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Une occupation rurale antique sur la ZAC Sébastopol à Borny (Moselle)
L’aménagement d’un forum commercial, par la société Sarem, sur des terrains situés au sein de la ZAC Sébastopol, a nécessité la fouille préventive d’un bâtiment rural gallo-romain situé à quelques centaines de mètres seulement d’une ferme indigène du Ier siècle avant notre ère.
Le site s’insère dans un réseau assez dense d’une vingtaine de sites romains connus par les prospections et les interventions archéologiques, dans un rayon de quelques kilomètres autour de Borny. Un petit nombre pourrait correspondre à des villae. Mais la majorité semble être des bâtiments de type annexes agricoles ou des petites fermes.
Deux phases d’occupation entre la fin du Ier siècle avant J.-C. et le début du IIIe siècle
Les structures mises au jour appartiennent à deux phases d’une occupation continue qui perdure de la fin du Ier siècle avant J.-C. au début du IIIe siècle. Les vestiges correspondent à deux bâtiments qui se succèdent dans le temps, un point d’eau et une carrière, cette dernière étant certainement liée à la construction du bâtiment le plus récent. Ces aménagements sont accompagnés de zones de rejet de mobilier domestique (céramique et faune), de sols agraires et d’aménagements parcellaires (fossés).
Deux bâtiments se succèdent
La construction la plus ancienne est un bâtiment à une nef reposant sur des poteaux puissants (bâtiment 1). Dans le courant de la seconde moitié du Ier siècle, un affleurement local de calcaire est exploité comme carrière, livrant les moellons nécessaires à l’édification d’un nouveau bâtiment, à plan tripartite et aux fondations de pierres (bâtiment 2), au-dessus du premier. L’élévation est en matériaux périssables, comme l’indiquent les fragments d’enduits de chaux, portant des traces de clayonnage au revers, trouvés au pied de l’édifice. Ce phénomène de remplacement des bâtiments sur poteaux par des bâtiments sur solins de pierres intervient sur de nombreux sites dans la région vers la fin du Ier siècle ou au début du IIe siècle.
Les bâtiments rectangulaires à partition interne en trois pièces sont assez courants dans la plupart des pars rustica (partie agricole) des villae. Mais ce type de bâtiment est également bien documenté en tant que construction isolée à la campagne. Ces bâtiments tripartites, situés plus ou moins à l’écart des constructions principales de la villa, sont généralement interprétés comme un habitat secondaire pour la main-d’œuvre agricole et accessoirement comme étable et/ou grange. Les indices archéologiques ne permettent pas d’identifier leur fonction très clairement. Le mobilier céramique associé, une grande quantité de tessons provenant de céramiques culinaires et de services de table, tend à mettre en avant la fonction d’habitation. Mais dans bien des cas, l’usage agricole, qui laisse très peu de traces, pourrait primer sur la fonction d’habitation.
Après l’abandon du bâtiment, traduisant sans doute une restructuration de la campagne, le site n’est plus occupé en dehors d’une phase de récupération de matériaux de construction au haut Moyen Âge.
L’un des trous de poteau du bâtiment 1, profond d’environ 1 mètre, vu en coupe. On observe nettement le fantôme du poteau, serré par des pierres de calage. Il s’agit d’un poteau incliné vers l’intérieur du bâtiment.
© Michiel Gazennbeek, Inrap 2005.
La carrière vue en coupe. Les pierres à la base correspondent aux rejets d’extraction. L’ensemble est recouvert par plus de 1 mètre de limons provenant de l’érosion post-antique des terrains labourés alentours.
© Michiel Gazennbeek, Inrap 2005.
Plan simplifié du site.
© Michiel Gazenbeek, Inrap 2005.