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Culture matérielle de la période contemporaine
Mécanisation, production en série, nouveaux matériaux : dès le XIXe siècle, l’abondance matérielle participe de plus en plus à la reconnaissance de l’être social.
La fièvre consumériste, la « grande distribution », qui semblent si bien caractériser notre civilisation actuelle, prennent naissance dès le milieu du XIXe siècle. Mais ce qui renouvelle alors la « culture matérielle » tient moins aux desseins économiques des classes sociales issues de la Révolution qu’aux progrès techniques – production de matériaux bruts (lingots, profilés, briques, etc.) et d’objets fabriqués en série.
Tandis que les industries de transformation connaissent une progression sans précédent, l’outillage et les machines, de plus en plus perfectionnés, mécanisent et automatisent les opérations : profilage, moulage, emboutissage, tournage, soufflage… Grâce aux avancées du XVIIIe siècle en physique-chimie, et au développement de la recherche fondamentale relayée par une recherche appliquée, l’industrie normalise les matériaux traditionnels (bois, tissus, métaux…). Elle en met également au point de nouveaux : alliages en tous genres, carton-pierre, caoutchouc, ciments, béton… suivis, au
XXe siècle, par tous les matériaux issus du pétrole tels que bakélite, élastomère, plastiques, etc.
Stylo plume français en bakélite découvert à Moislains (Somme) sur le canal Seine-Nord Europe en 2012
© Denis Gliksman, Inrap
Cette production de masse met sur le marché une variété infinie d’équipement mobilier qui, petit à petit, prend place dans les nouveaux intérieurs ruraux ou urbains : « objets d’art » produits en série, services de table en tous genres, mobilier de tous styles, etc. S’impose aussi le « tout prêt », alternative au « sur mesure ». Cette offre démultipliée participe naturellement aux usages, au paraître, et en revisite bien des modalités. En cette fin du XIXe siècle, alors que triomphent les styles « néo » (Médiéval, Renaissance, Baroque…), exotiques (orientalisant, japonisant…) et éclectiques, s’offrir une salle à manger « Henri II » que côtoiera un salon néo-Rococo embourgeoise le citadin et « urbanise » le paysan.