Vous êtes ici
L’évolution d’un secteur intra-muros à Toulouse, de l’Antiquité à l’Époque moderne
L’opération archéologique, réalisée en 2011 dans le cadre de la construction d’une issue de secours pour la station de métro Capitole, s’est déroulée dans l’angle sud-ouest du square Charles de Gaulle, à Toulouse.
Elle a révélé, sur une emprise réduite, l’évolution de ce secteur occupé dès le Ier siècle de notre ère.
Première occupation
L’occupation du secteur débute entre les années 20/40 de notre ère avec le creusement d’une vaste fosse, peut-être liée à l’extraction de matériaux, dont les limites ne sont pas connues. Elle est antérieure à la réalisation d’une large tranchée est-ouest partiellement incluse dans l’emprise de la fouille. Cette dernière pourrait correspondre à la suite du repentir du rempart antique observé à l’ouest de la place du Capitole par R. De Filippo.
Une domus cossue
Le remblaiement rapide et partiel de ces deux importantes excavations précède dans ce secteur, désormais situé intra-muros, la construction progressive, à partir du milieu du Ier siècle, de plusieurs murs qui vont délimiter une zone investie par une domus. De celle-ci, seuls un espace de service doté d’un bassin, probablement destiné à collecter l’eau de pluie et muni d’une évacuation vers le sud, et un petit espace bordé de galeries (atrium ?) se trouvaient partiellement inclus dans l’emprise de la fouille. Cette demeure était probablement assez cossue comme l’attestent, par exemple, des éléments de mosaïque retrouvés dans les gravats liés à sa destruction, qui eut lieu au plus tard dans le courant du IVe siècle.
Des bâtiments en terre et en bois
Le démantèlement de cet édifice n’entraîne pas pour autant la désertion du quartier, mais celui-ci subit une profonde mutation, avec une probable modification des limites de parcelles et un changement architectural radical. Aux IVe et Ve siècles, plusieurs bâtiments en terre et bois se succèdent à l’emplacement de la domus, dont ils réutilisent probablement certaines maçonneries. Ils sont bordés par une cour ou une ruelle au sol empierré de petits galets. La zone évolue encore à la fin de l’Antiquité : elle n’est plus bâtie, mais progressivement investie par des fosses dans lesquelles des fragments de lingots de verre, des fragments d’un creuset et divers déchets suggèrent l’existence d’un atelier de verrier à proximité.
Espaces de circulation
Le site est encore fréquenté durant le haut Moyen Âge, comme l’attestent des fosses (l’une est datée des VI-VIIe siècles, une autre autour du Xe siècle) et un remblai (daté du VIIIe siècle). Les vestiges ténus d’une fondation de galets qui recoupe le remblai du VIIIe siècle témoignent, en outre, de la présence d’un bâtiment. Ces niveaux sont antérieurs à la création de la carrierola de frenariis (« petite rue des Frèniers ») dont la première mention date de 1181.
La chaussée de cette rue, qui devient au XIVe siècle la rue Romenguières ou Roumenguières, puis, à partir de 1550, la rue du Poids de l’Huile, n’est pas conservée en raison des importants terrassements qui ont accompagné la création du square et le réalignement de la rue dans la seconde moitié du XIXe siècle. Son emprise exacte a toutefois été reconnue : les fondations des murs modernes, situés de part et d’autre de la chaussée, sont en effet présents dans l’emprise de la fouille, avec, au nord ,les fondations du « Logis de l’Écu » bâti en 1538-1541.