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Des vestiges de fréquentation Mésolithique à Thourotte (Oise)
Dans le cadre du projet d’aménagement du canal Seine-Nord Europe, une prescription de fouille a été émise sur la commune de Thourotte, en rive droite de l’Oise, à proximité du canal actuel. Sur une superficie de 5 300 m2, les archéologues de l'Inrap ont renseigné des séquences géologiques de berges de l'Oise et mis au jour quelques vestiges néolithiques et une concentration de vestiges lithiques remontant au Mésolithique.
Une sédimentation alluviale
Le contexte géologique a nécessité la réalisation de deux transects perpendiculaires au méandre pour comprendre la conservation des occupations et de caractériser leur environnement. Ils ont permis de renseigner les séquences géologiques sur des longueurs respectives de 38 et 60 m allant pour le premier à une profondeur de plus de 4 m sur une vingtaine de mètres. Ces séquences témoignent d’une succession de chenaux emboîtés. Un travail spécifique a été mené en collaboration avec des géomorphologues, afin d'appréhender ces dynamiques alluviales et mettre en perspective les indices de fréquentations des berges de l’Oise.
Vue générale de la fouille de Thourotte, à proximité de l’Oise.
© S. Hébert, Inrap
Secteur néolithique en cours de fouille.
© A.-L. Sadou, Inrap
Secteur néolithique.
© M. Danger/Y. Nazes, Inrap
Des vestiges néolithiques fugaces
Au sud de l’emprise, un petit secteur a livré du mobilier principalement en céramique et quelques structures de type fosse et trou de poteau, organisées en arc de cercle. Le niveau dans lequel s’inscrit les vestiges est recoupé par un chenal. Ces vestiges sont assez fugaces. Leur attribution chronologique s’oriente vers le Néolithique moyen et plus particulièrement vers le Cerny (4600-4200 av. notre ère).
Une concentration mésolithique
Au nord-ouest du site, une nappe de vestiges lithiques d’environ 400 m² a été mise au jour. S’étendant sur 50 m de long et 8 m de large, elle est principalement constituée de silex taillés et de nombreux fragments de calcaire, de grès et de galets de silex brûlés. S’y ajoutent également quelques vestiges osseux épars et de rares outils en os. La quasi-absence de céramique et la nature des pièces en silex semblent orienter leur attribution chronologique vers le Mésolithique. Cet ensemble est constitué de peu d’éléments caractéristiques comme les armatures de flèche. Leur type varie très vite au cours de cette période. Elles permettent bien souvent une datation plus fine, comme le précisera peut-être l'étude de cette série.
Premier carré test dans le secteur mésolithique.
© G. Boisard, Inrap
Fouille mécanique et cotation 3D des vestiges.
© A.-L. Sadou, Inrap
Prélèvement micromorphologique, secteur mésolithique.
© A.-L. Sadou, Inrap
Relevé du transect 1.
© A.-L. Sadou, Inrap
Fragment d’écorce.
© M. Danger, Inrap
Restes végétaux, dont noisettes.
© A.-L. Sadou, Inrap
Cette nappe de mobilier se caractérise néanmoins par une assez forte dispersion verticale des vestiges, de l’ordre de 70 cm en moyenne. Il s’agit d’un phénomène récurent pour les sites préhistoriques du début de l’Holocène qui connaissent généralement une faible sédimentation associée à une forte activité biologique végétale (racines) et animale (terriers) qui remonte certains objets anciens et en enfouit des plus récents. Ainsi, cette nappe pourrait être également constituée de vestiges d’autres périodes, comme cela pourrait être le cas des nombreux fragments de roches brûlés. Ceux-ci se retrouvent en effet parfois accumulés dans des cuvettes au comblement noir, souvent très irrégulières et de taille variables évoquant des chablis brûlés. Un défrichage pourrait donc avoir eu lieu à une période postérieure au Mésolithique, pratique fréquemment observée chez les populations d’agro-pasteurs. L’étude des restes osseux découverts résoudra peut-être cette question grâce à la caractérisation des espèces animales présentes. En effet, la mise en évidence de faunes domestiques comme le bœuf, le mouton ou le cochon, introduites au Néolithique, tranche avec le contexte de faune sauvage du Mésolithique.
Affiner l’attribution chronologique des occupations de ce site sera un des enjeux des études à venir, et les mettre en perspective dans leur contexte plus général géologique et environnemental.
Investigation profonde.
© A.-L. Sadou, Inrap
Contrôle scientifique : Service Régional de l’Archéologie (Drac Hauts-de-France)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Anne-Lise Sadou, Inrap