Vous êtes ici
Néandertal au musée des tumulus de Bougon
L'exposition itinérante conçue par le musée de l'Homme, en partenariat avec l'Inrap, est présentée jusqu’au 6 novembre 2022 au musée des tumulus de Bougon. Labellisée « L’Inrap a 20 ans », l’exposition a été adaptée au territoire des Deux-Sèvres, riche en sites néandertaliens, comme nous l’explique Aurélie Jalouneix, conservatrice du musée.
Quelle est la mission du musée des tumulus de Bougon ?
Le musée des tumulus de Bougon est un Musée de site, labellisé « Musée de France » qui accueille également un centre de conservation et d’étude (CCE) des collections archéologiques départementales. Il a été créé en 1993 par le département des Deux-Sèvres pour contextualiser et valoriser un site archéologique constitué de six tumulus du Néolithique.
Il est également une porte ouverte sur l’archéologie en train de se faire. En accueillant les collections issues des fouilles pour leur conservation et en donnant une large place à l’archéologie expérimentale. L’été dernier, par exemple, deux chercheurs de l’association Koruc, dont un archéologue de l’Inrap (Bertrand Poissonnier), sont venus présenter la chaîne opératoire de construction des pirogues au Néolithique, et plus largement le travail du bois durant cette période. Nous accueillons aussi régulièrement des archéocapsules (expositions légères) de l’Inrap, comme cette année celle qui est dédiée au « Monde des morts » et qui sera présentée au public à l’occasion des Journées européennes de l’archéologie. Cette année, nous avons obtenu la labellisation « 20 ans de l’Inrap » pour notre exposition sur Neandertal. C’est un coup de projecteur sur notre musée, qui rappelle à notre territoire que nous sommes ouverts à l’archéologie du présent.
Qu’est-ce qui vous a amené à accueillir l’exposition Néandertal ?
Il existe plusieurs sites néandertaliens sur le territoire des Deux-Sèvres. Dans les collections du musée, de nombreux éléments proviennent de cette période et de notre territoire. c’est l’occasion de les mettre en valeur.
L’exposition reprend l’approche scientifique, le support muséographique, les visuels et les textes de l’exposition Néandertal créée en 2018 par le Musée de l’Homme (commissariat scientifique : Pascal Depaepe, Inrap ; Marylène Patou-Mathis, CNRS), mais elle en est une déclinaison qui met en lumière des collections locales. Une des pièces majeures du discours de l’exposition du musée de l'Homme est l’habitat de plein air de la Folie près de Poitiers. Aussi nous avons choisi également de le mettre au cœur de notre propos. C’est une habitation assez vaste avec des espaces bien caractérisés, de repos, de foyers..., très bien caractérisée dans le rapport de fouille comme lieu de vie. Nous avons imprimé à taille 1, pour 10m de diamètre environ, le relevé de Laurence Rossignol. Les silex ont été reposés sur son dessin, et deux vitrines mettent en valeur des pièces de l’abondant mobilier trouvé sur le site (25 caisses). Il existe aussi des sites néandertaliens dans le Thouarsais, et tout près de Bougon, prés de Saint-Maixent-l’École. Des prêts d’autres musées, du musée d’Angoulême, du Musée d’Aquitaine ou du Musée d’Archéologie nationale viennent compléter le propos en nous permettant de présenter différents outils illustrant la très longue période de présence de Néandertal sur ce territoire. Le petit « plus » de l’exposition présentée à Bougon est de montrer Néandertal « près de chez vous ».
L’intérêt de l’exposition du musée de l’Homme était, entre autres, de donner une nouvelle perception de Neandertal, un être différent de Sapiens, mais pas pour autant la brute des cavernes que certains imaginent.
Visite de l'exposition Néandertal au musée des tumulus de Bougon.
© MTB
Comment est structurée l’exposition ?
Nous avons repris l’architecture thématique de l’exposition du musée de l’Homme. Le parcours commence par « le temps d’une journée » qui se consacre à l’environnement de Neandertal, ce qu’il mange, ce qu’il chasse. La deuxième partie, « le temps d’une vie », aborde la dimension symbolique, mais aussi physiologique, de Neandertal, à l’aide de restitutions, dont celle de la tombe de la Ferrassie (Dordogne). Des objets exceptionnels sont également présentés qui ont été prêtés par le MAN et le musée d’Aquitaine : deux racloirs en cristal de roche, un autre en jaspe jaune et encore un autre en jaspe rouge de Fontmort, le « bling bling » de Néandertal ! Nous présentons aussi un biface avec un équilibre parfait et d’une finesse exceptionnelle (musée d’Aquitaine). Nous avons également la chance d’exposer le moulage d’un fossile d’oursin sur nucleus issu du site de Tercis dans les Landes. Ce fossile est volontairement dégagé de sa gangue de pierre par la taille mais sans devenir un objet utilitaire. Il est présenté pour la première fois grâce au prêt du Musée de Narrosse.
Enfin, la troisième partie : le temps d’une espèce remet en perspective sur le temps long les questions d’ADN, de métissage, sans oublier la dimension artistique et historiographique des représentations de Neandertal dans les BD, la publicité et les films, jusqu’à une rencontre avec « Madame de Neandertal », la dermoplastie de l'artiste plasticienne Elisabeth Daynès.
Comment l’exposition est-elle accueillie par le public ?
Le public est émerveillé par l’esthétique et les couleurs de cette exposition, ainsi que les échelles de temps immenses de Néandertal par rapport à Sapiens. Il y a beaucoup de manip interactives dont certaines créées par le Musée comme celle qui permet grâce à un petit module de vote de réfléchir aux causes probables de la disparition de Neandertal avant d’écouter des interviews de différents chercheurs sur chacune de ces hypothèses.