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Colloque « L'avenir du passé - Modernité de l'archéologie » des 23 et 24 novembre 2006
Lire l'introduction de Jean-Paul Demoule, visionner les vidéos des intervenants, écouter les émissions de France Culture, s'inscrire pour recevoir les actes du colloque...
Date de publication
15 septembre 2006
Dernière modification
19 février 2016
Retrouvez l'enregistrement du colloque en vidéo, sur le site internet du Centre Pompidou. France Culture, partenaire du colloque, a consacré une journée à l'archéologie le mercredi 22 novembre.
Ecoutez les émissions en différé :
> « Les Matins », Ali Baddou (7h-9h) ;
> « Planète Terre », Sylvain Kahn (14h-14h30) ;
> « Le Salon noir » ,de Vincent Charpentier (14h30-15h)
> « Du Grain à moudre », Julie Clarini et Brice Couturier (17h-18h)
> « A voix nue », entretiens d'Yves Coppens avec Sophie Nauleau, du lundi 20 au vendredi 24 novembre de 11h30 à 12h.
> « Les Matins », Ali Baddou (7h-9h) ;
> « Planète Terre », Sylvain Kahn (14h-14h30) ;
> « Le Salon noir » ,de Vincent Charpentier (14h30-15h)
> « Du Grain à moudre », Julie Clarini et Brice Couturier (17h-18h)
> « A voix nue », entretiens d'Yves Coppens avec Sophie Nauleau, du lundi 20 au vendredi 24 novembre de 11h30 à 12h.
L'introduction de Jean-Paul Demoule, jeudi 23 novembre 2006
Cher Bernard Stiegler, Chers collègues, Mesdames et Messieurs,
Je voudrais tout d'abord vous dire la fierté qui est la nôtre, archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives, d'avoir pu, avec le Centre Pompidou, organiser ce colloque dans ce prestigieux lieu de réflexion sur le monde contemporain.
Notre discipline, dans sa forme la plus récente, l'archéologie préventive, n'a qu'une vingtaine d'années : elle est née pour accompagner l'aménagement du territoire, qui détruit les vestiges du passé mais peut aussi en permettre l'étude.
Notre institut, l'Inrap, n'a que quatre ans d'âge, mais il constitue déjà un remarquable outil de recherche et de gestion des données archéologiques que nous envient nos collègues européens.
C'est dire notre satisfaction de pouvoir aujourd'hui, avec vous, aborder cette question de « L'avenir du passé », qui est au coeur même de nos missions et qui, si je puis dire, les fonde de façon ontologique.
Comme l'écrit très justement Bernard Stiegler - qui, dans La Faute d'Epiméthée, a consacré un important travail à l'oeuvre d'André Leroi-Gourhan -, ce qui constitue peut-être la spécificité de l'Homme, c'est qu'il s'interroge sur ses origines. L'on verra avec Pascal Picq que les frontières entre l'humain et l'animal sont de plus en plus sujettes à remises en cause.
Et le psychanalyste André Beetschen nous dira pourquoi l'Homme se retourne sur son passé pour forger son identité.
C'est précisément parce que l'Homme construit une singularité dans le monde du vivant en s'interrogeant sur ses origines, en bâtissant des récits de fondation, mythiques ou historiques, et en creusant le sol pour trouver les vestiges de ses prédécesseurs - à l'instar du roi Nabonide dans la Mésopotamie ancienne -, que nous avons collectivement la responsabilité de ne pas laisser détruire sans les étudier « les archives du sol », pour reprendre la belle expression d'André Leroi-Gourhan.
Ce sont là des préoccupations relativement nouvelles en France. Notre pays accusait un certain retard dans ce domaine jusqu'il y a une dizaine d'années, alors que d'autres pays européens étaient plus vigilants sur leur patrimoine archéologique : j'ai ainsi moi-même fouillé dans les années 1970, à Bucy-le-Long dans l'Aisne, sur une ancienne ligne de front de la guerre de 14-18, un site de l'âge du Fer traversé par les tranchées, qui fut admirablement étudié par un soldat allemand, archéologue de métier cantonné là vers 1915, site qui fut ensuite largement détruit sans être fouillé, après la dernière guerre, par l'exploitation de carrières de gravier...
Mais à quoi sert cette masse de données accumulées par les archéologues depuis près de vingt ans ? Matériaux rassemblés en courant derrière les bulldozers dans les premières années de l'archéologie de sauvetage et, aujourd'hui que notre discipline est reconnue par la loi, en s'aidant des pelles mécaniques que nous prêtent parfois les aménageurs...
