Vous êtes ici
L'exceptionnelle sépulture de Louise de Quengo, dame du XVII<sup>e</sup> siècle
Le couvent des Jacobins, construit en 1369, après la guerre de Succession, marque la victoire de Jean IV de Montfort, duc de Bretagne, sur Charles de Blois. Entre le XVe et le XVIIIe siècle, cet établissement dominicain devient un important lieu de pèlerinage et d'inhumation. Ainsi, environ 800 sépultures y ont été mises au jour par les archéologues, dont cinq cercueils de plomb. L'un d'eux contenait une dépouille dans un état de conservation exceptionnel. Son étude est un témoignage rare des pratiques funéraires des élites du XVIIe siècle.
Cercueils et cŒurs de plomb
Quatre des cercueils, dégagés dans le chœur de l'église, ont livré des squelettes relativement bien conservés dont certains présentent un crâne et une cage thoracique sciés, témoins d'un embaumement réservé aux élites.
Les cinq reliquaires de plomb accompagnant les cercueils du couvent des Jacobins constituent un ensemble unique en Europe. Ils renferment un cœur et quatre portent des inscriptions révélant l'identité des défunts. Certains cœurs sont enveloppés dans un tissu et embaumés avec des végétaux. L'analyse des textiles, des essences végétales et des organes apporte des informations sur le protocole d'embaumement.
Louise de Quengo, dame de Brefeillac ( 1656)
L'autopsie : enjeux scientifiques et patrimoniaux
Ces recherches apportent aussi de précieuses informations sur les pratiques funéraires de l'époque, l'histoire des sciences et de la médecine. Le prélèvement du coeur de la défunte révèle ainsi une réelle maîtrise de la pratique chirurgicale. Il a probablement été inhumé dans un lieu encore inconnu, celui de son époux l'accompagnant dans l'au-delà.
L'inhumation en plusieurs lieux de différentes parties d'un corps puise ses origines dans le Moyen Âge, comme en témoignent les funérailles de Bertrand Du Guesclin ou Anne de Bretagne. Mais ses modalités et son évolution à l'époque Moderne étaient jusqu'alors méconnues.
Un costume complet du XVIIe siècle
Le port de l’habit religieux est répandu chez les élites laïques, autorisées à l’endosser lors de cérémonies importantes. Mais Louise a pu aussi adopter la vie monacale après son veuvage. La conservation exceptionnelle de l’ensemble a conduit l’État et le musée de Bretagne à mettre en œuvre la restauration des vêtements (laboratoire Materia Viva
à Toulouse) et des chaussures (laboratoire 2CRC à Grenoble), en vue d’une présentation au public.