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Les Monts Gardés à Claye-Souilly : une longue occupation, du Néolithique au Moyen Âge
La réalisation des deux branches de l'interconnexion de la LGV Est européenne dans la commune de Claye-Souilly (77), au lieu-dit Les Monts Gardés, a donné lieu à des fouilles archéologiques sur près de cinq hectares.
L'évaluation 119 (Les Monts Gardées 1) se trouve sur la commune de Claye-Souilly (77). Elle est implantée sur un rebord de plateau qui domine la vallée de la Marne. Elle correspond à l'emplacement de deux tronçons de la LGV Est, qui forment à cet endroit une interconnexion.
Suite au diagnostic réalisé par Philippe Lorquet, quatre zones de fouilles ont été décapées (zones 1000 à 4000). Elles totalisent près de cinq hectares et ont révélé plus de cinq cents structures de nature et de périodes différentes.
La zone 1000 a livré un ensemble de fosses et du mobilier du Villeneuve-Saint-Germain (secteur 1) et de La Tène finale (secteur 2).
La zone 2000, la moins dense en structures et la moins bien conservée (forte érosion), a livré des fossés gallo-romains et quelques structures protohistoriques de période indéterminée.
La zone 3000, la plus dense en structures et la plus complexe, a livré des structures attribuables au Néolithique récent (SOM), à la Protohistoire (indéterminée), au Gallo-Romain et au haut Moyen Âge (3 fours culinaires). Deux fossés délimitant l'angle d'un ou de plusieurs enclos ont également été appréhendés. L'un de ces fossés, d'une largeur moyenne de 6 m, contenait un peu de mobilier gallo-romain (Ier au IVe s. après J.-C.). Il est parallèle au second fossé, beaucoup plus modeste, qui comporte un système d'entrée complexe. Ce fossé ainsi que les structures testées à l'intérieur de l'enclos contenaient peu de mobilier.
La zone 4000 a livré un nombre important de structures attribuables au Hallstatt final (secteur 2) ainsi que des fossés gallo-romains.
De probables structures d'extractions de périodes indéterminées (gallo-romaines ou médiévales) sont également à signaler dans les zones 2000, 3000 et 4000.
Deux autres fouilles ont été réalisées à proximité. La première, dirigée par Ph. Granchon, a mis en évidence des vestiges d'occupation du Néolithique récent (Les Monts Gardés 2). La seconde, dirigée par Patrice Bertin, a permis de fouiller une occupation de La Tène finale et un établissement antique (Les Monts Gardés 3).
L'intervalle entre les deux tronçons de voies formant l'interconnexion de la LGV, dénommé zone annexe 26 (Les Monts Gardés, zone annexe), forme un triangle de 35 hectares. Il a été diagnostiqué par P. Bertin à la suite des fouilles précédemment citées. En concertation avec Pierre Ouzoulias, Richard Rougier et Patrice Bertin, il a été décidé d'organiser ce diagnostic en tenant compte au maximum des informations recueillies dans les zones fouillées. Les fossés repérés sur les zones 1000 à 4000 et se poursuivant sur la zone annexe ont donc été décapés et de larges fenêtres ont été ouvertes à l'intérieur de l'enclos (zone 6000) et à proximité de l'occupation Hallstatt (zone 5000). Le reste de l'emprise a été diagnostiqué de manière plus classique, sous forme de tranchées parallèles.
Pour les périodes historiques, un fossé large de 5 à 6 m pour 1,40 m de profondeur forme un enclos dont les limites exactes n'ont pas été perçues (fig. 1, ENC 1). Il n'a pas été suffisamment décapé pour que l'on puisse déterminer sa fonction et ses relations avec l'enclos ENC 2. Tout au plus peut-on affirmer qu'il délimite un espace beaucoup plus vaste, peut-être en relation avec l'occupation gallo-romaine fouillée plus au sud (Les Monts Gardés 3).
