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La bande des Tarterêts a 15 000 ans !
Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.
Avec Boris Valentin Préhistorien, professeur à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Cécile Ollivier-Alibert, archéologue à l'Inrap et Ludovic Mevel, ethnologue et préhistorien, chargé de Recherche au CNRS.
Carbone 14, le magazine de l'archéologie, France Culture, le dimanche de 20 h 30 à 21 h
Par Vincent Charpentier
Émission du 29 décembre 2019
Nées de la crise du logement des années 1960, des tours de 15 étages s’amoncellent entre Seine et autoroute francilienne. Ici, quelques 10 mille âmes, un quart de la population de Corbeille-Essonne y vit, dont près de la moitié a moins de 20 ans : les Tarterêts…
Brique retrouvée lors de la campagne de fouilles aux Tarterêts
© V. Charpentier
Les Tarterêts, tout à la fois quartier sensible par excellence, banlieue stigmatisée et zone de sécurité prioritaire au cœur de l’Essonne, sont surtout connus pour sa mythique bande dont les rixes et affrontements, bagarres et bastons, avec sa grande rivale, la tribu de Mont-conseil, ont fait la notoriété…
Lieu de violence… mais aussi de création, les Tarterêts se chantent notamment par deux frères, P.N.L, rois du rap français, champion du cloud rap. Aujourd’hui, les Tarterêts et sa bande sont une fois encore sur le devant de la scène, mais pour une actualité issue du passé, un passé dont ils peuvent être fiers et qui ne date pas d’hier : la bande des Tarterêts a 15 000 ans…
Ancêtre ou lointains voisins, à la fin de la dernière période glaciaire, une bande de chasseurs fait halte au cœur de la steppe des Tarterêts… Les vestiges de cette horde sont désormais l’objet d’une fouille entreprise par l’Université de Paris 1, l’Inrap et le CNRS…
Si les plus anciennes traces d’occupations humaines aux Tarterêts remontent au Paléolithique moyen (de 300 000 à 40 000 ans environ) et à l’homme de Neandertal, les vestiges mis au jour sur le gisement des Tarterêts III datent de la fin du Paléolithique supérieur et appartiennent à la culture magdalénienne (de 17 000 à 12 500 ans environ).
Les Magdaléniens sont d’excellents tailleurs de silex, développant également le travail des matières osseuses. Ce sont aussi des artistes comme en témoignent l’art pariétal mais aussi l’art mobilier dont les objets sculptés ou gravés sont parfois retrouvés sur les sites. Ils s’installent stratégiquement aux abords des cours d’eau pour profiter des ressources abondantes du territoire (minérales, végétales et animales).
Tout proche, sur l’autre rive de la Seine, à Étiolles, un gisement daté de la même période est étudié depuis près de 50 ans et constitue un pôle d’innovation irremplaçable pour la Préhistoire en Essonne.