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Rue Sainte
A Marseille, Bouches-du-Rhône. La fouille a été effectuée entre les n° 96 et 100 de la rue Sainte en 1993 préalablement à une construction immobilière. Traversée par un vallon orienté sud-ouest/nord-est, au fond duquel coulait une source durant l'Antiquité, elle a concerné la rive sud du Vieux-Port, sur les flancs nord de la colline de Notre-Dame-de-la-Garde.
L'opération a permis d'étudier un établissement du IIe siècle avant notre ère, les traces d'une carrière et un aqueduc du Ier siècle avant notre ère. Dans la partie est de l'emprise, les vestiges ont été totalement détruits lors de l'installation d'une savonnerie. Sur le reste du site, la conservation du mobilier archéologique, saturé de soude, est très mauvaise.
Un bâtiment du IIe siècle avant notre ère
Au IIe siècle avant notre ère, un petit établissement voué soit à l'artisanat soit à l'habitat s'installe sur le versant nord-sud du vallon. Les archéologues ont découvert de petites fosses et les traces de deux alignements de trous de poteau, dont l'un évoque nettement une palissade. La présence de fragments de torchis et d'enduits peints noirs et rouges pourrait signaler un habitat construit en terre.
Aménagement de carrières
Des vestiges d'aménagements de carrières ont été identifiés à proximité. Les fouilleurs y ont observé des saignées, creusées à l'aide d'outils métalliques et comblées par un sédiment très compact de poudre de calcaire. Ils ont par ailleurs découvert plusieurs blocs grossièrement taillés et épars sur le site. Cette information vient compléter nos connaissances sur la présence, à moins de 300 m de ce lieu, d'autres carrières de pierres exploitées durant l'Antiquité (carrière de Saint-Victor).
Un aqueduc du Ier siècle avant notre ère
Au IIe siècle et au début du Ier siècle avant notre ère, le vallon est nivelé et sa partie basse remblayée. C'est dans ce remblai, sur le flanc sud-est du vallon, qu'est édifié un aqueduc à la fin du Ier siècle avant notre ère. Il sert à canaliser l'eau d'une source en direction de l'actuel Vieux-Port.
Aujourd'hui, cet aménagement de grande envergure subsiste encore sous les habitations du quartier. Long de 27 m et en parfait état de conservation, il traverse la plus grande partie du site selon un axe sud-sud-ouest/nord-nord-est.
Les dalles de couverture en calcaire proviennent des carrières de Saint-Victor et de la Couronne. Elles reposent sur des murets de moellons de calcaire, d'une hauteur de 1,50 m. L'ensemble forme une sorte d'allée couverte qui protège la canalisation proprement dite et ménage à l'intérieur un passage étroit de 45 cm, probablement destiné à l'entretien de la conduite. Les dalles en calcaire rose les mieux taillées sont des remplois. Toutes se trouvent dans la partie nord de l'aqueduc, que des fragments d'amphores insérés dans la construction font dater du Ier siècle avant notre ère.
Dès son édification, l'installation a été recouverte d'un épais remblai. Le vallon est alors définitivement comblé. Par la suite, des jardins puis, au XVIIIe siècle, une savonnerie investissent les lieux.