Une équipe de l'Inrap fouille les fondations d'un moulin à vent et de la maison d'un meunier, un vestige rare d’une machine ayant pourtant joué un rôle prépondérant dans l’économie médiévale et moderne.

Dernière modification
05 novembre 2024

Une équipe de l’Inrap fouille actuellement, sur prescription de l’État (Drac Île-de-France), une parcelle de 2000 m², dite Les Moulins, dans le cadre du projet de construction d’une école et d’un centre de loisirs par la municipalité de Sartrouville. Depuis la fin du mois de novembre 2023, sur ce terrain situé en retrait du cœur historique du village, les archéologues révèlent un aspect oublié mais central de l’économie médiévale et moderne : la meunerie. Aujourd’hui quasiment disparus, le moulin et son meunier étaient, depuis le Moyen Âge, des silhouettes familières dans le paysage français. Les fouilles de moulins à vent sont rares (trois en France) et les recherches actuelles vont au-delà de l’étude des vestiges archéologiques grâce au dépouillement et l’étude d’archives qui permettent une appréhension socio-économique d’une activité oubliée.

Les moulins à vent, une invention médiévale

L’idée de capter le vent pour produire de l’énergie apparut sur les côtes atlantiques à la fin du XIIe siècle et se répandit très vite dans l’ouest de la France. En outre, le droit médiéval n’avait pas anticipé cette technologie : le « droit au vent » échappe donc aux prérogatives seigneuriales contrairement à celui sur l’usage de l’eau auquel était soumis le moulin hydraulique. Propriété d’un petit seigneur, d’un charpentier ou d’une communauté, ces machines ne sont soumises qu’à l’autorisation du pouvoir royal et se multiplient.

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Fondations d'un moulin à vent et de la maison d'un meunier à vent, stratigraphie.

© Hamid Azmoun, Inrap

À l’époque moderne, à Sartrouville on dénombre au moins deux autres moulins à vent dans un rayon de 100 m autour du moulin de la Tour et un quatrième au nord de la commune. Ils faisaient partie de ces très nombreux moulins à vent producteur de farine à destination des boulangers qui fournissaient la capitale. Le pain demeurant la base de l’alimentation, le moulin est donc un outil et un équipement indispensable, au même titre que le marché ou le port. Il est au cœur de l’activité agricole, alimentaire, commerciale et économique.

À la Révolution, l’abolition de toutes les banalités entraînera la multiplication des moulins. Au XIXe siècle, ces moulins à vent d’exploitation familiale vont disparaître progressivement face aux minoteries industrielles à l’économie capitaliste.

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Plan du village de Sartrouville en 1740.

© Société d’Histoire de Nanterre 

 

Le moulin de la Tour

L’étude des archives montre que le moulin de La Tour est exploité par la famille Liebert depuis, au moins, la seconde moitié du XVIIe siècle. Il semble n’avoir jamais appartenu à un seigneur. Il servit à produire de la farine jusqu’au milieu du XIXe siècle.

La parcelle en pointe sur laquelle s’érigeait le moulin domine de la vallée de la Seine et la forêt de Saint-Germain-en-Laye. Les archéologues y mettent au jour les fondations en pierre du moulin. Pour résister aux forces éoliennes, cet anneau maçonné est maintenu par une butte artificielle constitué d’un apport successif de terres. Au pied de ce mur, un paratonnerre protégeait de la foudre le point haut que représentait le moulin au sommet du plateau. Les meules et les autres outils de production étaient situés dans la partie basse de la construction en pierres.

Ce moulin était surmonté d’une hucherolle, cage en bois, qui supportait les ailes et les mécanismes. Seule cette partie haute, actionnée par une guivre (queue en bois) ou une échelle, était amovible afin d’orienter le moulin selon les vents dominants.

La maison du meunier se trouve à quelques mètres. Détruite dans les années 1980, sa forme est connue par un plan de 1820. La fouille a révélé des phases d’occupation plus anciennes. Les archéologues ont ainsi découvert sous la cour de la maison une vaste cave en relation certaine avec les activités de meunerie. Elle est détruite dans les années 1980.

Portes ouvertes

Les archéologues accueilleront le public samedi 2 mars, de 14h à 17h.

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Fouille des fondations d'un moulin à vent à Sartrouville.

© Hamid Azmoun, Inrap

Aménagement : Ville de Sartrouville
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Île-de-France)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Nicolas Samuelian, Inrap