En plein cœur de Saint-Laurent-du-Maroni, l'Inrap fouille la parcelle de la maison du receveur des Douanes, inscrite au titre des Monuments Historiques. La fouille permet de documenter les techniques de construction et d’aménagement autour d’une maison bourgeoise pendant la période coloniale. C’est également la première fois, en Guyane, qu’une fouille de puits est réalisée.

Dernière modification
18 octobre 2024

L’un des plus vieux bâtiments de l’Administration Pénitentiaire

D’abord colonie agricole pénitentiaire du Maroni puis commune pénitentiaire à partir de 1880, Saint-Laurent-du-Maroni fut le « chef-lieu » de l’Administration Pénitentiaire, ce qui lui a donné son surnom de « capitale du bagne » et qui fait encore aujourd’hui, la renommée touristique de la ville. Fondée en 1857, elle s’est agrandie rapidement au cours du siècle suivant jusqu’à la fermeture du bagne en 1946. À ce jour, seule la Maison du receveur des Douanes, qui est l’un des plus vieux édifices de la ville, subsiste parmi un ensemble important de bâtiments de l’îlot urbain proche de l’appontement où débarquaient les bagnards arrivés de Métropole. La parcelle fouillée, qui est inscrite au titre des Monuments Historiques, se situe en bordure du fleuve Maroni au cœur du quartier officiel de la ville.

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Pignon nord de la maison du receveur des douanes, avant restauration.

© Jérôme Isnard,Inrap


La présence de vestiges de la période précolombienne et coloniale

Plusieurs opérations d’archéologie préventive (Balaté, Chemin Saint-Louis) ont démontré la présence de vestiges de la période précolombienne (900 et 1400 de notre ère) sur la parcelle étudiée. Ils permettent d’attester que Saint-Laurent-du-Maroni est fondée sur l’emplacement d’un village amérindien. Certaines opérations (Camp de la Transportation, Camp Saint-Maurice, La Pépinière ou encore Le service des cultures) ont aussi majoritairement fait surgir des vestiges de l’époque coloniale ou pénitentiaire (1852–1946). Ces dernières, en complément de la fouille actuelle, vont permettre de documenter l’évolution des techniques architecturales et les aménagements du jardin de cette maison de notables entre 1870 et 1946.

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Vue générale du chantier de fouille, en bordure du Maroni, face au Suriname. Au premier plan, la maison du receveur des Douanes, qui fera l'objet d'une restauration intégrale. Sur la berge, on note les vestiges de l'appontement en forme de T de l'Administration Pénitentiaire (piles maçonnées et poteaux de bois au large) sur lequel les bagnards débarquaient lors de leur arrivée en Guyane.

© Siage

D’ailleurs, les études de post-fouilles viennent de débuter et promettent de nouvelles données sur les usages et la vie quotidienne d’une maison de notable durant les cent ans de fonctionnement du bagne de Guyane et sur l’occupation précolombienne antérieure. La seconde phase de la fouille sur le puits à l’aide de moyens spécialisés a révélé un chemisage et une construction de margelle et de couronnement soignée.

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Fouille manuelle du puits présent sur la parcelle. Cette fouille, la première de ce type en Guyane, a permis de documenter la technique de construction du puits et dater les dernières phases d'abandon de l'ouvrage.

© Gaëtan Juillard, Inrap

Aménagement : Ville de Saint-Laurent-du-Maroni
Contrôle scientifique :  CRA, SA Guyane
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Gaëtan Juillard, Inrap