Nous voudrions montrer, grâce aux interventions de la trentaine de chercheurs qui ont accepté de participer à ce colloque, que cette connaissance enrichit l'ensemble des sciences humaines et qu'elle vient donner à nombre de questions contemporaines des réponses d'une profondeur souvent beaucoup plus grande que ce que permet la seule Histoire, une profondeur précisément « préhistorique »...
À l'instar de l'opéra wagnérien, on pourrait dire que l'archéologie est une science « totale », une science pluridisciplinaire qui convoque toutes les sciences humaines et les sciences dures : elle s'intéresse à tous les aspects de la vie des sociétés humaines et de leur environnement, du passé le plus ancien (près d'un million d'années en Europe) jusqu'au plus passé le plus récent.
Ainsi, avons-nous découvert, dans la glacière du château de Bayet-en-France, les statues soviétiques de l'exposition universelle de 1937. Avant guerre, ce château servait de colonie de vacances à la CGT qui s'était vue offrir ces oeuvres. Il passe à la milice sous Vichy, qui enterre les statues, avant de revenir à la CGT en 1945. Pour autant qu'on puisse juger ces oeuvres à ce stade, c'est là un art assez jdanovien mais c'est néanmoins un ensemble insigne de sculptures, qui méritera d'être exhumé et restauré, et peut-être présenté ici-même, au musée national d'Art moderne.
Sans remonter beaucoup dans le temps, l'archéologie apporte nombre de données sur la Grande Guerre que l'historien ne trouvera ni dans les cartes d'Etat major ni dans les récits des poilus : un thème qu'abordera Stéphane Audoin-Rouzeau.
L'archéologie livre aussi des données absolument inédites sur les conditions de vie des esclaves aux Antilles et à la Réunion, une question chère à Françoise Vergès dont on connaît le combat pour que s'élabore scientifiquement un véritable corpus historique sur la traite négrière et l'esclavage, en contrepoint des démarches mémorielles ou communautaires.
L'archéologie emprunte beaucoup aux autres sciences, mais elle peut aussi beaucoup leur apporter : j'en veux pour preuve les études sur le climat - un enjeu considérable, une préoccupation aujourd'hui présente à l'esprit de chacun - ainsi les travaux de Stéphanie Thiébault prolongent-ils sur des périodes anciennes, ceux, bien connus, d'Emmanuel Leroy-Ladurie sur le climat en France depuis le Moyen Age.
Dans un domaine voisin, je voudrais citer les travaux de Joëlle Burnouf et Gérard Chouquer sur l'occupation de l'espace et du territoire du néolithique à nous jours. Alors que l'on remet maintenant en cause les modèles de développement agricole fondés sur un remembrement brutal et l'arrachage systématique des haies, pour ne prendre que ce seul exemple, la connaissance des états successifs du parcellaire depuis le Néolithique permet d'enraciner la gestion raisonnée de l'espace dans une perspective plus longue que celle des cadastres communaux.
Emmanuel Todd, dont on connaît bien les travaux de sociologue et de démographe, trouve dans l'archéologie une perspective longue pour étudier les structures familiales.
Ronald Wright s'appuie sur l'archéologie des Mayas ou des Mésopotamiens, notamment dans son remarquable essai A short History of Progress (La Fin du progrès), pour montrer que les sociétés humaines sont périssables, même lorsqu'elles voient surgir les ferments d'effondrement économique et de dévastation écologique qui les emporteront, à l'instar des Pascuans qui abattirent, en toute connaissance de cause, le dernier arbre de leur île de Pâques, perdue au milieu du Pacifique, aujourd'hui pelée comme les Shetlands alors quelle fut couverte d'une forêt dense et féconde pour ses premiers occupants polynésiens.
Il nous intéressait aussi de réfléchir aux implications de cette connaissance pour le public, je devrais dire pour les publics, tant ces questions sont diverses.
Ainsi, Patrick Braouezec, député de Seine Saint-Denis, reviendra-t-il sur l'importance du passé archéologique de sa ville pour créer un lien social nouveau entre des populations d'origines très diverses : il n'est pas indifférent de rappeler que notre territoire est, depuis 800 000 ans, un « terre d'immigration » ; on pourrait même dire que, du premier Homo erectus qui vint d'Afrique à nos jours, la France « n'est qu'une terre d'immigration... » et que, avec la profondeur du temps archéologique, on mesure à quel point personne ne peut en revendiquer la possession exclusive...
