A Orange, Vaucluse, le site de la Croix-Rouge a été mis en évidence à l’occasion d’un diagnostic réalisé en juillet 2004 par l’Inrap.

Dernière modification
10 mai 2016

Ce diagnostic faisait suite à une intervention du service archéologique du conseil général du Vaucluse, en 1996, qui avait permis de localiser deux voies antiques.

La première, orientée nord-sud et située dans le prolongement théorique de la via Agrippa, avait été interprétée comme étant cette dernière, la seconde, orientée est-ouest, représentant un axe du maillage rural. Le diagnostic de l’Inrap, effectué à l’occasion d’un projet de lotissement couvrant une superficie de 28 000 m2, nous offre une vision beaucoup plus large du terrain concerné. Vingt sondages ont été pratiqués. Ils ont permis de mettre au jour une villa antique périurbaine dont les vestiges se développent sur une superficie d’environ 4 000 m2 à l’ouest de la voie nord-sud. L’orientation des bâtiments correspond à celle de la trame urbaine de la ville antique. L’abandon de ces constructions se situe au tournant du IIe?IIIe s. de notre ère. Les deux voies révélées par la première intervention ont également été recoupées par plusieurs sondages. L’interprétation initialement proposée, concernant l’axe nord-sud (voie d’Agrippa), semble en revanche devoir être remise en question. En effet, il apparaît, dans un sondage situé au nord du site, que la voie ne se poursuit pas au-delà vers le nord et que plusieurs structures bâties se situent dans le prolongement de son axe. Enfin, deux tranchées réalisées à l’est du terrain, en bordure de la RN 7, ont dévoilé l’existence d’une nécropole, représentée dans l’emprise des sondages par quatre fosses à crémation. À la suite de ces diagnostics positifs, une opération archéologique préventive a été prescrite. Celle-ci ne concerne que l’emprise d’un bassin de rétention d’eau formant une bande de 80 m de long et 8 m de large jouxtant la RN 7, dont le creusement menaçait les vestiges de la nécropole.


La fouille a permis de mettre en évidence un secteur soumis aux débordements de l’Aygues, dont certains épisodes torrentiels se sont avérés destructeurs pour les structures en place. La stratigraphie nous montre en effet une sédimentation argilo-limoneuse de plus de 2 m d’épaisseur, avec, par endroits, des langues de galets témoignant d’un flux torrentiel. Trois occupations antiques successives ont été identifiées, fossilisées par ces crues. La première prend la forme d’une voie orientée nord-ouest/sud-est. Celle-ci n’a pu être observée que très ponctuellement, car elle sortait du cadre de l’intervention, limité en surface et en profondeur à l’emprise du futur bassin de rétention. La deuxième occupation est matérialisée par un niveau de sol de galets sur lequel reposent les décombres d’une ou de plusieurs structures bâties de chaperons de murs, blocs et débris de pierres. Cette occupation n’a malheureusement pas pu être caractérisée, car elle n’a été que très partiellement observée. Si son appartenance à un contexte funéraire est pressentie, aucune sépulture ne permet de l’attester. Enfin, les vestiges de la dernière occupation antique identifiée sur le site témoignent de l’extension de la nécropole antique sur près de 1 km au nord du pomoerium, dont l’arc de triomphe d’Orange marque l’intersection avec le cardo maximus. Plusieurs fosses à incinération, un mausolée rectangulaire et un enclos funéraire ont pu être observés dans la fenêtre ouverte à l’occasion de la fouille. Une plaque de marbre avec inscriptions, brisée au pied oriental de l’enclos, nous renseigne sur la face des monuments visible depuis la voie d’Agrippa, qui pourrait donc se situer à proximité, à l’est, sous l’actuelle RN 7. Cet ensemble funéraire fait écho au site de Fourches-Vieilles, localisé 400 m plus au sud, où des mausolées et des enclos s’alignent le long de la bordure orientale de la voie antique.