Avant les travaux de protection contre les inondations de la basse vallée du Lez, une équipe d'archéologues de l'Inrap fouille plus de deux hectares de la partie orientale d'un important village de l'âge du Fer.

Dernière modification
10 mai 2016

Découvert dans les années 1960 par Henri Prades, le site de la Cougourlude était occupé aux VIe-Ve siècles avant notre ère. L'étude des vestiges fournit des informations nouvelles sur l'organisation, l'évolution et la chronologie de ce village, le mode de vie et les activités de ses occupants et leurs échanges avec leurs célèbres voisins du comptoir portuaire de Lattara.

Un village gaulois sans équivalent dans la région mais limité dans le temps

Quelle raison préside à cette implantation ? La présence du cours d'eau, celle d'un gué et d'un axe de circulation ? Le village de la Cougourlude se développe en effet sur les deux rives d'un ancien cours de la Lironde, au carrefour avec une voie. En tenant compte des différentes observations réalisées depuis une trentaine d'années, la surface du village protohistorique est estimée à environ 17 hectares, étendue extrêmement importante par rapport aux habitats lagunaires voisins.
Les vestiges, très denses, décrivent un habitat rural où les constructions sur poteaux côtoient des bâtiments semi-enterrés. Les morceaux de torchis sont partout présents sur le site. Des mottes de terre crue dégraissée ont, par endroits, été décelées, mais ce sont le plus souvent les restes brûlés de briques d'adobe qui nous sont parvenus. Près de deux mille structures, foyers, silo et fosses diverses ont été identifiées. À l'intérieur et autour des maisons s'organisent les fours et foyers, les silos destinés à la conservation des céréales, des caves et d'innombrables fosses, dont la fonction n'est pas toujours définie. Un four de potier et des indices de forge pour la production du fer et le traitement du plomb ont été retrouvés. Deux imposants fossés, larges de 8 à 12 m et profonds de 3 m, traversent le site. Ils ont pu jouer un rôle défensif ou, connectés à l'ancien chenal de la Lironde, servir à distribuer l'eau.

Un mobilier étrusque et massaliote

Le mobilier récolté, abondant et varié, permet la datation de l'occupation. Celle-ci démarre vers 550 avant notre ère et ne se poursuit pas au-delà de 475 avant notre ère. La découverte d'un grand nombre d'amphores étrusques et massaliotes et la forte proportion de vaisselle de table importée de Grèce et d'Italie témoignent de liens commerciaux étroits avec ces régions.

Un voisinage prestigieux : le comptoir commercial de Lattara

La chronologie de la Cougourlude (entre -550 et -475) embrasse la période immédiatement antérieure à la fondation de Lattara (vers 525 avant notre ère) et la première phase d'occupation de l'agglomération. La présence d'un habitat aussi étendu, à quelques centaines de mètres à peine, soulève de nombreuses interrogations quant aux relations entre les deux sites en termes de complémentarité ou de dépendance. Quel rôle ont joué les habitants de la Cougourlude dans l'émergence de la ville voisine ?
Si Lattara est un comptoir fondé par des négociants étrusques, des contacts répétés avec les populations indigènes ont pu favoriser l'implantation des nouveaux venus. Ces échanges sont attestés sur le site par le nombre d'amphores étrusques et grecques. Elles traduisent une forte consommation de vin par les habitants de la Cougourlude ainsi que leur participation active aux échanges commerciaux.
Par sa forme, le village de la Cougourlude diffère totalement de l'agglomération voisine de Lattara, une ville portuaire dotée d'une enceinte, d'un plan organisé et de maisons à soubassement en pierre.
L'abandon du village à la fin de la première moitié du ve siècle avant notre ère suscite également des interrogations. Y a-t-il eu un transfert de population vers Lattara ?

L'évolution du site

Durant la période gallo-romaine, un mausolée doit être mis en relation avec la villa romaine fouillée à quelques dizaines de mètres. Une haute tour, richement décorée, élevée à l'intérieur d'un enclos de 18,50 m de côté, abritait la chambre funéraire. Le monument a été démantelé dès la période romaine, et ses pierres utilisées dans d'autres constructions. Le lieu conserve néanmoins sa vocation funéraire, puisqu'au IVe siècle de notre ère un petit cimetière y est installé.
Aménagement : Communauté d'agglomération de Montpellier
Contrôle scientifique : Service régional de l'archéologie (Drac Languedoc-Roussillon)
Responsable scientifique : Isabelle Daveau, Inrap
Contact(s) :

Mahaut Tyrrell
chargée de communication médias
Inrap, pôle partenariats et relations avec les médias
01 40 08 80 24
mahaut.tyrrell [at] inrap.fr