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Arts et biens de prestige au Néolithique
L’art néolithique offre une grande variété d’expressions : en témoignent notamment les nombreuses figurines féminines en terre cuite découvertes au Proche-Orient et en Europe, les gravures pariétales du Levant espagnol, mais aussi les biens de prestige, destinés à quelques privilégiés.
L’art néolithique regorge notamment de figurines féminines en terre cuite, découvertes en abondance au Proche-Orient et dans presque toute l’Europe. Il s’agit souvent de femmes aux hanches et aux seins généreux, aux fesses rebondies. On en connaît quelques-unes en France : tout en conservant de larges hanches, celles-ci sont conçues à partir de plaquettes d’argile aplaties, et donc sans relief. Dans certaines grottes du Levant espagnol, des gravures pariétales montrent des hommes armés d’arcs et de flèches dans des scènes de chasse et de combat.
Par ailleurs, certains objets peuvent être qualifiés de « biens de prestige » : il peut s’agir de haches en roches vertes très finement polies, ou de perles et de parures diverses en roches exotiques, en os animal, ou en coquillages rares tels ces spondyles de la mer Noire transformés en bracelets.
Presqu'île de Quiberon. Découverts en 2007 par des vacanciers, ces deux couples de haches polies en jadéite étaient associés à un alignement de stèles aujourd'hui couchées et submergées par la mer.
© Hervé Paitier, Inrap
La hache polie est l’outil emblématique du Néolithique. Cependant, toutes les haches n’ont pas une fonction utilitaire. Certaines, très minces et très fines, taillées dans une jadéite vert pâle provenant des Alpes, sont si intensément polies que l’on parle de « poli miroir ». Il en a été retrouvé jusqu’en Bretagne, dans des sépultures placées à l’intérieur de monuments funéraires imposants. La présence de ces haches en roche importée, ajoutée à la dimension imposante des monuments funéraires, indique que l’on a affaire à un personnage éminent.
Les parures néolithiques n’ont pas toutes la même valeur : certaines, assez communes, sont composées de perles en coquillage ou en calcaire montées en sautoir. Au Néolithique ancien, il existe aussi des bracelets en schiste. Au Néolithique moyen, d’autres parures, réservées aux hommes, mêlant défenses de sanglier, dents de cerfs, de loups ou d’ours, évoquent des trophées de chasse portés par de grands chasseurs. Des perles en variscite ont également circulé depuis la Catalogne jusqu’en Bretagne, où on les retrouve associées à de prestigieux défunts.
Collier en dents de cerf trouvé dans la nécropole de Vignely (Seine-et-Marne), daté de 4 600 avant notre ère.
Le pendentif est une vertèbre de loup façonnée en tête d'oiseau.
© Véronique Brunet, Inrap
Hache en cuivre découverte dans une fosse du Néolithique final (environ 2900 à 2700 avant notre ère), sur le site de la Cavalade, à Montpellier (Hérault), 2013.
© Rémi Bénali, Inrap
Les premiers objets en métal furent certainement des pièces rares et convoitées. L’or est travaillé dès le Néolithique moyen, en Bulgarie notamment, où la célèbre nécropole de Varna a livré quantité de perles, bracelets, et appliques, dont certaines en forme de bovidés… L’artisanat du cuivre débute à la même période dans le sud de la France, où on le trouve sous forme de filons. L’extraction se fait à partir de galeries creusées à la main. Le minerai est ensuite lavé, et fondu dans des moules pour obtenir divers objets : poignards, pointes de lances et de javelots, poinçons, haches, perles… Leur rareté confère à ces objets un statut de biens de prestige, détenus par une poignée de privilégiés.