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Les conditions imaginaires et symboliques de la formation des castes ou des classes
Colloque
La révolution néolithique dans le monde
Colloque international organisé par la Cité des sciences et de l'industrie et l'Inrap, sous la direction scientifique de Jean-Paul Demoule.
Auditorium de la Cité des sciences et de l'industrie, les 2, 3 et 4 octobre 2008
La révolution néolithique dans le monde. Aux origines de l'emprise humaine sur le vivant
Imaginary and Symbolic Conditions for the creation of Caste or Class systems
par Maurice Godelier, EHESS
À partir de données ethnographiques concernant la structure de sociétés de Mélanésie et de Polynésie à l'époque précoloniale, on peut montrer que des transformations structurelles très profondes ont eu lieu en Polynésie qui aboutissent à la formation de groupes possédant un statut privilégié par leurs fonctions religieuses et politiques. Entre leurs mains se constituent un monopole des rites qui permettaient aux yeux de ces populations de garantir la reproduction de l'ordre cosmique et social. En même temps, les guerres endémiques ont favorisé le monopole de la violence militaire entre les mains des mêmes groupes sociaux. On peut donc formuler l'hypothèse suivante : le monopole des conditions imaginaires de reproduction des sociétés et de l'univers par des groupes d'hommes engagés dans des rites a précédé chronologiquement et sociologiquement le monopole des moyens concrets de production, c'est-à dire le contrôle de la terre, des hommes et de leur force de travail, ainsi que des produits de leur travail. La Polynésie nous montre des exemples de formation de chefferies centralisées et même tardivement d'un État (Hawaii), avant l'arrivée des Européens. Des comparaisons pourraient être faites avec la formation des États dans la Chine antique, en Mésopotamie, etc. Et il est évident que pour avancer dans la solution de ces problèmes il faut pouvoir comparer les données de trois disciplines des sciences sociales : l'archéologie, l'histoire antique et l'anthropologie.
Maurice Godelier, anthropologue, est directeur d'études de classe exceptionnelle à l'École des hautes études en sciences sociales. Il a été directeur scientifique du département des Sciences de l'homme et de la société du CNRS de 1982 à 1986 et directeur du Centre de recherche et de documentation sur l'Océanie (Credo).Il participe régulièrement à de nombreux colloques internationaux et a publié plus d'une quarantaine d'ouvrages. Il a reçu tout au long de sa carrière de nombreuses distinctions, dont tout dernièrement le Grand prix de l'essai 2008 de la Société des gens de lettres et le prix Louis-Castex de l'Académie française.