À Sagone, l'Inrap fouille l’extrémité ouest de la nécropole de la cathédrale Sant’Appianu, une des premières installations chrétiennes en Corse. Les soixante-dix tombes représentatives de plusieurs périodes et rites funéraires témoignent de l'importance de cet établissement religieux fondé par l'évêque africain saint Appien au Ve siècle.

Dernière modification
11 juillet 2022

Préalablement au projet de revalorisation du site paléochrétien et médiéval de Sant’Appianu de Sagone, porté par la commune de Vico, la prescription d’une fouille archéologique par les services de l’État (Drac de Corse), réalisée par l’Inrap, a permis de mettre au jour un ensemble de sépultures remarquables. 


Ces travaux de valorisation, pris en charge en partie par l’État par le biais du fonds national pour l’archéologie préventive (Fnap), permettent d’éclairer les connaissances sur les premières installations chrétiennes en Corse.
Ils s’inscrivent également pleinement dans le cadre d’un futur programme d’aménagement de l’agglomération actuelle de Sagone, dont l’objectif est de garantir la sauvegarde des vestiges immobiliers mis au jour ou encore ensevelis et de diffuser les résultats nombreux et variés acquis durant ces huit années de recherche, afin de favoriser la prise en compte de ce patrimoine et des données archéologiques. Ce projet d’aménagement ambitionne d’ailleurs au travers de la mise en place d’une solution nouvelle, complète et efficace, de présenter au grand public un pan entier de l’histoire non seulement de la Corse, mais aussi du bassin occidental de la Méditerranée.

Une situation privilégiée sur la baie de Sagone

La cathédrale Sant’Appianu domine le golfe de Sagone, position stratégique qui offre une visibilité excellente à la fois sur la mer et la vallée. Cet emplacement présente ainsi un intérêt certain pour l’installation humaine. Ce territoire atteste d’ailleurs d’une occupation lointaine, marquée par la découverte de statues-menhirs. Cependant l’essentiel des vestiges présents sur le site remonte aux premiers siècles de notre ère et sont associés aux premières installations chrétiennes.

La Cathédrale de Sant’Appianu – témoignage du paléo-christianisme en Corse

L’essentiel des vestiges exhumés sur le site remonte aux premiers siècles de notre ère et sont associés aux installations chrétiennes originelles. La fin du Ve siècle est en effet marquée par une succession de mesures impériales mettant fin au paganisme existant dans l’Empire romain. Parallèlement, les premiers conflits vont apparaître entre les obédiences chrétiennes naissantes, L’arianisme notamment, va s’étendre sur les églises en même temps que la domination des Vandales. Les textes relatent d’ailleurs la fuite de Sant’Apiano, chrétien nicéen et évêque de Césarée, banni d’Afrique du nord suite à la conquête vandale. Deux églises témoignent de son installation en Corse, à Borgho et à Sagone.

Les recherches précédentes menées à Sagone ont révélé les fondations d’une basilique paléochrétienne et une inscription qui confirmait sa dévolution à Sant’Apiano. Par la suite, un ensemble religieux datant du Ve siècle, composé d’une église, d’un baptistère et de nombreuses sépultures à proximité a été également découvert. Au VIe siècle, les textes attestent que l’église est élevée au rang d’évêché, statut qu’elle conserve jusqu’au XVIe siècle lorsque le siège épiscopal est transféré au village de Vico.


Une frange inconnue de la nécropole

La nécropole de Sant’Appianu se situe sur le versant sud de la cathédrale. Les fouilles ont permis de mettre au jour son extrémité ouest, jusqu’alors non détectée. Les travaux ont révélé plus de soixante-dix tombes de plusieurs périodes. 

Une archéologue de l’Inrap est en train de fouiller une sépulture médiévale en pleine terre ayant recoupée une sépulture en amphore africaine antérieure.

Une archéologue de l’Inrap est en train de fouiller une sépulture médiévale en pleine terre ayant recoupée une sépulture en amphore africaine antérieure.

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Pascal Druelle, Inrap

Les sépultures « en amphore » correspondent aux premières inhumations chrétiennes du site. Les défunts sont installés au sein de grandes amphores, parfois imbriquées. Ces tombes sont pour leur majorité orientées nord-sud et sont parfois coupées par des tombes postérieures.


Fouille d'une sépulture en bâtière.

Fouille d'une sépulture en bâtière.

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Pascal Druelle, Inrap

Les tombes en « bâtière » sont les plus nombreuses. Les défunts sont couverts par des tuiles disposées en bâtière, à l'image d'un toit à double pente.


Fouille d'une sépulture en coffre de pierres.

Fouille d'une sépulture en coffre de pierres.

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Pascal Druelle, Inrap

Une troisième série de tombes, en coffre de pierre, atteste d’une utilisation de la nécropole qui correspondrait au dernier état d’utilisation de la cathédrale. L’ensemble témoigne de la continuité de la nécropole au cours des siècles et de l’importance de cet établissement religieux.


Des structures inédites

Au sein de cette partie nouvelle de la nécropole, l’équipe de l’Inrap a mis au jour un empierrement quadrangulaire constitué de gros blocs minutieusement agencés sur une couche de terre noire rapportée. Il s’accompagne d’un radier de fragments de tegulae (tuile romaine) en forme de couronne, interprété comme une aire de circulation. Sous cet empierrement, les archéologues ont découvert une sépulture en bâtière. Elle contient trois tegulae décorées d’un pentagramme, de deux triangles et d’une série de signes ondulés. Cette sépulture singulière reste à étudier. 

Tombe en bâtière décorée de symboles en traces digitées, détail.

Tombe en bâtière décorée de symboles en traces digitées, détail.

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Pascal Druelle, Inrap

Aménagement : Commune de Vico-Sagone
Contrôle scientifique : DRAC (Service régional de l’archéologie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Philippe Ecard, Inrap