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Les pratiques funéraires inconnues de la nécropole antique du « Clos au Duc » à Evreux
Une équipe de l'Inrap a mis au jour les vestiges d'une pratique funéraire inconnue en Gaule romaine.
Sur prescription de l'État (Drac, sra de Haute-Normandie), les archéologues ont travaillé durant huit mois, depuis la fin octobre 2006 à juin 2007, sur une parcelle de 200 m² vouée à la construction d'un pavillon. Compte tenu de l'importance exceptionnelle de la découverte, la durée de l'intervention a été prolongée de trois mois en avril 2007. La fouille a permis de confirmer le caractère inédit de l'association hommes-chevaux dans la mort pour les IIe - IIIe siècles de notre ère.
Le contexte archéologique d'Evreux
La nécropole antique est installée à flanc de coteaux, en dehors de la ville, respectant ainsi la loi des Douze Tables en vigueur, le long d'un axe de communication reliant Evreux à Chartres. Connue dès le XIXe siècle par de nombreuses découvertes fortuites, son occupation semble perdurer du Ier au IVe siècle de notre ère. Les diagnostics et les fouilles réalisées depuis 2002 permettent de mieux connaître l'évolution typo-chronologique de cette nécropole. Durant le ier siècle, les sépultures secondaires à crémation sont prédominantes, bien que quelques sépultures à inhumation de sujets périnataux et adultes aient été mises au jour. A partir du IIe siècle, l'inhumation semble devenir la pratique funéraire exclusive.
Des inhumations atypiques
La première particularité de cette partie de la nécropole est la position atypique de la quasi-totalité des défunts adultes et immatures. La plupart d'entre eux sont inhumés sur le ventre ou sur le côté. Les autres présentent des positions contraintes : au niveau du membre supérieur droit pour un individu (le coude droit étant placé en arrière de l'épaule gauche), deux autres ont été enterrés avec les membres inférieurs hyper fléchis, etc. Dans au moins cinq cas, deux défunts (adultes et/ou immatures) ont été inhumés simultanément tête-bêche. La plupart du temps, le premier a été déposé sur le dos, le second sur le ventre. Quelques sépultures plus « classiques » ont également été mises au jour (individus inhumés sur le dos, habillés, dans des cercueil cloués). Toutefois, elles sont associées à de petits dépôts d'ossements d'équidés.
Hommes et chevaux associés dans la mort
Cette pratique funéraire consistant à associer dans les sépultures des éléments d'équidés et des squelettes humains en position souvent atypique était jusqu'alors inconnue en Gaule romaine.
Les hypothèses de recherche
La post-fouille à venir permettra d'accréditer ou non ces différentes hypothèses de travail. L'étude archéo-anthropologique permettra entre autre de préciser le nombre d'individus inhumés, leur répartition par âge et par sexe, de déceler certaines pathologies et/ou carences, et de déterminer la présence de coffrage, cercueil ou enveloppe souple autour des corps. Quant au travail des archéozoologues, il permettra de déterminer entre autre la taille des équidés, leur âge, etc. Ils étudieront également les différents dépôts osseux afin de définir ou non un choix dans les quartiers de viande déposés dans les sépultures. Ces données seront complétées par l'étude du mobilier et celui du collagène osseux afin de définir le régime alimentaire des défunts.