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Les fouilles de la nécropole de Lutèce et de la Caserne Sully à Saint-Cloud
Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.
Avec Camille Colonna, archéologue et anthropologue à l'Inrap et Jean-David Desforges, archéologue et responsable d'opérations.
Chantier de la fouille de Port-Royal
- © Camille Colonna / Inrap
Les archéologues viennent de mettre au jour une partie de la plus importante nécropole de Lutèce, datée du IIe siècle de notre ère. A Saint-Cloud, sur les rives de la Seine, c’est l’orangerie du château de Marie-Antoinette qui est en cours de dégagement. Deux sites, deux fouilles...
Redécouverte de la grande nécropole de Lutèce
La création d’une nouvelle sortie du RER B de la station « Port Royal », a entrainé une fouille archéologique sur une petite parcelle de 200 m2. Comme il est coutume dans le monde romain, la nécropole est implantée au bord d’une voie, à la sortie de la cité, ici le long du cardo maximus (l’actuelle rue Saint-Jacques). L’essentiel de nos connaissances sur cette nécropole provient d’observations faites au XIXe siècle, lors des grands travaux parisiens.
Vues du chantier de fouilles de Port-Royal (nécropole de Lutèce)
- © Mahaut Tyrrell / Elise Roussin / Inrap
La fouille a exhumé 50 sépultures. Leur densité est importante : de nombreux recoupements sont observés. Aucune organisation des sépultures ne semble prédominante et toutes sont des inhumations. Les individus inhumés sont des adultes des deux sexes, mais aussi des enfants. Les dépôts funéraires se composent de récipients en céramique (tasses, gobelets, cruches ou plat...) ou en verre (balsamaire, lacrymatoire). Plus rarement, une monnaie est placée dans la bouche du défunt ou dans son cercueil. Cette pratique, courante dans l’Antiquité, constitue l’obole destinée au passeur des enfers, Charon pour franchir le Styx. Plusieurs traces de chaussures subsistent par la présence de nombreux petits clous qui formaient la semelle parfois aux pieds de l’individu, mais aussi déposées sur le côté du défunt. Quelques objets liés à l’habillement (fibules, bijoux, épingles, ceintures) ont également été mis au jour.
Objets en céramique, contenants en verre, retrouvés dans les sépultures de la nécropole sud de Lutèce (Port-Royal)
- © Camille Colonna / Gwenaelle Desforges / Hélène Civalleri - INRAP
Les vestiges des grands siècles à Saint-Cloud
1/ Fouille dans la cour d'honneur et vestiges de la petite orangerie de Saint-Cloud - 2/ Vue de la fouille de la poudrière (Saint-Cloud)
- © JD Desforges / SAI 78-92
A Saint-Cloud, l’ancienne caserne Sully accueillera le musée du Grand Siècle, en 2026. En amont, des fouilles sont entreprises par le service archéologique interdépartemental des Yvelines et des Hauts-de-Seine.
La caserne Sully a été édifiée par Charles X, en 1825-1827, pour y loger la garde royale. L’édifice gardera sa vocation militaire jusqu’en 2008, date de son abandon. Aujourd’hui, les archéologues exhument sur ces rives de la Seine des occupations de multiples périodes : l’âge du Bronze, l’Antiquité, le Moyen-âge et la période moderne.
Hormis d'importants déblais romains et médiévaux issus de l’ancienne église de Saint-Cloud, un important bâtiment carolingien, peut-être aristocratique, vient d’être mis au jour le long d’une voie gallo-romaine. C'est en 1658 que le domaine de Saint-Cloud est acheté par le roi Louis XIV, pour son frère « Monsieur » et futur duc d'Orléans. En 1784, le château devient la propriété de la reine Marie-Antoinette. Celle-ci fait transformer le château par son architecte attitré, Richard Mique. Les deux orangeries sont alors transformées en serres à fleur. La petite orangerie est actuellement en cours de fouilles et révèle outillage, pots de faïence et porcelaine orientalisante.
1/ Fouille de la canalisation de la fontaine du XVIIe s.-2/ Montre trouvée dans les vestiges (1870-1871) - 3/ Tesson d'assiette du mess de la caserne 1875-1880
- © JD Desforges SAI 78-92
Pour aller plus loin
➢ Camille Colonna
• sa page sur le réseau Linkedin.
• Article sur la fouille de la nécropole (site de l'Inrap).
• A regarder, une animation sur le chantier de la fouille de la nécropole sud de Lutèce (You Tube).
➢ Jean-David Desforges
• Publications de Jean-David Desforges, sur le site Academia de l'Université de Caen, sur le site Google Scholar, sur le site OpenEdition Journals.
• Le blog de Jean-David Desforges.
• Deux articles à lire sur la caserne Sully et le projet de musée, Le Grand siècle à l'honneur à la caserne Sully (M.L.B), et Un musée pour le Grand siècle (Pauline Vinatier) - site HDS Mag.