Et Florence Dupont nous éclairera sur Lavinium, la fiction archéologique en vigueur dans la Rome antique pour faire échapper symboliquement la cité au passage destructeur du temps.
Yves Coppens nous parlera de cet extraordinaire acte de médiation que fut la réalisation et la diffusion de son film L'Origine de l'espèce, grâce auquel la télévision retrouve peut-être sa mission populaire de diffusion de la connaissance à tous et partout.
Jean-Bernard Roy reviendra sur la présentation des collections archéologiques, trop souvent conçue sur des principes issus des musées de Beaux Arts, et qui sont manifestement inadaptés à nos sujets...
George Abungu, qui dirigea les musées du Kenya, évoquera la question des pillages, et notamment des objets archéologiques, qui frappent durement l'Afrique et la privent de son patrimoine et du contexte dont ils sont issus.
L'archéologie nous éclaire aussi sur les ressorts les plus anciens de la guerre, ainsi que l'évoquera Jean Guilaine. Et l'on aimerait que les stratèges, les généraux et les chefs d'État lisent son ouvrage Le Sentier de la guerre et le rangent à côté de ceux de Sun Tzu et de Clausewitz.
Mais nous ferons aussi la critique de l'archéologie et des ressorts religieux, idéologiques ou nationalistes qui sous-tendent parfois l'exercice de la discipline. Ce fut souvent le cas en Asie mineure ou au Moyen Orient, où l'on a longtemps cherché à « vérifier » le texte de L'Iliade ou de l'Ancien Testament, avant de le mettre à l'épreuve de l'archéologie comme le fait aujourd'hui Neil Silberman, auteur d'une somme sur l'archéologie en Israël dans La Bible dévoilée.
Les arrières pensées sont encore très fortes dans cette région du monde et Jean-Louis Huot évoquera la situation contrastée de l'archéologie en terres d'Islam, avant que Christian Goudineau ne nous dessille sur un mythe fondateur de la nation française, la Gaule.
Ce mythe manquait d'assisse scientifique, car l'archéologie de notre territoire a été longtemps mal comprise, en France, par des élites qui s'intéressaient plutôt aux mondes mésopotamien, égyptien, ou gréco-romain. Mais j'aurais l'occasion de revenir sur ce point dans mon intervention de demain.
Ses méthodes, l'archéologie les « prête » aussi à l'anthropologie médico-légale : Bill Haglund, qu'on connaît trop mal en France, présentera l'admirable travail, effectué avec son ONG Physicians for the Human Rights, sur les charniers argent
Je voudrais tout d'abord vous dire la fierté qui est la nôtre, archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives, d'avoir pu, avec le Centre Pompidou, organiser ce colloque dans ce prestigieux lieu de réflexion sur le monde contemporain.
Notre discipline, dans sa forme la plus récente, l'archéologie préventive, n'a qu'une vingtaine d'années : elle est née pour accompagner l'aménagement du territoire, qui détruit les vestiges du passé mais peut aussi en permettre l'étude.
Notre institut, l'Inrap, n'a que quatre ans d'âge, mais il constitue déjà un remarquable outil de recherche et de gestion des données archéologiques que nous envient nos collègues européens.
C'est dire notre satisfaction de pouvoir aujourd'hui, avec vous, aborder cette question de « L'avenir du passé », qui est au coeur même de nos missions et qui, si je puis dire, les fonde de façon ontologique.
Comme l'écrit très justement Bernard Stiegler - qui, dans La Faute d'Epiméthée, a consacré un important travail à l'oeuvre d'André Leroi-Gourhan -, ce qui constitue peut-être la spécificité de l'Homme, c'est qu'il s'interroge sur ses origines. L'on verra avec Pascal Picq que les frontières entre l'humain et l'animal sont de plus en plus sujettes à remises en cause.
Et le psychanalyste André Beetschen nous dira pourquoi l'Homme se retourne sur son passé pour forger son identité.
C'est précisément parce que l'Homme construit une singularité dans le monde du vivant en s'interrogeant sur ses origines, en bâtissant des récits de fondation, mythiques ou historiques, et en creusant le sol pour trouver les vestiges de ses prédécesseurs - à l'instar du roi Nabonide dans la Mésopotamie ancienne -, que nous avons collectivement la responsabilité de ne pas laisser détruire sans les étudier « les archives du sol », pour reprendre la belle expression d'André Leroi-Gourhan.
