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Diagnostics et approche de l’occupation du territoire et des types d’habitat à la Protohistoire ancienne : l’exemple du 1er âge du Fer dans le Nord – Pas-de-Calais via le PCR HABATA
Ce deuxième séminaire scientifique et technique s’est tenu à Caen, à l'auditorium du château, les 28 et 29 septembre 2017. Il a été organisé par l'Inrap (David Flotté et Cyril Marcigny) avec le soutien du département du Calvados et de la Mairie de Caen.
Pour l’ancienne région Nord – Pas-de-Calais, maintenant intégrée à la région Hauts-de-France, il faut attendre la fin des années 80 et le début de la décennie suivante pour voir les prémisses d’une archéologie préventive, notamment grâce aux opérations préalables aux tracés ferroviaires du Lien Fixe Transmanche et du T.G.V. Nord.
Auteurs et intervenants
- Emmanuelle Leroy-Langelin, archéologue et attaché de conservation du patrimoine, Conseil départemental du Pas-de-Calais / HALMA–UMR 8164
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Alain Henton, chargé d'opération et de recherche, Inrap Hauts-de-France
collaborateurs
- Philippe Lefèvre, chargé d'opération et de recherche, Inrap Hauts-de-France ; Philippe Hannois, conservateur régional de l’archéologie adjoint, SRA/DRAC Hauts-de-France
Pour la première fois, au niveau régional, une réflexion est alors menée sur une méthodologie à mettre en œuvre des sondages linéaires, réalisés sur zones positives en prospection pédestre, mais aussi en terrain vierge de toute information. Ainsi, suivant les contextes géographiques et en fonction des contraintes naturelles, les diagnostics prennent la forme de tranchées continues ou de tranchées ponctuelles espacées. En 1998, l’installation du constructeur automobile Toyota à Onnaing (59) enclenche la première opération archéologique sur grande surface menée dans le nord de la France. Sur près de 250 hectares, une première phase de sondages en tranchées discontinues permet la mise au jour de plus d’une vingtaine de sites, ensuite étudiés en décapage extensifs. Ainsi, tant sur les opérations liées au T.G.V. que celles d’Onnaing, on note les toutes premières tentatives de recherche, associant données de diagnostic à celles des fouilles/évaluations, pour une approche de l’occupation du terroir, du point de vue spatial et chronologique.
À partir de l'an 2000, l’archéologie préventive prend réellement son essor en Nord – Pas-de-Calais, avec une augmentation significative du nombre d’opérations de diagnostics et de fouilles, corolaire du dynamisme et de la densité des aménagements.
Depuis 2016, une vingtaine de chercheurs (collectivités, Inrap, Lille III, SRA, sociétés privées) regroupée dans le PCR HABATA (Habitat de l’âge du Bronze à la Tène ancienne en Hauts-de-France), a souhaité travailler sur l'ensemble des données de la période afin de revoir les problématiques scientifiques. Pour cela, une première phase d’inventaire des opérations
a été couplée à des réflexions thématiques : architecture, datations absolues, typologie
des fosses, culture matérielle…
À l'occasion de ce colloque, nous avons choisi de présenter les importants résultats engrangés par les diagnostics archéologiques pour une période encore très mal perçue voici à peine une quinzaine d’année, à savoir le premier âge du Fer (8e – début 5 e siècles av. notre ère) dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais uniquement. À ce jour, la base de donnée du PCR HABATA, nous permet de dénombrer plus d’une cinquantaine de diagnostics positifs ayant livré des informations liées à cette période pour les départements du Nord et du Pas-de-Calais (respectivement 29 et 25 diagnostics).
Bien que le taux de prescriptions de fouille sur ces derniers, motivées par des occupations spécifiques au premier âge du Fer ou diachroniques, ne soit pas négligeable (entre 40 et 50%), il convient de remarquer que nos connaissances demeurent encore, pour une large part, tributaires des données de diagnostics. Cela vaut notamment pour notre compréhension de la spatialisation des occupations, tant au niveau d’un terroir que, plus globalement, du paysage varié caractérisant tant la vallée de l’Escaut que la zone comprise entre cette dernière et la façade littorale de la Manche. Comme pour l’âge du Bronze final, les données issues des diagnostics sont également essentielles à la définition de la culture matérielle, notamment la céramique. Elles permettent par conséquent une approche chrono-culturelle globale de la période (typo-chronologie, détermination de faciès, problématique des influences « atlantique/MMN » et « continentales »...).
On peut d’ailleurs remarquer une très favorable évolution, au cours de la dernière décennie, du recours aux spécialistes pour des études multidisciplinaires croisées (céramologie, études lithiques, géomorphologie…) lors de la phase d’étude suivant les diagnostics. Toutefois, certains aspects propres à l’habitat demeurent toujours largement tributaires de décapages extensifs liés aux prescriptions de fouilles. C’est ainsi le cas pour l’architecture des bâtiments ou la structuration des sites (présence d’enclos fossoyés). Encore trop rares sont en effet, les diagnostics, où des fenêtres significatives sont ouvertes lors de la mise au jour de poteaux ou de tronçon de fossés. Cette constatation, pouvant bien entendu être étendue à d’autres périodes chronologiques, devrait nous permettre, dans l’avenir, de sensibiliser l’ensemble des acteurs de l’archéologie régionale à la reconnaissance plus fine des sites d’habitat de la protohistoire ancienne, et ce dès la phase de diagnostic.
alain.henton [at] inrap.fr
leroy.langelin.emmanuelle [at] pasdecalais.fr