Vous êtes ici
"L'Oeil était dans la tombe", pour une éthique en anthropologie funéraire
Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.
Avec Philippe Charlier Médecin légiste, anatomo-pathologiste, archéo-anthropologue et paléopathologiste et Rozenn Colleter archéo-anthropologue à l’Inrap
Carbone 14, le magazine de l'archéologie, France Culture, le samedi à 19h30
Par Vincent Charpentier
Émission du 6 février 2021
Archéologues et anthropologues de terrain, désormais « thanato-archéologues » constituent aujourd'hui la seule profession à entreprendre, au nom de la science, la fouille de sépultures, voire de nécropoles.
Femme celte portant un torque, entre 450 et 350 avant notre ère, Vasseny (Aisne), 2002. Le torque est un collier rigide de la "panoplie" des tombes féminines du second âge du Fer, souvent associé à des bracelets
© Sylvain Thouvenot / Inrap
Voici, encore peu, l'exhumation de tombes, dans le cadre de l’archéologie, ne suscitait que très peu de débats en France. Parallèlement, certains pays, dont la Grande Bretagne, les États-Unis d’Amérique, l’Australie mais aussi les Nations Unies légiféraient sur le sujet.
L’éthique : l’œil dans la tombe ?
Se pencher puis fouiller une sépulture n’est pas anodin, quelles relations entretiennent les fouilleurs face aux fouillés ? Il en va de même de la responsabilité des musées, en charge des quelques 150.000 vestiges humains conservés dans les collections françaises, et pour lesquels certains peuples autochtones réclament leurs droits et la restitution d’ancêtres…
Relevé après la fouille d'une tombe datée du Néolithique moyen (Chasséen), Blagnac (Haute-Garonne), 2008-2009
© Olivier Dayrens / Inrap
Désormais, les champs de l’anthropologie funéraire portent non seulement sur les sépultures anciennes mais aussi sur des cimetières des temps modernes et contemporains. Quelle doit être la destinée de tous ces vestiges humains ? L’étude tout azimut, dont celle de la génétique, du stockage dans des réserves archéologiques, ou, tout au contraire, doit-elle prendre en compte des considérations religieuses pour mieux les ré-enfouir ? Si la plupart des individus est désormais anonyme, que penser de ceux, célèbres ou non, dont nous connaissons l'identité, voire l'histoire ?
Vue zénithale d'une grande fosse commune comprenant comprenant plus de 150 individus, mise au jour dans la cave d'un supermarché à Paris, en 2015. Neuf sépultures ont été découvertes
© Denis Gliksman / Inrap
La scène scientifique internationale est animée ces dernières années par le désir d’une application plus visible du statut de « bien commun » à propos des vestiges humains. Archéologues anthropologues, conservateurs de musée se sont ainsi réunis au Musée du Quai Branly pour réfléchir aux enjeux de cette éthique, sur le terrain et en laboratoire.
Avec Rozenn Colleter, archéo-anthropologue à l’Inrap et Philippe Charlier, paléopathologiste, directeur du département de la recherche et de l'enseignement au Musée du quai Branly - Jacques-Chirac.
Pour en savoir plus
Page wikipédia de Philippe Charlier.
Article "Philippe Charlier, l'homme qui fait parler les morts" (Le Point, juillet 2019).
Vidéo "Philippe Charlier - Histoire des rituels (extrait)" - (La grande librairie, France 5, Mai 2020).
Vidéo "3 minutes avec - Rozenn Colleter, archéo-anthropologue" pour comprendre ce qu'est et ce que fait une archéo-anthropologue (Site de FR3 Bretagne).
Page sur Rozenn Colleter avec une vidéo de son intervention au TEDxRennes en 2018 (site du TEDxRennes).
Vidéo "Les restes humains en archéologie, entre objets de science et sujets de droit" (colloque Archéo-Éthique des 25 et 26 mai 2018 à Paris).