Entre août et septembre 2024, l'Inrap a fouillé une surface de 200 m2 au sein de l’ermitage franciscain de La Cordelle, en amont de la construction d’un futur bâtiment d’accueil destiné aux pèlerins et aux retraitants. Ces investigations permettent de retracer la riche histoire de cette première implantation franciscaine du royaume de France (contemporaine de Saint François) située sur le flanc nord la colline de Vézelay.  Le site ouvre exceptionnellement ses portes le 21 septembre aux Journées européennes du Patrimoine.

Dernière modification
30 octobre 2024

De la prédication de saint Bernard…

En 1146, le roi Louis VII de France et le pape Eugène III décident d’entreprendre une seconde croisade.  Bernard de Clairvaux est alors appelé à Vézelay pour prêcher cette croisade. La cérémonie a lieu en pleine campagne sur la pente nord de la « colline éternelle », l’église de Vézelay étant considérée trop petite pour accueillir les chevaliers et la population. L’année suivante, en souvenir de l’évènement, l’abbé de Vézelay fait construire en ce lieu un petit oratoire consacré sous le vocable de la Sainte Croix. À proximité de cette chapelle, un petit ermitage est construit dont il ne subsiste malheureusement aucune donnée.

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Vue de Vézelay et de l’ermitage de la Cordelle en contre-bas.

© Christophe Fouquin, Inrap

… au couvent franciscain

Durant l’été 1217, les frères franciscains à la recherche d’un endroit adapté à leur règle de vie, s’implantent à Vézelay. Ils repèrent l’ermitage abandonné par les moines bénédictins ainsi que la chapelle Sainte-Croix érigée en mémoire de la prédication de saint Bernard.

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Nettoyage des maçonneries mises au jour.

© Christophe Fouquin, Inrap

En 1240, grâce notamment au soutien financier de la famille de Chastellux, les franciscains construisent un couvent pouvant accueillir une vingtaine de religieux. Selon diverses chroniques, il semblerait que l’église du couvent se trouvait accolée à la chapelle Sainte-Croix. Cette église a aujourd’hui disparue. Entre 1337 et 1453, durant la guerre de cent ans, l’ermitage souffre de pillage. S’en suit en 1481 un incendie qui endommage le site, mais des travaux de réparation sont rapidement pris en charge. Parmi les bienfaiteurs, Simon de Montréal fait réparer les bâtiments et se fait construire un appartement au bout du dortoir des frères, appelé le « mail » des Chastellux. Durant la réforme, le site de la Cordelle, nommé ainsi en référence au cordon des moins franciscains, souffre particulièrement. Trois frères sont enterrés vivants et d’autres sont décapités, tandis que l’église est profanée, le couvent pillé et incendié. Seule la chapelle Sainte-Croix ne subit aucun dégât. Dès 1600, la famille de Chastellux contribue à la restauration du couvent. Ce travail de restauration se poursuit tout au long du siècle notamment au niveau de l’église qui est lambrissée, la nef pavée. Vers 1641, des caves ont été creusées, les voûtes faites ainsi que le dortoir au-dessus du réfectoire. En 1670 seront rétablis la citerne et la citerneau.

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Vue zénithale du chantier en cours de fouille.

© Christophe Fouquin, Inrap

Effondrement et renouveau de la Cordelle

Après un XVIIe siècle marqué par une période de calme et de restauration du couvent, le XVIIIe siècle s’avère être une période très compliquée. En effet, le couvent fait face à une baisse de la ferveur, de recrutement et des revenus. Les bâtiments ne sont plus entretenus et l’église s’effondre en 1722. En 1760, il ne reste à La Cordelle que quatre frères prêtres et un frère laïc. En 1785, seul un frère y réside encore. Durant la Révolution, le mauvais état des bâtiments est constaté, et la démolition de l’église engagée. En 1791, la vente du site est conclue au profit d’un marchand de Vézelay puis quelques années plus tard par le percepteur de Vézelay. Ce dernier fait réaliser l’ouverture d’une porte dans la chapelle, qui fait alors fonction de grange, afin que des charrettes puissent y accéder. 

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Nettoyage des maçonneries mises au jour.

© Christophe Fouquin, Inrap

Quand les franciscains sont de retour en 1949, seule subsiste la chapelle Sainte-Croix et le cloitre. L’église est totalement dévastée, il n’en reste que le tracé avec son chœur à pans coupés. Les tombeaux de la famille des Chastellux ont tous été pillés et ont disparu. Des travaux sont engagés, à commencer par la réhabilitation de la chapelle Sainte-Croix. De nombreux chantiers de restauration suivent et d’autres bâtiments en lien avec la vie des frères au sein de l’ermitage sont érigés sur la terrasse inférieure.

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Vue zénithale du site en cours d’investigation.

© Mickaël Lagache, Inrap


Les premiers résultats de l’opération archéologique

L’emprise de la fouille se situe au nord de la chapelle Sainte-Croix et dans la partie est de l’ermitage. Un nombre important de maçonneries a été mis au jour, dont les plus récentes sont fondées sur des niveaux de remblai liés à l’histoire du site. Ces derniers ont livré du mobilier archéologique, majoritairement de la céramique appartenant aux XVIIIe et XIXe siècles. Le démontage de ces maçonneries a permis de récolter un certain d’éléments de construction utilisés en réemploi dont des éléments de statues qui proviennent très certainement de l’ancienne église franciscaine aujourd’hui disparue. Des maçonneries antérieures (XIIIe-XVIIe siècle), fondées dans la roche sont également conservées, dont un mur orienté nord-sud dans l’axe de la chapelle Sainte-Croix sur lequel un enduit a été observé sur le parement ouest. Ce parement est chainé avec le mur nord des actuelles caves, maçonnerie qui pourrait correspondre au parement du cellier de l’ancien réfectoire. Les investigations permettent également de restituer les niveaux des anciennes terrasses telles qu’elles se présentaient lors de l’installation des franciscains au XIIIe siècle.

Un site et une fouille archéologique à découvrir aux Journées européennes du patrimoine

JEP 2024 carré


 

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Vue de la chapelle Sainte-Croix et du chantier archéologique en cours.

© Christophe Fouquin, Inrap

Aménagement : Ordre des frères mineurs
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bourgogne-Franche-Comté)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Orianne Wadel, Inrap
En partenariat avec le Centre d’études médiévales (CEM)