Ce sont là des préoccupations relativement nouvelles en France. Notre pays accusait un certain retard dans ce domaine jusqu'il y a une dizaine d'années, alors que d'autres pays européens étaient plus vigilants sur leur patrimoine archéologique : j'ai ainsi moi-même fouillé dans les années 1970, à Bucy-le-Long dans l'Aisne, sur une ancienne ligne de front de la guerre de 14-18, un site de l'âge du Fer traversé par les tranchées, qui fut admirablement étudié par un soldat allemand, archéologue de métier cantonné là vers 1915, site qui fut ensuite largement détruit sans être fouillé, après la dernière guerre, par l'exploitation de carrières de gravier...
Mais à quoi sert cette masse de données accumulées par les archéologues depuis près de vingt ans ? Matériaux rassemblés en courant derrière les bulldozers dans les premières années de l'archéologie de sauvetage et, aujourd'hui que notre discipline est reconnue par la loi, en s'aidant des pelles mécaniques que nous prêtent parfois les aménageurs...
Nous voudrions montrer, grâce aux interventions de la trentaine de chercheurs qui ont accepté de participer à ce colloque, que cette connaissance enrichit l'ensemble des sciences humaines et qu'elle vient donner à nombre de questions contemporaines des réponses d'une profondeur souvent beaucoup plus grande que ce que permet la seule Histoire, une profondeur précisément « préhistorique »...
À l'instar de l'opéra wagnérien, on pourrait dire que l'archéologie est une science « totale », une science pluridisciplinaire qui convoque toutes les sciences humaines et les sciences dures : elle s'intéresse à tous les aspects de la vie des sociétés humaines et de leur environnement, du passé le plus ancien (près d'un million d'années en Europe) jusqu'au plus passé le plus récent.
Ainsi, avons-nous découvert, dans la glacière du château de Bayet-en-France, les statues soviétiques de l'exposition universelle de 1937. Avant guerre, ce château servait de colonie de vacances à la CGT qui s'était vue offrir ces oeuvres. Il passe à la milice sous Vichy, qui enterre les statues, avant de revenir à la CGT en 1945. Pour autant qu'on puisse juger ces oeuvres à ce stade, c'est là un art assez jdanovien mais c'est néanmoins un ensemble insigne de sculptures, qui méritera d'être exhumé et restauré, et peut-être présenté ici-même, au musée national d'Art moderne.
Sans remonter beaucoup dans le temps, l'archéologie apporte nombre de données sur la Grande Guerre que l'historien ne trouvera ni dans les cartes d'Etat major ni dans les récits des poilus : un thème qu'abordera Stéphane Audoin-Rouzeau.
L'archéologie livre aussi des données absolument inédites sur les conditions de vie des esclaves aux Antilles et à la Réunion, une question chère à Françoise Vergès dont on connaît le combat pour que s'élabore scientifiquement un véritable corpus historique sur la traite négrière et l'esclavage, en contrepoint des démarches mémorielles ou communautaires.
L'archéologie emprunte beaucoup aux autres sciences, mais elle peut aussi beaucoup leur apporter : j'en veux pour preuve les études sur le climat - un enjeu considérable, une préoccupation aujourd'hui présente à l'esprit de chacun - ainsi les travaux de Stéphanie Thiébault prolongent-ils sur des périodes anciennes, ceux, bien connus, d'Emmanuel Leroy-Ladurie sur le climat en France depuis le Moyen Age.
Dans un domaine voisin, je voudrais citer les travaux de Joëlle Burnouf et Gérard Chouquer sur l'occupation de l'espace et du territoire du néolithique à nous jours. Alors que l'on remet maintenant en cause les modèles de développement agricole fondés sur un remembrement brutal et l'arrachage systématique des haies, pour ne prendre que ce seul exemple, la connaissance des états successifs du parcellaire depuis le Néolithique permet d'enraciner la gestion raisonnée de l'espace dans une perspective plus longue que celle des cadastres communaux.
Emmanuel Todd, dont on connaît bien les travaux de sociologue et de démographe, trouve dans l'archéologie une perspective longue pour étudier les structures familiales.
Ronald Wright s'appuie sur l'archéologie des Mayas ou des Mésopotamiens, notamment dans son remarquable essai A short History of Progress (La Fin du progrès), pour montrer que les sociétés humaines sont périssables, même lorsqu'elles voient surgir les ferments d'effondrement économique et de dévastation écologique qui les emporteront, à l'instar des Pascuans qui abattirent, en toute connaissance de cause, le dernier arbre de leur île de Pâques, perdue au milieu du Pacifique, aujourd'hui pelée comme les Shetlands alors quelle fut couverte d'une forêt dense et féconde pour ses premiers occupants polynésiens.
