Utilisée sans interruption du IXe à la fin du VIIe siècle avant J.-C., la nécropole de Puisserguier se singularise par son excellent état de conservation permettant de découvrir le plan d'une nécropole protohistorique du Midi de la France dans son ensemble. Les 235 tombes qu'elle recèle offrent des observations inédites tant sur les pratiques funéraires et l'organisation sociale du cimetière que sur l'identité des communautés indigènes qui vivaient dans le Sud de la Gaule juste avant le début de la colonisation grecque.
Cette nouvelle nécropole s'insère dans un groupe identifié principalement à Mailhac (Aude), Agde (Hérault), mais aussi dans des régions plus septentrionales comme à Castres (Tarn). L'originalité de cette intervention réside dans l'exploration intégrale de la nécropole qui permettra d'étudier de manière précise et détaillée l'évolution chronologique des pratiques funéraires.
Des tombes à incinération
Il s'agit d'une nécropole communautaire où, jusqu'à présent, seuls sont incinérés des adultes. En Languedoc occidental, durant toute la Protohistoire, la pratique de l'incinération est exclusive. Elle a totalement remplacé les pratiques liées à l'inhumation et perdure jusqu'à la conquête romaine. Les tombes, signalées par des tertres de terre et de pierres, sont constituées par des fosses circulaires profondes fermées par une lourde dalle. Elles sont placées au centre d'enclos en pierre, circulaires ou rectangulaires, disposés le long de petits chemins. Aucune sépulture n'empiète sur la sépulture voisine. Situées au coeur de la nécropole, deux tombes se démarquent nettement par une construction plus complexe et plus importante indiquant la présence de défunts au statut particulier.
Les pratiques funéraires des communautés indigènes
Le dépôt sépulcral est posé au fond de la fosse. En général, il se compose d'un vase ossuaire, dans lequel ont été déposés les cendres du défunt et ses effets personnels (petits couteaux, bracelets, objets de toilette et de parures vestimentaires, fibules, pièces de harnachement, ...) et de vases d'accompagnement. Le vase ossuaire et son contenu correspondent à la sphère personnelle du défunt, les vases d'accompagnement à celles de pratiques collectives. À Puisserguier, chaque tombe compte en moyenne 20 vases, certaines en révèlent jusqu'à 55. Au total, on estime à 4 000 le nombre de vases et à 600 le nombre de petits objets métalliques. Tous les vases d'accompagnement sont déposés selon une logique particulière qui suggère l'emploi d'une véritable vaisselle funéraire.
C'est une des premières fois en France qu'une nécropole de cette époque livre un ensemble aussi spectaculaire de l'âge du Fer. Les premiers résultats montrent qu'après les funérailles les sépultures continuent d'être entretenues et fréquentées. Le soin apporté à la construction des tombes, la bonne gestion de l'espace sépulcral mais aussi leur exceptionnelle qualité de conservation font désormais de la nécropole de Puisserguier une référence nationale.
Archéologue responsable d'opération : Florent Mazière (Inrap)
Contrôle scientifique : Direction régionale des Affaires culturelles de Languedoc-Roussillon/service régional de l'Archéolog
Aménageur : Communauté de communes "entre Lirou et Canal du Midi"