À l’occasion du projet de reconstruction de la flèche de la basilique de Saint-Denis, une fouille archéologique préventive prescrite par la DRAC d’Île-de-France est menée conjointement par le Bureau du patrimoine archéologique du Département de la Seine-Saint-Denis, l’Unité d’archéologie de la Ville de Saint-Denis et l'Inrap. Les recherches permettent de suivre l’évolution de l’ensemble architectural, sur près d’un millénaire, de comprendre l’implantation des différents espaces funéraires et d’en caractériser la population.

Dernière modification
30 octobre 2024

Construite sur l'emplacement d'un cimetière, lieu de sépulture de saint Denis, évêque missionnaire, martyrisé vers 250, la basilique est devenue une nécropole royale dès les origines de la royauté française puisque la reine Arégonde, bru de Clovis Ier, y repose, tout comme les sépultures de 43 rois, 32 reines et 10 serviteurs de la monarchie, depuis Dagobert Ier jusqu'à Louis XVIII.
L’abbé Suger y apporte de profondes modifications au XIIe siècle, dont le massif occidental et le chevet, faisant de ce chef-d’œuvre architectural une œuvre majeure de l’art gothique. Elle est achevée au XIIIe siècle sous le règne de Saint Louis. Propriété de l’État, la basilique fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste en 1862. Elle est élevée en 1966 au rang de cathédrale.

Les archéologues travaillent actuellement à l’intérieur et à l’extérieur de la basilique. Ils exhument une occupation funéraire très dense (près de 200 sépultures sont fouillées), dès la fin du Ve siècle avec des vestiges mérovingiens et carolingiens, pour certains antérieurs à la construction de l’édifice. Les inhumations perdurent jusqu’à la fin de l’époque médiévale.

Les espaces funéraires

Une soixantaine de sarcophages en plâtre, principalement de l’époque mérovingienne (Ve-VIIe siècles) et dans un état de conservation exceptionnel, sont dégagés à ce jour (leur nombre final pourrait approcher la centaine). Les sarcophages mérovingiens sont organisés en rangées successives et une galerie funéraire a pu être mise en évidence. Les cuves de plâtre portent de nombreux décors moulés sur les parois. Ces sépultures sont organisées en secteurs. Parfois, les défunts présentent des restes métalliques issus de vêtements. Cette répartition et ces caractéristiques révèlent assurément des distinctions sociales et la présence d’une aristocratie et d’une population monastique.

Les sépultures postérieures (du VIIIe au XIVe siècle) ne bénéficient pas d’autant d’aménagements. Généralement emmaillotés dans des draps funéraires, sans vêtements, les corps sont déposés dans de petites fosses sépulcrales. Parfois des coffrages de bois ou des tombes maçonnées y ont été aménagés. On voit dans cette phase l’apparition autour du XIe siècle des premières plates-tombes, ces dalles funéraires typiques du Moyen Âge qui couvrent la tombe au niveau du sol.

Aux origines de la cathédrale basilique

L’ensemble bâti carolingien (VIIIe – Xe siècles) mis au jour reste à interpréter. Mal conservé, il est recoupé et parfois recouvert par la construction, datant de 1137 à 1140, du massif occidental commanditée par l’abbé Suger.

Cet ouvrage révolutionne l’histoire de l’architecture : il est le premier pas vers la naissance du style gothique qui apparaît clairement dans son chevet édifié entre 1140 et 1144. La fouille appréhende désormais finement ce chantier de construction : les vestiges dégagés, constitués de niveaux des déchets de taille de pierre, de trous de poteaux des échafaudages, de tranchées de fondations et de remplois architecturaux, font échos à l’organisation des maçonneries, les marques des ouvriers, les boulins d’échafaudage et les traces de reprises visibles dans les élévations.

Aménagement : Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Île-de-France)
Recherche archéologique : Bureau du patrimoine archéologique du Département de la Seine-Saint-Denis, Unité d’archéologie de la ville de Saint-Denis, Inrap
Responsable de recherches archéologiques (RRA):  Ivan Lafarge, Seine-Saint-Denis
Responsable de secteur, adjoint au RRA : Cyrille Le Forestier, Inrap