Fruit d’un long travail d’inventaire, la nouvelle carte archéologique de Paris recense près de 2.000 opérations archéologiques réalisées dans la capitale depuis le XIXe siècle. Pilotée par le Pôle archéologique de la Ville de Paris (DHAAP), cette carte interactive bénéficie de la collaboration de l’Inrap, de la Drac Île-de-France et du CNRS (UMR 7041 ArScAn) et fédère de nombreux archéologues et historiens travaillant sur l’histoire de Paris.

Dernière modification
09 juillet 2019

L’application cartographique R & CAP (Référentiel et Cartographie de l’Archéologie Parisienne) vise à mettre à disposition des chercheurs un corpus cartographique complet de l’archéologie parisienne. Le corpus intègre tous les documents relatifs aux découvertes archéologiques de la capitale : rapports de fouille et de diagnostic récents, références bibliographiques, inventaires de mobiliers, textes et archives, photographies, plans et croquis... La carte agglomère non seulement les données issues de l’archéologie préventive, mais aussi celles provenant des archives de la Commission du Vieux Paris créée en 1897, les Papiers de Théodore Vacquier et des sources plus anciennes encore (la première mention date de 1610). Coordinateur du projet pour la Ville de Paris, l’archéologue Julien Avinain souligne l’apport de l’institut : « les chercheurs et les archéologues qui travaillent au Centre Inrap à la Courneuve ont fait un travail de récolement documentaire très important. Ils ont apporté un regard critique méticuleux sur toutes les sources, en particulier sur les Papiers Vacquer et sur la Carte archéologique de la Gaulle (CAG), qui était indispensable au projet. Inversement, ils ont pu se former à un travail de documentation extrêmement complexe les obligeant à travailler sur des données émanant de nombreux centres d’archives ».
 

Retour aux sources de l’archéologie parisienne


Après dépouillement et relecture des archives, le nombre des découvertes anciennes dépasse 400 notices. Sont notamment prises en compte les découvertes anciennes recensées dans les deux cartes archéologiques publiées par Michel Fleury en 1971 puis par Didier Busson en 1998. Une part importante de ces anciennes observations est liée à l’activité de Théodore Vacquer, architecte et archéologue qui a réalisé les premières fouilles du parvis de Notre-Dame (1847) et de la Tour Saint-Jacques (1848), et qui, à l’occasion des grands travaux du baron Haussmann sous le Second Empire (1852-1870), a mis au jour les pans principaux de l’ancienne ville romaine (Lutèce) : arènes, thermes (de Cluny), forum (rue Soufflot), cardo maximus (rue Saint-Jacques)… Considéré comme le « père de l’archéologie parisienne », Vacquer a pratiqué une archéologie de sauvetage. Il a soigneusement consigné toutes ses observations et croquis dans ses Papiers, soit  plus de 60 manuscrits, représentant 9000 feuillets et 18 000 folios (conservés par la bibliothèque historique de la Ville de Paris) qui ont été numérisés et vont être progressivement intégrés dans l’application. 

Un outil de connaissance et de diffusion scientifique

La carte interactive intéressera tous les passionnés d’histoire de Paris. Chacun peut zoomer sur les vestiges identifiés près de chez lui et éventuellement affiner sa recherche à l’aide de filtres qui permettent de sélectionner une période historique (Préhistoire, Protohistoire, Antiquité, Moyen Âge et Époque moderne). Chaque point est associé une notice descriptive, en attendant, prochainement, des photographies et des milliers de documents inédits. L’application met aussi à disposition deux cartes anciennes, le plan Delagrive (1740) et le plan Vasserot (1836) et il intégrera bientôt le plan parcellaire de 1900, postérieur aux grands travaux de Haussmann. En superposant les points de la carte archéologique à ces anciens plans, il est possible de replacer les découvertes dans différents contextes d’évolution de la capitale et de ses environs et de comprendre les dynamiques de l'histoire de l'archéologie parisienne.