Vous êtes ici
Donjon, entresol et chambre de manœuvre du Château de Vincennes (Val-de-Marne)
Le château de Vincennes, ancienne résidence royale située à l’est de Paris, est aujourd’hui sous la double tutelle des ministères de la Culture et de la Défense. Un programme pluriannuel de restauration et de mise en valeur y a été initié en 1988 ainsi qu’un programme d’étude. Celui-ci se décomposait en trois volets : des recherches en archives, une fouille archéologique et une étude architecturale. Le travail archivistique et les fouilles ont été réalisés essentiellement pour répondre aux seules problématiques de recherche. L’étude architecturale était, quant à elle, en majeure partie, tributaire des travaux de restauration des éléments principaux de l’ensemble monumental. Les travaux touchant le donjon ont concerné non seulement ses façades, mais aussi divers espaces intérieurs. C’est dans ce cadre qu’une intervention archéologique et architecturale a eu lieu en 2006 dans la salle de manœuvre de la herse. Son étude a permis d’examiner le cas spécifique de la protection, au milieu du XIVe siècle, de l’accès au donjon dans le contexte général de la fortification des portes du château.
Le château de Vincennes a conservé sa vaste enceinte munie de tours-portes, sa Sainte-Chapelle et son donjon. Ce dernier, édifié entre 1336 et 1369, est lui-même protégé par une enceinte munie d’un châtelet. Actuellement le plus élevé d’Europe, le donjon mesure 52 m de hauteur et possède six niveaux. La chambre de manœuvre de la herse, construite dès l’origine du donjon, est située en partie haute du niveau 1. Cette petite pièce contrôlait l’accès au moyen de relèvement et de descente de la herse, dispositif permettant d’assurer la protection du donjon.
Vue du donjon, de son enceinte et du châtelet
Peter MacIntyre, Inrap
Passerelle donnant accès au donjon au niveau 1. Les meurtrières supérieures indiquent l’emplacement de la salle de manœuvre.
Peter MacIntyre, Inrap
Intérieur de la salle de manœuvre
Peter MacIntyre, Inrap
Son examen général et une exploration sur une surface réduite (7 m2) par un archéologue et un architecte, ont permis de proposer des hypothèses concernant ses différents aménagements encore visibles actuellement :
- Une fosse maçonnée servait sans doute à accueillir le contrepoids de la herse ;
- Des traces d’usure sur le parement d’une meurtrière pourraient être consécutives au passage d’une chaine pour un pont-levis ;
- Une cavité était vraisemblablement utilisée comme glissière pour la herse ;
- Un mur, construit postérieurement à la salle, au sein duquel subsiste une série de trous, témoigne de l’installation d’une nouvelle machinerie destinée à actionner la herse.
Fosse maçonnée dans la salle de manœuvre
Peter MacIntyre, Inrap
Glissière pour la herse et d’une meurtrière
Peter MacIntyre, Inrap
Trous pratiqués dans le mur oriental après la construction du donjon.
Peter MacIntyre, Inrap
Plusieurs prélèvements de mortier ont été effectués. Leur analyse sera utile dans le cadre de l’étude globale du bâtiment seigneurial, en permettant d’identifier notamment ses différentes phases de construction.
Dès la fin du XVe siècle et jusqu’en 1784, le donjon fera office de prison. Pendant cette période, la salle de manœuvre perd ses fonctions de surveillance et de protection pour devenir une cellule d’isolement. La présence d’un graffiti incisé sur le mur oriental est sans soute l’œuvre d’un prisonnier. Diderot et le marquis de Sade sont parmi les prisonniers célèbres du donjon.
Graffiti, peut-être l’œuvre d’un prisonnier
Peter MacIntyre, Inrap
Olivier Blin, Inrap
Claire Besson, SRA
Thierry Laurent-Beuzit, technicien
Blandine Lecomte-Schmitt, Xylologue
Philippe Lenhardt, architecte
Stéphane Büttner, géologue
Iliana Pasquier DAO