Une équipe de l’Inrap a mené, sur prescription de l’État (Drac Grand Est), une fouille dans le cadre de l’agrandissement de la ZAC Europôle 2 sur les bans des communes de Hambach et de Willerwald (Moselle). Sur ce terrain couvrant plus de 35 445 m² – répartis en quatre zones distinctes – les archéologues ont mis au jour un ensemble de vestiges datant principalement de l’Antiquité. Ils permettent de mieux comprendre l’occupation humaine sur ce territoire à cette époque. 

Dernière modification
22 octobre 2024

Un territoire très densément occupé pendant l’Antiquité

La Moselle actuelle correspond en grande partie au territoire des Médiomatriques (peuple de Gaule Belgique). Cette partie de la vallée de la Sarre et de ses affluents, est très densément occupée durant l’époque gallo-romaine, puisque de très nombreux indices d’habitats ont été recensés autour de Hambach et de Willerwald, détectés en prospections pédestres par la présence de tuiles, de moellons, de céramique et par un diagnostic archéologique en 2023.

Trois établissements ruraux voisins

Sur un peu moins d’une quarantaine d’hectares, les archéologues ont mis en évidence au moins trois établissements ruraux qui ont sans doute coexisté durant une ou plusieurs phases de l’Antiquité. Deux d’entre eux, datés des Ier et IIe siècles, se caractérisent par des bâtiments en matériaux périssables (terre et bois). La première ferme, mise au jour en limite d’emprise, est relativement érodée. En revanche, la seconde a livré plusieurs plans de bâtiments sur poteaux plantés s’organisant autour d’une cour renfermant au moins une mare et un puits parementé.

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Plan d’un bâtiment à douze poteaux plantés construit en matériaux périssable, Ier-IIe siècle après-J.-C., Willerwald, 2024.

© Inrap

Le troisième secteur d’habitat, également fréquenté durant toute l’Antiquité tardive, présente une érosion particulièrement importante. Seuls les vestiges les plus excavés ont en effet été conservés, tels une cave et de très gros poteaux plantés avec calage de pierres calcaires. La nature des matériaux en comblement de l’ensemble de ces creusements implique des élévations construites en moellons calcaire (moellons et résidus de mortiers), structurées par des éléments en grès (blocs d’architectures taillés) et recouvertes d’une toiture de tuiles (duo tegulae et imbrices).

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Comblement d’une cave après son abandon durant l’Antiquité tardive, Hambach, 2024.

© Inrap


De cette villa romaine, l’érosion très marquée des sols n’a conservé aucune trace de murs ou de tranchées de récupération qui permettraient de proposer un plan de l’ensemble du ou des bâtiments. Des traces de poutres brulées dans le comblement de la cave montrent également que cet habitat a été détruit par un incendie dans le courant de l’Antiquité tardive. Ses murs ont ensuite été systématiquement démantelés.

Les traces d’une petite nécropole

Entre ces différents secteurs d’habitats, les opérations archéologiques ont révélé la présence d’une petite nécropole composée de deux incinérations datées de la fin du Ier siècle. Ces sépultures sont selon toute vraisemblance à rattacher à l’un ou l’autre des secteurs d’habitats mis au jour à proximité.

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Sépulture à incinération, fin du Ier siècle après J.-C., Hambach, 2024.

© Inrap

Elles se caractérisent par la présence d’un coffre en matériau périssable (bois) dans lequel a été déposé les restes du défunt rassemblés dans une poche sans doute en tissu, ainsi que plusieurs récipients placés dans et sur le coffre (assiette, cruche et gobelet).

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Vase déposé dans une incinération, fin du Ier siècle après J.-C., Hambach, 2024.

© Inrap

Aménagement : SEBL
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Grand-Est)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Magali Mondy, Inrap