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Cathédrale de Reims
À l'initiative de l'État et de la Ville de Reims, une opération fut entreprise pour reprendre l'étude des vestiges mis au jour entre 1920 et 1930 par l'architecte Henri Deneux, chargé de la reconstruction de la cathédrale après la Première Guerre mondiale.
Une vaste fouille, menée sous la cathédrale et ses abords, avait alors permis de relever le plan des vestiges et de proposer des restitutions d'édifices antérieurs et de certaines de leurs annexes, parmi lesquelles un baptistère supposé, et des constructions antiques sous-jacentes interprétées comme des thermes.
Les thermes antiques
L'extension importante de vestiges, sous la cathédrale et au-delà, sur une surface pouvant atteindre un hectare, ainsi que leur aspect monumental fait penser qu'il s'agit vraisemblablement d'anciens thermes publics. La dispersion des points d'observation ne permet pas, pour l'instant, de restituer l'ensemble, mais des études stratigraphiques ponctuelles ont identifié plusieurs phases de constructions successives, du Haut Empire jusqu'au courant du IVe siècle. À cette dernière phase peut d'ailleurs être associée une inscription attribuant à Constantin la reconstruction des thermes de Reims.
Coupe nord, partie est, tranchée de démolition du mur ouest de la salle Pretiosa, appartenant au chapitre.
À gauche, le mur de l'avant-nef carolingienne.
Vue sur le fond de la piscine avec les traces des emmarchements d'accès, au premier plan et au centre de l'image.
À gauche, le mur de l'avant-nef carolingienne.
Le groupe épiscopal du ve siècle
L'église primitive semble bien avoir été située dans l'axe est-ouest de la cathédrale actuelle, mais seule sa façade occidentale a pu être localisée. Comme la partie orientale de l'édifice fut remaniée par des aménagements postérieurs et que la crypte dite « de Saint-Remi » en occupe l'emplacement, on ne dispose pas d'assez d'éléments pour localiser précisément le chevet et en définir la forme. L'interprétation provisoire des parties accessibles amène à penser que la longueur totale du bâtiment devait être de 38 à 55 m - longueur à laquelle il faut ajouter le bâtiment du baptistère, qui prolonge l'édifice vers l'ouest et, peut-être, un atrium d'un type comparable à celui de Fréjus. La nef occupe une largeur restituable de 23 m, tout au moins dans une deuxième phase, qui appartient peut-être encore au Ve siècle.
On connaît mieux le baptistère - qui n'a été localisé et identifié qu'au cours de l'année 1995. Formé d'une salle carrée d'environ 10 m de côté, il contenait une grande piscine, elle aussi carrée, de 3 m de côté, à laquelle on accédait par des escaliers axiaux, placés au centre de chacun des côtés. Trois cuves au moins, nettement plus réduites, ont succédé à cette installation primitive avant l'époque carolingienne, mais leur chronologie précise ne peut pas encore être établie. On constate la présence de systèmes d'adduction et d'évacuation de l'eau, dont l'interprétation reste toutefois difficile.
Le remblai consécutif à l'arasement des structures antiques, et qui porte le sol de l'église, peut être daté de la fin du IVe siècle, ce qui correspond à la datation habituellement acceptée des premières années du Ve siècle pour la construction de la première église attribuée à saint Nicaise.
L'église carolingienne
Au cours de la période mérovingienne, plusieurs remaniements ont, semble-t-il, modifié le chevet de l'église et laissé des vestiges difficiles à interpréter. Une crypte attribuée à saint Remi fut abandonnée lors de la reconstruction du IXe siècle, mais remise au jour au Xe siècle. Entre 820 et 862, date de la consécration de la nouvelle cathédrale, on construisit, à l'ouest, à l'emplacement de l'ancien baptistère, un important massif occidental doté d'un ouvrage voûté (arcuatum opus, selon les textes), dont seules les fondations ont été retrouvées. La nef fut élargie, et un transept saillant réalisé à l'est.
Plusieurs autres modifications, parmi lesquelles l'aménagement d'un dallage puis d'une mosaïque dans le sanctuaire, c'est-à-dire le choeur, et, au XIe siècle, l'allongement de la nef et l'édification d'une tour de façade, se sont échelonnées jusqu'à la reconstruction de l'édifice au XIIe siècle. À partir du Xe siècle, la cathédrale servit de lieu de sépulture pour les archevêques, dont plusieurs tombes ont été mises au jour.
La cathédrale du XIIe siècle
Au début du XIIe siècle, l'archevêque Samson fit entreprendre de profondes transformations, que les recherches de Henri Deneux et les vérifications récentes ont pu mettre en évidence : un vaste choeur à chapelles rayonnantes fut édifié à l'est, la nef fut rallongée de deux travées et la façade agrémentée de deux tours. Des nervures de voûte ainsi que des fragments de colonnes et de chapiteaux appartenant à cette époque ont encore été exhumés lors des dernières fouilles.
Le chapitre de la cathédrale
Les fouilles des années 1990 ont également décelé, sur le flanc nord de la cathédrale, des constructions pouvant appartenir aux époques les plus anciennes des bâtiments du chapitre. À l'origine, une partie des constructions antiques semble avoir été réutilisée dans ces nouveaux aménagements. Par la suite, le cloître s'est développé de ce côté de la cathédrale avec ses dépendances : des espaces de service, des glacières, des fours et des moules à cloches ont ainsi pu être retrouvés.