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Occupations, habitats, logements au Néolithique
La néolithisation est marquée par le phénomène de sédentarisation : celle de chasseurs-cueilleurs dans le Croissant fertile, vers 12000 avant notre ère, puis celle de l’Europe de l’ouest où, entre 5800 et 5500 avant notre ère, les migrants néolithiques commencent à bâtir des habitations.
Vers 12000 avant notre ère, dans le Croissant fertile, des populations de chasseurs-cueilleurs se fixent dans des environnements favorables. La construction de maisons – rondes, comme les tentes des nomades – semble s’imposer assez vite, pour mettre à l’abri les quelques réserves issues de la cueillette.
Bien plus tard, vers 5500 avant notre ère, les migrants néolithiques danubiens atteignent l’Europe de l’ouest : ils y érigent de longues maisons de terre et de bois, quasiment identiques dans toute l’Europe centrale et occidentale. Il s’agit dans un premier temps de petits hameaux de deux ou trois maisons, dispersés le long des cours d’eau. Puis, petit à petit, les villages s’étendent et se multiplient, l’architecture se diversifie.
Les maisons des colons danubiens sont toutes construites sur le même modèle, à quelques variations près : longues et vastes, jusqu’à 45 m de long, de plan rectangulaire, et structurées par des poteaux plantés dans le sol servant à soutenir la charpente. Le long des parois extérieures, des fosses sont creusées pour prélever la terre qui recouvre les murs en torchis. Passé la phase de construction, ces fosses sont utilisées comme dépotoir domestique, et regorgent ainsi de matériel archéologique : outils usagés, pots en céramiques cassés, restes de repas, déchets divers… L’espace intérieur est fréquemment divisé en trois parties : à l’avant, un lieu servant de grenier pour les récoltes, suivi d’une pièce centrale présentant parfois les restes d’un foyer ou d’un four, et au fond une dernière salle, peut-être réservée aux habitants de la maison. On pense qu’il s’agit de maisons collectives où tout le clan vit. Les maisons du Cardial – culture méditerranéenne du Néolithique ancien – sont moins bien connues. Les quelques cas étudiés montrent de petites habitations, plutôt de plan ovale, de 10 à 14 m² environ, dont les murs, souvent en terre, ne laissent que des vestiges très discrets et difficilement détectables.
Le Néolithique moyen offre une plus grande variété d’architectures. Quelques enceintes présentent dans leur aire interne des bâtiments larges et courts. À l’est de la France, dans le Jura, mais aussi en Suisse, des villages lacustres se développent à la fin du Ve millénaire, soit plus de 1 000 ans après l’apparition des maisons danubiennes dans la moitié nord de la France. Il s’agit de petites maisons de plan quadrangulaire, érigées sur des plateformes maintenues par des pieux enfoncés dans la vase. Leur emplacement, difficile d’accès et éloigné des champs cultivés, indique que l’avantage de ce type de milieu, au-delà de sa richesse écologique, est de constituer un abri naturel. La fin du Néolithique est marquée par des maisons parfois très longues et, dans le sud, des maisons en pierres sèches de plan ovale.
Restitution d'une maison néolithique.
© Mathilde Dupré, Inrap