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Le diagnostic dans le long processus de recherche archéologique. Quelques exemples en région Centre
Ce deuxième séminaire scientifique et technique s’est tenu à Caen, à l'auditorium du château, les 28 et 29 septembre 2017. Il a été organisé par l'Inrap (David Flotté et Cyril Marcigny) avec le soutien du département du Calvados et de la Mairie de Caen.
Le diagnostic est un exercice scientifique à part entière comme le précise un rapport de la CNRA (CNRA 2009 : 5), il n’est qu’un moyen d’acquisition des données archéologiques, au sein d’une approche de recherche beaucoup plus vaste.
Auteur et intervenant
- Matthieu Munos, assistant d'étude et d'opération, Inrap Tours
Co-auteurs
- Philippe Gardère, Jérôme Livet, Isabelle Pichon, Sylvain Badey, Francesca di Napoli, Jean-Philippe Chimier, Nicolas Holzem, Nicolas Fouillet et Victorine Mataouchek, Inrap Tours
Le livre blanc de l’archéologie préventive rappelle bien en 2013 (Clément 2013 : 10) que « [l’Inrap] a pour mission de réaliser des opérations de diagnostic et de fouille archéologique préventive, d’assurer l’exploitation scientifique des opérations et la diffusion de leurs résultats. ». Ce même rapport montre en page 21 que les CIRA, faute de moyens, se plaignent de l’absence d’évaluation scientifique de la plupart des rapports de diagnostic non dénués d’informations archéologiques, face à une minorité de diagnostics riches en vestiges dont le prolongement logique est la prescription de fouille.
En région Centre-Val de Loire, les opérations de diagnostic sont régulièrement considérées comme documentation archéologique au même titre que les autres sources d’acquisitions des données (fouilles, prospections, études documentaires, prospections géophysiques, …). Ces premiers résultats archéologiques sont abordés dans le cadre d’études territoriales réalisées à des échelles variées : de l’habitat groupé à la commune ou à l’ensemble de communes. À partir de plusieurs cas choisis, ce travail collectif montrera comment ces informations scientifiques sont utilisées pour évaluer l’ensemble du territoire considéré, souvent dans la longue durée.
Du point de vue strictement méthodologique, appréhender le diagnostic comme un exercice scientifique à part entière nécessite quelques aménagements. Les données n’ont de sens que dans l’accumulation et la corrélation. La réflexion ne peut se faire qu’au travers d’une analyse spatiale qui dépasse le seul chantier, objet traditionnel de la monographie, prolongement logique prolongement du rapport. La question de la documentation se pose, son évolution mais aussi la réutilisation d’interventions anciennes, qui nécessitent parfois une modification de forme aussi bien que des changements de fond telles que des reprises d’études. La donnée de diagnostic ne renseigne pas que l’archéologue, le spécialiste peut aussi en nourrir ses corpus de références. Des modèles géomorphologiques nouveaux peuvent être également proposés, construits sur la base de ces investigations ponctuelles. L’accent sera également mis sur l’importance du diagnostic dit négatif, jusqu’à la remise en cause même de son appellation. L’absence de vestiges prend tout son sens dans un terroir archéologiquement bien connu.
Grâce à une méthodologie repensée sur la forme et le fond de la documentation et de son exploitation le diagnostic reprend tout son sens dans une démarche de recherche archéologique. Depuis les places d’églises de village jusqu’aux interventions de plusieurs centaines d’hectares, en passant par le sous-sol revisité, l’enrichissement des collections, on peut redonner ses lettres de noblesse au diagnostic.
matthieu.munos [at] inrap.fr