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Crises et résilience urbaine durant l’Antiquité
Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.
Avec Ricardo González Villaescusa, archéologue, professeur à l'Université Paris-Nanterre, spécialiste de la Gaule et du Nord-Ouest européen, Marguerite Ronin, historienne, chargée de recherche au CNRS et Jonas Parétias, archéologue pour Caux Seine Agglo (Seine-Maritime).
Comment les sociétés urbaines ont-elles réagi face aux multiples crises qui ont ébranlé l’Antiquité ?
Dans un de ses best-sellers, Collapse (effondrement) Jared Diamond, évoquait l’étonnant choix des sociétés à décider « de leur disparition ou de leur survie ». Aujourd’hui, crises et anthropocène, changement climatique et catastrophes naturelles sont des thèmes d’actualité, au cœur des débats sociétaux.
Un sujet d’actualité, et de recherche archéologique
Depuis longtemps, climatologues et historiens se sont plongés vers le passé, pour mieux percevoir le présent et peut-être envisager le futur de la planète et de ses sociétés. Pour les archéologues aussi, et depuis plus de deux décennies, « crises et résilience » constituent de véritables thèmes de recherche.
Les risques… ou quand Rome brûlait
Les risques ont toujours été multiples, les incendies tout d’abord, comme ceux qui ravagèrent la bibliothèque d'Alexandrie en 47 avant notre ère, Rome en 64, en 69, puis en 80 et 192, mais aussi Lyon en 65, Jérusalem en 70 de notre ère. Éruptions volcaniques, et en premier lieu le Vésuve, Pompéi et Herculanum, en 79 de notre ère, les séismes, dont celui de 17 après notre ère qui anéantit douze villes d’Asie dont Apollonide, Philadelphie, Hyrcanie, Hiérocésarée, Myrina. Sans oublier les crues et les épidémies…
Les risques sont le produit d’un événement imprévisible et de la vulnérabilité des sociétés. Ceux-ci sont tant naturels qu'humains : Tacite n’évoque-t-il pas Néron comme l’incendiaire de Rome, lors de la nuit du 18 juillet 64 ?
Crises et résilience urbaines à l’Antiquité
Une crise est une manifestation des « difficultés que l’on ne peut pas résoudre dans le cadre du système, et qui ne peuvent l’être qu’en quittant et en dépassant le système historique dont ces difficultés font partie » (I. Wallerstein). Les acteurs sociaux doivent alors choisir entre le maintien du système en place et l’évolution vers des solutions nouvelles, destinées à créer un nouveau système, plus adapté. Les villes présentent une grande densité d’enjeux humains, donc de risques, et constituent pour cette raison un laboratoire privilégié pour observer comment les sociétés antiques les considèrent, vivent avec eux et font face aux crises.
Rome et les autres
Rome a été victime de maintes inondations et d’incendies, mais ces catastrophes sont aussi probablement un moteur de l'urbanisme durant l’Antiquité. Les reconstructions, et notamment l’embellissement de la cité, menées par les empereurs (dont Domitien et Septime Sévère) pourraient donc être les réactions à ces crises successives.
L’antique Mediolanum Aulercorum (Evreux) a brûlé à maintes reprises, mais au IIIe siècle de notre ère, la dégradation des "services publics" en charge de la prévention, comme des pompiers, entraîne une bien plus forte fréquence des incendies. La réponse sociétale à ces catastrophes sera une refonte totale des espaces urbains.
Dans l’Italie antique, les sociétés ont appris à vivre avec les volcans (Etna, Vésuve, Champs Phlégréens etc.), mais la création de mythes et la pratique divinatoire sont là pour palier le risque. Cette divination, s’avère alors une forme de résilience dans les zones volcaniques.
Pour aller plus loin
- Présentation de Ricardo Gonzalez Villaescusa, sur Paris-Nanterre, sur le site du laboratoire du CNRS ArScAn (Archéologie et Sciences de l'Antiquité) et sur le réseau Linkedin.
- Ricardo González Villaescusa est titulaire d'une chaire d'études Jean Monnet européennes CivEUr : Ciuitates et urbes Europæ (2022-2025).
- Publications et communications de Ricardo González Villaescusa (site HAL science ouverte) et sur Academia.Edu.
- Présentation du dernier ouvrage de Ricardo González Villaescusa Les cités romaines (site des PUF).
- Présentation de l'ouvrage de Ricardo González Villaescusa (co-auteur) Les mondes romains. Questions d'archéologie et d'histoire (site des éditions Ellipses).
- Présentation de Marguerite Ronin, sur le site du laboratoire du CNRS ArScAn (Archéologie et Sciences de l'Antiquité), sur le site de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (et ses publications), sa page twitter (X).
- Ses publications, sur Hypotheses (son carnet de recherche), sur Open Edition Journals, sur HAL, sur Academia.edu.
- Présentation Jonas Parétias, sur Linkedin, sur Academia.edu (Université de Strasbourg). sur HAL (et ses publications), sa page twitter (X).
- Ses publications sur Researchgate.
- A lire et regarder (vidéo), un article sur le site de Briga en Normandie (site du ministère de la culture, février 2022).
- Site de Caux Seine agglo.