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De Burdigala à Bordeaux
Au coeur de Bordeaux, entre le cours Clémenceau et la rue du palais-Gallien et sur près de 1 800 m2 , les fouilles archéologiques tentent d'écrire l'histoire d'un quartier antique, de son implantation au début du Ier siècle de notre ère, jusqu'à son abandon dans le courant du IIIe siècle.
Précédant la construction d'un auditorium et d'un parking souterrain, les fouilles dureront neuf mois, entre mai 2007 et janvier 2008.
Le site se trouve dans l'emprise de la ville du Haut-Empire, qui deviendra la capitale de cité des Bituriges Vivisques. L'agglomération connaît une importante expansion à la fin du règne d'Auguste : elle s'étend considérablement autour du noyau primitif de l'occupation gauloise et de la première expansion qui suit la Conquête.
Au Bas-Empire, le site est abandonné lors de la construction du castrum. Dès lors, l'ancien quartier devient un secteur non bâti, peut-être progressivement remis en culture. Situé à l'extérieur de la troisième enceinte de Bordeaux, il reste « hors les murs » jusqu'au XVIIIe siècle. Cette situation a contribué à la préservation des vestiges antiques.
Un quartier urbain résidentiel et artisanal
Si le plan des premiers bâtiments n'est pas encore perçu, il semble que le site ait connu une occupation dense dès son origine. Dans ces niveaux précoces, des ateliers de forgerons ont été repérés ainsi que des habitations, dont les murs en matériaux périssables reposent sur des soubassements de pierre.
Les états bâtis les plus récents comprennent des maisons aux sols construits : béton de tuileau et une mosaïque, mais parallèlement l'architecture de terre perdure.
Outre la fonction résidentielle, l'artisanat, et sans doute aussi le commerce, sont représentés : le travail de l'os est attesté par des déchets de tabletterie, et de nombreux poids de tisserands sont l'indice d'une fabrication de tissus.
Enfin, deux fours de verriers s'implantent contre la voirie à la fin de l'occupation, au iiie siècle. Il s'agit d'un atelier secondaire : les produits finis étaient obtenus par la refonte de verre brut importé des ateliers primaires de Méditerranée orientale et/ou de verre recyclé. La présence de cet atelier signe sans doute la désaffection d'une partie des bâtiments.
Les enjeux scientifiques de la fouille
L'imbrication d'ateliers et d'habitats dans un quartier urbain a priori non périphérique est également l'une des directions de recherche à suivre.
Enfin, ce quartier naît à la fin du règne d'Auguste, lors de l'expansion majeure de la ville ; la fouille offre l'opportunité d'étudier le processus de romanisation à Bordeaux sous le Haut-Empire : évolution du cadre de vie des habitants, des modes de construction, des sources d'approvisionnement en biens matériels et en denrées.