À l'intérieur de cet espace (zone 3000 et 6000), un second enclos a été aménagé par un fossé plus modeste de 1 m de large pour 0,80 m de profondeur (ENC 2). Il délimite un espace de 13 600 m2. Le remplissage des fossés ne contenait que quelques restes de faune. Une datation 14C devrait permettre de préciser la chronologie de cet ensemble. Deux interruptions du fossé associées à la présence de trous de poteaux (dont l'un avec calage de pierres) et peut-être de sablières basses, témoignent de systèmes d'entrées complexes (ENT 1 et 2). À l'intérieur de cet espace, de nombreux trous de poteaux ainsi qu'un four et son cendrier (FR 4) ont été identifiés et partiellement fouillés. Le mobilier peu abondant provenant de ces structures est attribuable au haut Moyen Âge. Deux bâtiments à deux nefs ont été identifiés. Ils mesurent respectivement 20 x 5 m (BAT 1) et 16 x 6 m (BAT 2). D'autres bâtiments similaires sont pressentis au sud-ouest et à l'ouest de l'enclos, mais ils n'ont pas été décapés dans leur intégralité (BAT 5 à 7). Deux autres constructions plus modestes ont également été reconnues (BAT 3 et 4) mais, en raison de l'étroitesse du décapage, il convient de rester prudent sur leur interprétation. L'ensemble de ces constructions dessinent toutefois le plan d'une occupation bien structurée. Un ensemble de bâtiments orientés parallèlement aux fossés de l'enclos forme un vaste espace central à l'intérieur duquel se repartissent quelques structures, dont un four. Trois autres fours ont également été fouillés à 60 m de l'entrée 1 (FR 1 à 3). Ils ont été creusés dans le remplissage d'un fossé gallo-romain. Ils contenaient des restes de faunes ainsi que de la céramique attribuable au haut Moyen Âge. Des datations obtenues par 14C et par archéomagnétisme viendront préciser cette datation.
Des fossés traversant l'emprise de l'opération, de la zone 2000 à 4000 et au-delà, témoignent de l'ampleur des réseaux parcellaires et/ou drainants. Ils sont attribuables à la Protohistoire, au Gallo-Romain et peut-être au haut Moyen Âge et au Moyen Âge.
Le décapage de la zone 5000 a également permis de mettre en évidence le plan de plusieurs bâtiments, des fosses ainsi qu'un probable four attribuable au Hallstatt final (fig. 2). Ils traduisent l'existence d'une petite occupation bien structurée probablement orientée vers une activité agropastorale.
Le reste du diagnostic a permis de cerner les limites de cette dernière occupation, mais également celle du Néolithique ancien (zone 1000). Il a également révélé, plus au sud de l'emprise, d'autres indices protohistoriques et gallo-romains.
En concertation avec P. Ouzoulias et P. Bertin, il a été décidé que les vestiges mis en évidence lors du diagnostic de la zone annexe 26 et en relation avec les occupations fouillées sur l'évaluation 119 devaient êtres étudiés dans un même ensemble. Ainsi, les données portant sur les occupations de haut Moyen Âge et du Hallstatt final mises en évidence lors du diagnostic de P. Bertin seront intégrées au rapport de l'évaluation 119.
Les occupations révélées par ce diagnostic n'ont pas été fouillées faute de crédit. Des mesures de conservation ont toutefois été imposées par le SRA d'Île-de-France.
Intérêts et problématiques des occupations des Monts Gardés 1 (incluant le diagnostic de la zone annexe 26)
Le Néolithique ancien
Le mobilier lithique et céramique attribuable au VSG est peu abondant mais caractéristique. Il s'intègre dans les problématiques définies par les spécialistes travaillant sur la vallée de la Marne (ACR dirigé par Y. Lanchon) et complète les données concernant les occupations de rebord de plateau de cette période.
Le Néolithique récent
Le mobilier lithique et céramique attribuable à cette période est également peu abondant, mais il documente sérieusement les données concernant cette période. De plus, il s'intègre dans les problématiques définies dans le PCR "La fin du Néolithique dans le centre nord de la France : définitions et interactions des groupes culturels" (dirigé par R. Cottiaux, B. Mille et L. Salanova).
Le Hallstatt final
Le plan cohérent d'un petit établissement rural en rebord de plateau de cette période ne connaît pas de comparaison dans la région (à l'exception du site de Messy, qui n'a pas été fouillé). De plus, la proximité du site de Charny, rattaché aux périodes immédiatement postérieures à cette occupation, renforce l'intérêt de ces vestiges.
La Tène
L'intérêt des structures et du mobilier de cette période est également renforcé par la proximité des occupations du site de Charny.
Le Gallo-Romain
La proximité du site fouillé par P. Bertin (Les Monts Gardés 3) et le PCR portant sur les occupations de cette période dans la plaine de France (P. Ouzoulias et P. Van Ossel) cadrent ces découvertes.
Le haut Moyen Âge
Les vestiges de cette période sont très mal documentés dans la vallée de la Marne et ses abords, toutes les nouvelles données sont donc pertinentes. Si l'enclos et les bâtiments découverts sont attestés de cette période, il s'agit d'une occupation particulière (de type aristocratique ou militaire) d'un grand intérêt, qui ne connaît pas d'équivalent en Île-de-France.