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Un cimetière français de la Grande Guerre à Spincourt (Meuse)
Cette nécropole provisoire regroupe des sépultures de combattants français tués sur le territoire de Spincourt en août 1914, et les nombreux squelettes retrouvés lors des grandes opérations de nettoyage des champs de batailles à partir de 1919.
En amont de la vente de terrains constructibles et sur prescription de l’État, une équipe d’archéologues de l’Inrap mène une fouille archéologique à Spincourt depuis le 6 novembre 2017. Elle fait suite à un diagnostic archéologique réalisé en février qui avait permis d’identifier la présence d’un ancien cimetière militaire contenant encore des tombes de soldats français et alliés tués au combat lors de la Grande Guerre. Aujourd’hui, environ 400 tombes ont été localisées et sont en cours de fouille.
Un cimetière provisoire
Des soldats ont été enterrés dans ce cimetière provisoire de 1919 à 1924, durant cette période d’après-guerre où les « morts aux combats » étaient prélevés dans les champs afin de leur offrir une tombe et restituer les terres aux agriculteurs pour relancer l’économie. La nécropole provisoire mise au jour à Spincourt réunit ainsi des sépultures isolées de combattants français tués sur le territoire de Spincourt en août 1914, et de nombreux squelettes retrouvés lors des grandes opérations de nettoyage des champs de batailles alentours à partir de 1919. D’après les archives, en 1924, les tombes de ce cimetière de fortune sont transférées, cette fois-ci définitivement, dans la nécropole nationale de Pierrepont (Meuse).
Gestion de la mort de masse
Ce cimetière militaire provisoire est un témoignage de la gestion de la mort de masse. Il met en exergue le travail des fossoyeurs et la façon dont certaines entreprises ont géré les prélèvements à effectuer, sous mandat de l’État, sitôt le conflit terminé. Cent cinq soldats du cimetière de Spincourt auraient été restitués à leur famille d’après le registre du cimetière, suite à la loi de 1920 de restitution des corps aux familles. Pour les autres, exhumés dans l’urgence ou hâtivement lors de leur transfert à la nécropole nationale de Pierrepont, les corps n’ont été que partiellement prélevés et certains oubliés.
Aujourd’hui, les archéologues mettent au jour des fosses individuelles contenant un ou plusieurs corps, complet(s) ou partiel(s). Plusieurs fosses collectives, regroupant de quatre à soixante-cinq personnes, sont retrouvées sur le site. Tous les corps ont été enterrés dans un contenant, un cercueil ou un ossuaire, de manière isolée ou groupée. Aux ossements, se mélangent des effets personnels (médailles religieuses, appareil dentaire, etc.), des chaussures, des morceaux de tissus ou éléments métalliques des uniformes (boutons, cartouchières, etc.), des éléments de sépultures (couronnes funéraires, plaques,…).
Une sépulture collective réunissant huit soldats alliés a également été identifiée. Ces derniers (américains, russes et italiens) auraient déjà été restitués à leur famille d’après le registre du cimetière.
Cette fouille archéologique contribuera à l’étude de la gestion de la mort de masse dans l’immédiate après-guerre et de sa logistique afférente. Les observations réalisées sur les ossements et les effets restants (éléments d’uniformes, etc.) permettront de mieux appréhender les circonstances de décès de ces hommes et pour certains, de leur redonner une identité. À l’issue de l’étude, les ossements des combattants seront remis au service des sépultures militaires et victimes de guerre.
Fond d'un ossuaire en cours de fouille, quelques os et éléments d'uniforme d'un défunt sont encore là.
© Pascal Volpez, Inrap
Prélèvement d'une chaussure de soldat dans l'un des ossuaires d'une importante fosse collective.
© Pascal Volpez, Inrap
Enregistrement d’une sépulture par les archéologues.
© Pascal Volpez, Inrap