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Archéologie au couvent des Cordeliers à Savenay
Des archéologues de l’Inrap interviennent actuellement sur le site du couvent des Cordeliers à Savenay, dans le cadre d’un projet de réhabilitation porté par la ville.
Prescrite par le service régional de l’archéologie (Drac Pays de la Loire), l’opération fait suite à un diagnostic mené par l’Inrap en 2016. Les recherches, qui combinent fouille des vestiges au sol, suivi des travaux de décaissement et analyse du bâti, démontrent que l’édifice actuel s’avère être une aile des bâtiments conventuels d’origine, datée de la fin du XVe siècle. Outre l’identification des niveaux de fondation et de circulation primitifs, l’opération vise à mieux comprendre les nombreux remaniements qu’a subis l’édifice jusqu’à nos jours.
L’identification des différentes phases de la construction
Fondé le 17 juin 1419 par le duc de Bretagne Jean V, le couvent des Cordeliers comportait à l’origine plusieurs bâtiments s’articulant autour d’un cloître. De cet ensemble, il ne subsiste aujourd’hui qu’un édifice rectangulaire de 39 m de long par 7 m de large, avec un appendice vers le nord de 3,50 m sur 6,50 m. Il s’agit en fait des restes de l’aile sud de l’ancien cloître, ainsi qu’une petite partie de son aile ouest. Les premiers éléments de la fouille suggèrent que cette partie de l’édifice, située en rez-de-chaussée, était affectée à la cuisine (reposant sur une cave) et au réfectoire. L’étage était occupé par le dortoir des Cordeliers. En outre, alors que les façades sud et nord (côté cloître) de l’édifice semblaient au premier abord dater du XVIIIe siècle, des événements plus anciens sont apparus après piquetage des enduits, tels que l’encadrement d’une ancienne fenêtre à meneau et des ouvertures en plein cintre. Des éléments de la construction originelle semblent donc conservés. Des études dendrochronologiques réalisées à partir des éléments de charpente permettront d’affiner les datations. Des sondages au sol autour du bâtiment donneront également des informations sur l’évolution de l’édifice.
Enfin, en parallèle des recherches sur le terrain, les archéologues ont entrepris un travail documentaire à partir des archives départementales de Loire-Atlantique. Ces dernières ont livré de nombreux plans réalisés au XIXe siècle, qui témoignent d’une évolution constante de l’ensemble durant la période d’occupation par les religieux, ainsi qu’une description de l’édifice lors de l’expulsion des Cordeliers en 1790.
Un édifice emblématique de l’histoire de Savenay
L’établissement religieux qui surplombe l’estuaire de la Loire devient partie intégrante du paysage savenaisien jusqu’à la Révolution française. En 1790, l’ancien couvent devient un bien national ; il n’abrite que quatre frères mineurs ainsi que trois pensionnaires. Les bâtiments sont alors transformés par la nouvelle administration en chef-lieu de district. L’endroit sera le témoin de plusieurs événements tragiques lors de l’année 1793 : un soulèvement au mois de mars, puis en décembre, la bataille de Savenay qui voit l’armée vendéenne définitivement vaincue par l’armée républicaine. Par la suite, la construction deviendra tour à tour gendarmerie, prison, sous-préfecture (1800-1868) puis école normale pour la formation des instituteurs (1872-1912). En 1912, les lieux deviennent propriété de la commune et subissent de nombreuses modifications pour pouvoir héberger successivement un accueil de réfugiés, un hôpital militaire durant la première guerre mondiale, un bureau de poste, une bibliothèque et enfin un tribunal de paix et perception. Le bâtiment est désaffecté depuis 1979. La présente opération archéologique consiste à sauvegarder par l’étude les informations archéologiques de cet édifice porteur d’une très riche histoire, avant sa réhabilitation.
La façade sud avant travaux.
© Fabien Le Roux, Inrap
Ancienne fenêtre à meneau recoupée par une fenêtre du XVIIIe siècle.
© Fabien Sanz Pascual, Inrap
La façade sud durant le diagnostic.
© Fabien Sanz Pascual, Inrap
Détail de la façade nord.
© Fabien Sanz Pascual, Inrap
Sol en tommette sur lequel a été posé un sol en terrazzo (années 1920-30).
© Jean-François Nauleau, Inrap
Décapage le long de la façade nord.
© Fabien Le Roux, Inrap
Rez-de-chaussée intérieur du couvent, pendant la fouille.
© Océane Viard, Inrap