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Découverte d'une chapelle du XII<sup>e</sup> siècle aux abords de l'abbatiale Saint-Pierre de Moissac (Tarn-et-Garonne)
Les travaux d'aménagement et de mise en valeur de l'abbaye (« réhabilitation du patus de l'abbaye ») ont entraîné la découverte fortuite de caveaux et de murs. Après une prescription du service régional de l'Archéologie (Drac Midi-Pyrénées), la municipalité de Moissac a diligenté l'Institut national de recherches archéologiques (Inrap) pour une opération de sondage destinée à documenter et archiver les vestiges mis au jour. Compte tenu de leur importance, une réflexion quant à leur conservation et leur présentation au public a été engagée.
C'est au titre des Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle que l'ensemble abbatial Saint-Pierre de Moissac et le cloître sont classés au patrimoine mondial de l'Unesco.
Une découverte exceptionnelle au pied de l'abbatiale
Un niveau de destruction qui recouvre l'ensemble livre des éléments architecturaux qui nous permettent de nous rendre compte de l'aspect de cette chapelle et/ou de son environnement immédiat. Certains s'avèrent très importants pour l'histoire de l'art, selon l'expertise de Quitterie Cazes (Maître de conférence d'Histoire de l'art à l'Université de Toulouse-Le Mirail) ; des décors sculptés dans le marbre peuvent être en effet mis en rapport avec des éléments de décoration actuellement visibles dans le cloître.
Selon sa position, à l'est du cloître, à proximité de la salle capitulaire et dans l'environnement du jardin aux herbes médicinales de l'infirmerie, désigné par le terme occitan « erbolari » [erboulari], les recherches de Chantal Fraïsse (conservatrice du patrimoine de Moissac) permettent d'identifier cette chapelle. Des procès-verbaux de délibérations du chapitre des chanoines, qui ont remplacé les moines en 1626, font en effet état de tenues du chapitre « dans la chapelle Notre-Dame de Lemboulari ». Cette chapelle, dont toute trace avait disparu, n'est cependant pas inconnue des habitants de Moissac. Par tradition orale, une Pietà polychrome du trésor de l'église abbatiale Saint-Pierre, datée du XVe siècle, a traversé les siècles sous le nom de Notre-Dame de Lemboulari. La relation avec la chapelle mise au jour peut être avancée.
Une chapelle dédiée à la Vierge
Christian Sapin (directeur de recherches au CNRS ; Centre d'études médiévales d'Auxerre) confirme l'importance de la découverte. Ce spécialiste des abbayes clunisiennes explore et connaît de mieux en mieux ce qui semble être une caractéristique de la topographie des groupes monastiques typiquement clunisiens : la présence à l'est du chevet de l'église principale (nord-est ou sud-est) d'une église vouée à la Vierge, reliée à la salle du chapitre et située non loin de l'infirmerie. Le plan de l'état de l'abbaye de Cluny peu après le milieu du XIe siècle (dit Cluny II) semble bien être une sorte de « plan-type » d'une telle organisation de l'espace sacré. Comme pour Charlieu, Marcigny, Paray-le-Monial, Polirone, Lewes etc.., Moissac adopterait donc un tel plan. Cet oratoire dédié à Marie, de belle facture, devait, de fait, jouer un rôle très important dans la liturgie pour les processions et les rites funéraires. Ce qui explique la présence de sépultures dans son environnement proche.
Portes ouvertes sur le site de Moissac, à l'occasion des Journées nationales de l'Archéologie
Samedi 8 et dimanche 9 juin 2013, de 14 h à 18 h
Suite aux récentes découvertes réalisées sur le patus de la cité uvale, des visites commentées sur les dernières découvertes sont organisées sur le chantier de fouilles pour les Journées nationales de l'Archéologie.
Information et renseignements : service Patrimoine - Mairie de Moissac ; tél. : 05 63 05 08 05 - patrimoine [at] moissac.fr
Joëlle Sawané
Chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, Direction interrégionale Grand Sud-Ouest
06 07 90 66 26 - joelle.sawane [at] inrap.fr