Dans la dernière zone explorée par les archéologues de l'Inrap, l'épave d'un navire romain a été découverte. Conservé sur plus de 15 m de long, le bateau est couché sur le flanc dans un endroit peu profond (à moins de 1,60 m sous le niveau marin antique). Dans le cadre d'une coopération avec le Centre Camille Jullian, l'Inrap a associé à l'analyse et l'interprétation de cette découverte, une archéologue du CNRS, spécialiste de l'archéologie navale.
Les vestiges se composent d'une quille et de plusieurs virures de bordé (planches constituant le revêtement de la coque), assemblées entre elles par des milliers de languettes chevillées dans des mortaises creusées dans l'épaisseur des planches. Transversalement, une quarantaine de membrures sont présentes, dont certaines sont assemblées à la quille par des broches métalliques.
Des éléments du plancher de cale ont également été identifiés. La carlingue, qui servait à loger le pied du mât n'a pas été conservée. Cette épave est un voilier de commerce de taille moyenne (longueur de 20/22 m ; largeur de 6/7 m ; hauteur de cale 3 m environ). Le bois utilisé dans la construction est principalement du conifère. Sur les noeuds de bois, la coque est renforcée par des plaquettes de plomb maintenues par de petits clous. Ces plaquettes servent à pallier les défaillances d'un bois de qualité moyenne, utilisé par le chantier de construction car disponible et facile d'approvisionnement. Les traces d'outillage sont également bien visibles (scie, herminette) ainsi que la poix qui servait à la protection de la coque. Les caractéristiques architecturales confortent la datation proposée par la stratigraphie et les céramiques récoltées dans les niveaux formés après l'abandon du bateau - les IIe-IIIe siècles de notre ère - et permettent de classer le navire dans les bateaux romains impériaux de Méditerranée occidentale.
Les raisons de son naufrage sont pour l'heure inconnues : a-t-il été jeté à la côte lors d'une tempête ? Abandonné au pourrissement dans ce recoin du port ? Coulé volontairement pour servir de base à un appontement ? Ces deux dernières hypothèses pourraient expliquer l'absence de chargement. La suite des investigations apportera la réponse.