Il nous intéressait aussi de réfléchir aux implications de cette connaissance pour le public, je devrais dire pour les publics, tant ces questions sont diverses.
Ainsi, Patrick Braouezec, député de Seine Saint-Denis, reviendra-t-il sur l'importance du passé archéologique de sa ville pour créer un lien social nouveau entre des populations d'origines très diverses : il n'est pas indifférent de rappeler que notre territoire est, depuis 800 000 ans, un « terre d'immigration » ; on pourrait même dire que, du premier Homo erectus qui vint d'Afrique à nos jours, la France « n'est qu'une terre d'immigration... » et que, avec la profondeur du temps archéologique, on mesure à quel point personne ne peut en revendiquer la possession exclusive...
Et Florence Dupont nous éclairera sur Lavinium, la fiction archéologique en vigueur dans la Rome antique pour faire échapper symboliquement la cité au passage destructeur du temps.
Yves Coppens nous parlera de cet extraordinaire acte de médiation que fut la réalisation et la diffusion de son film L'Origine de l'espèce, grâce auquel la télévision retrouve peut-être sa mission populaire de diffusion de la connaissance à tous et partout.
Jean-Bernard Roy reviendra sur la présentation des collections archéologiques, trop souvent conçue sur des principes issus des musées de Beaux Arts, et qui sont manifestement inadaptés à nos sujets...
George Abungu, qui dirigea les musées du Kenya, évoquera la question des pillages, et notamment des objets archéologiques, qui frappent durement l'Afrique et la privent de son patrimoine et du contexte dont ils sont issus.
L'archéologie nous éclaire aussi sur les ressorts les plus anciens de la guerre, ainsi que l'évoquera Jean Guilaine. Et l'on aimerait que les stratèges, les généraux et les chefs d'État lisent son ouvrage Le Sentier de la guerre et le rangent à côté de ceux de Sun Tzu et de Clausewitz.
Mais nous ferons aussi la critique de l'archéologie et des ressorts religieux, idéologiques ou nationalistes qui sous-tendent parfois l'exercice de la discipline. Ce fut souvent le cas en Asie mineure ou au Moyen Orient, où l'on a longtemps cherché à « vérifier » le texte de L'Iliade ou de l'Ancien Testament, avant de le mettre à l'épreuve de l'archéologie comme le fait aujourd'hui Neil Silberman, auteur d'une somme sur l'archéologie en Israël dans La Bible dévoilée.
Les arrières pensées sont encore très fortes dans cette région du monde et Jean-Louis Huot évoquera la situation contrastée de l'archéologie en terres d'Islam, avant que Christian Goudineau ne nous dessille sur un mythe fondateur de la nation française, la Gaule.
Ce mythe manquait d'assisse scientifique, car l'archéologie de notre territoire a été longtemps mal comprise, en France, par des élites qui s'intéressaient plutôt aux mondes mésopotamien, égyptien, ou gréco-romain. Mais j'aurais l'occasion de revenir sur ce point dans mon intervention de demain.
Ses méthodes, l'archéologie les « prête » aussi à l'anthropologie médico-légale : Bill Haglund, qu'on connaît trop mal en France, présentera l'admirable travail, effectué avec son ONG Physicians for the Human Rights, sur les charniers argent
Le site de la rue Bernard Dubois à Marseille en cours de fouille, août 2005 : décapage d'une surface d'occupation datée de la fin du Néolothique ancien (vers 5400 - 5200 ans av. J.-C.).
© Christhophe Galatry, Euroméditerranée, 2005
Le site de la rue Bernard Dubois à Marseille en cours de fouille, août 2005 : réflexion autour d'une rare surface d'occupation datée du Néolithique ancien (vers 5600 - 5200 ans av. J.-C.).
© Christhophe Galatry, Euroméditerranée, 2005
Le site de la rue Bernard Dubois à Marseille en cours de fouille, août 2005.
© Christhophe Galatry, Euroméditerranée, 2005
Le site de la rue Bernard Dubois à Marseille en cours de fouille, août 2005 : Ingrid Sénépart, responsable de l'opération réalise un relevé des structures d'occupation chasséenne (Ve millénaire av. J.-C.).
© Christhophe Galatry, Euroméditerranée, 2005
Murex, bigorneaux et cérithes, reliefs de repas datés du Chasséen (Ve millénaires av. J.-C.).
© Nicolas Weydert, Inrap, 2005