À la suite d'une campagne de diagnostic réalisée en 2005 à La Ciotat, Bouches-du-Rhône,sur de vastes terrains laissés libres par le démantèlement des chantiers navals et destinés à accueillir divers équipements (collège, médiathèque, hôtel, parkings, ...), deux zones à potentiel archéologique ont été mises en évidence.

Dernière modification
10 mai 2016

L'opération de fouille a concerné une zone d'environ 2 000 m2 étagée sur le versant est d'une éminence descendant vers la mer et une seconde zone, de surface équivalente, située en contrebas, à une dizaine de mètres du rivage actuel.

Si l'occupation pré et protohistorique de la zone n'apparaît qu'en filigrane, au travers de mobiliers épars résiduels dans des contextes plus récents, la période antique a livré des vestiges pouvant être rattachés à une occupation agraire.

Un tronçon d'une construction maçonnée circulaire, associée à un radier de pierres et de fragments d'amphores peuvent vraisemblablement appartenir à une installation agricole, exploitation vinicole ou oléicole des IIe-Ier s. avant notre ère. Ces structures, très arasées, ne sont associées à aucun niveau de sol et seuls quelques segments de drains permettent de compléter le panorama de ce secteur.

Au sein de la zone basse, les structures antiques sont mieux conservées et se répartissent en deux ensembles : un secteur mis en culture aux Ier-IIe s. de notre ère avec de probables plantations de vignes, successivement en fosses et en sillons associés à des logettes latérales, selon des modes de culture bien attestés durant l'Antiquité. Ces creusements ont pu être reconnus sur environ 400 m2 mais ne sont malheureusement associés à aucune limite parcellaire.

En limite probable du rivage, les traces d'une occupation antique bâtie, observées lors du diagnostic, n'ont pu être reconnues plus finement en raison d'une importante pollution des sols, au mercure notamment. Seuls quelques creusements, dont certains contenant du mobilier des VIe-VIIe s de notre ère ont été fouillés et sont à mettre en relation avec un probable habitat.
Sur l'ensemble du site, la période médiévale n'est pas représentée, les vestiges de l'Antiquité tardive sont immédiatement recouverts par ceux de l'époque moderne.
La zone haute demeure en milieu rural jusqu'à la construction de la cité ouvrière du chantier naval en 1856. Plusieurs murs de restanque en pierre sèche, dont l'un de construction remarquable, sont recoupés par les fondations de la cité. Probablement au XVIIIe s., une série de réservoirs et de caves semi-enterrées, attenants à la zone agricole, sont construits en association avec les murs de terrasse qui longent le site à l'est.
La zone basse se situe sur l'emprise du faubourg de l'Escalet construit à partir du XVIIe s. au sud des remparts de la ville moderne. Les archives cadastrales présentent ce secteur proche du Couvent des Bernardines comme un secteur d'habitat et de petites industries, où la part des jardins et des cultures demeure importante. La fouille révèle en bordure du port une série de trois escas avec leurs aménagements (lavoirs, niches et espaces de rangement). Ces remises, construites au rez-de-chaussée des immeubles autour du Port-Vieux, ont donné leur nom au quartier. À l'arrière du bâti en lanière, s'étend probablement une zone de jardins et de cultures. À la frontière entre la zone habitée et l'espace ouvert, un important dépotoir recèle un lot homogène de céramiques daté de la fin du XVIIe s. À partir des années 1830, le quartier est progressivement remodelé pour faire place à différentes installations industrielles, à leur tour rapidement englobées par le chantier naval. Réparti sur l'emprise de la fouille, un réseau de collecteurs, peut-être relié à la première phase de restructuration, recoupe l'habitat moderne. Ces aménagements hydrauliques sont recouverts en dernier lieu par la construction d'un « magasin général » du chantier naval qui occupe tout le secteur nord de la zone de fouille.