, ce sont principalement les points de départ et d'arrivée de cette mutation qui sont connus. Les jalons intermédiaires, en particulier les formes de l'habitat et de la gestion des terroirs du haut Moyen Âge restent dans l'ombre. Saint-Gilles est le premier exemple du Languedoc oriental qui les mette en lumière. À l'issue de la fouille, nul doute que la poursuite des recherches sur la population qui a habité le lieu, mais aussi sur sa vaisselle, ses outils, ses productions agricoles et artisanales, marqueront une avancée significative dans la connaissance du monde rural médiéval en Languedoc.
Informations pratiques : une journée portes-ouvertes à venir
Cécile Martinez
chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Méditerranée
06 87 01 62 86
cecile.martinez [at] inrap.fr
Agnès Rousseau
directrice de la communication
Oc'Via
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