A Petit-Bourg, Guadeloupe, cette intervention fait suite à un diagnostic réalisé par l'Inrap en septembre 2009 qui avait révélé les vestiges d'une installation de la période coloniale associant les ruines d'un bâtiment maçonné, des empreintes de poteaux dessinant le plan d'une construction en bois, et un ancien cimetière resté dans les mémoires.

Dernière modification
07 avril 2016

Situé dans une anse naturelle favorable aux échanges maritimes, Petit-Bourg est rapidement  devenu, dès le XVIIIe siècle, un des ports les plus actifs de la Guadeloupe. Cet atout a ainsi favorisé l'installation de plusieurs habitations, et à la veille de la Révolution, on y compte 18 sucreries.
La carte des Ingénieurs du Roy, éditée en 1768, signale, dans ce secteur de la commune, deux  habitations Budan et Du Breuil, et, de façon très précise, un bâtiment dans la parcelle à lotir, celui découvert lors du diagnostic. La présence d'une habitation jusque là méconnue paraît très probable.

La fouille, premiers résultats

Une habitation méconnue du XVIIIe siècle

La fouille du site se déroule au sein de trois secteurs distincts. Le premier, le plus vaste, s'étend sur environ 2 500 m². Près de 700 structures excavées y ont été mises au jour. La plupart consistent en des trous de poteau et des fosses de plantations.
Sept bâtiments sur poteaux ont pu être identifiés. Parmi eux, trois constructions, de plan rectangulaire, se distinguent. Leur dimension est relativement restreinte (environ 10 m²).
Deux bâtiments comportent des galeries sur poteaux, sur deux de leurs cotés (ouest et sud). Le plan de ces édifices ainsi que leurs dimensions suggèrent la présence de cases liées à l'hébergement des esclaves. Le mobilier participant au calage des différents poteaux (fragments de poteries) permet d'orienter la chronologie dans la première moitié du XVIIIe siècle. Ces premières données devront être précisées au terme des différentes études.

Un des bâtiments se distingue par ses dimensions plus importantes (11,20 x 3,90 m). Pourvu de partitions internes (au moins trois), son plan rappelle celui des maisons de maître. Il occupe une position légèrement excentrée au sud-ouest du site, mais il apparaît relativement proche des différentes cases. Il est complété par une construction plus étroite (2,50 x 1,90 m) et limitrophe. Protégée du vent, cette dernière présente, à proximité, une vidange de foyer qui permettrait d'identifier une cuisine, celle-ci étant généralement détachée de l'habitation principale afin de limiter les risques d'incendie.

Par ailleurs, trois espaces exclusivement dédiés aux plantations ont été observés. Les fosses sont implantées selon un maillage très régulier qui varie selon les trois zones identifiées (entre 0,90 m et 4,50 m). Elles se développent pour chacune d'entre elles sur des surfaces peu étendues (entre 50 m² et 150 m²). Ces plantations n'ont pas pu être précisées en l'état des recherches, mais elles ne constituent vraisemblablement pas le principal mode de culture de l'habitation.

À l'ouest du site, un bâtiment maçonné a été mis au jour. Abandonné au cours des années 1940, il était partiellement enseveli et perdu sous une végétation luxuriante. Quatre phases successives d'aménagement ont pu être observées. Il est progressivement agrandi et embelli au moyen de galeries galetées (galets de rivière), probablement couvertes et délimitées par des murs bahuts. Celles-ci se développaient sur trois cotés (est, sud et ouest). La surface habitable atteignait alors près de 190 m². La date de sa fondation n'est pas connue en l'état des connaissances. Les niveaux de sols planchéiés étaient assis sur des solives posées sur des plots composés de galets. L'élévation, composée de matériaux légers, était assise sur des solins dépourvus de liant, au contraire des murs bahuts liés à la chaux.
Le statut de cette construction n'est pas précisément défini. Le transfert de la maison de maître initialement installée à l'ouest du site ne peut pas être exclu.

Un cimetière familial

Un cimetière a été redécouvert entre les deux zones de fouille. Connu des habitants, il a été sommairement dégagé afin de repérer son emprise et le détacher du reste du futur aménagement.
Il est composé de cinq tombes orientées est-ouest et débarrassées de leur architecture funéraire respective depuis les années 1970 (tertre délimité par des coquilles de lambis). La localisation du cimetière était probablement signalée par un marqueur funéraire, de type croix, et matérialisée de nos jours par un poteau bénéficiant de pierres de calage.
Ce dernier était placé à l'est des sépultures et partiellement délimité sur sa partie orientale par cinq poteaux dont les diamètres étaient plus étroits.