A Loison-sous-Lens, Pas-de-Calais, deux diagnostics (en 2003 et 2005) ont permis de mettre en évidence un site du Néolithique ancien sur un versant exposé au sud et dominant la vallée du Souchez.

Dernière modification
10 mai 2016

La présence de plusieurs fosses de rejet et de mobilier archéologique lié à une occupation domestique (meules, céramiques, silex taillés, faune…) suggère l’existence d’unités d’habitats sur ce gisement. La découverte du premier ensemble structuré se rapportant au groupe culturel Villeneuve-Saint-Germain-Blicquy dans la région du Nord–Pas-de-Calais constitue un fait majeur pour nos connaissances sur l’implantation des premières populations d’agriculteurs dans le Nord de la France.

En effet, la position géographique du site, entre les deux grands bassins de peuplement au Néolithique ancien que sont le Bassin parisien au sud et le Hainaut belge au nord, permet de combler un vide longtemps interprété comme une absence d’occupation humaine rattachable au tout début du Néolithique (1).

La découverte d’une quinzaine de fosses de rejet sur une surface décapée d’environ 1,8 hectares, au cœur de la plaine de la Gohelle, au nord-est de la ville de Lens, vient confirmer l’importance de l’occupation du secteur au Néolithique ancien (en rouge sur le plan).

La structuration spatiale de ces creusements n’a pas permis de reconstituer les espaces habités car ces fosses sont trop éloignées les unes des autres. La concentration de fosses dans la partie nord du décapage suggère l’existence d’une unité d’habitat. Globalement, les fosses se répartissent suivant un axe nord-ouest/sud-est sur l’ensemble de l’emprise. Cette répartition pose la question de savoir si cette occupation correspond à une seule phase ou illustre au contraire une évolution plus longue sur place d’un village couvrant toute la durée d’existence du groupe VSG-Blicquy, c’est-à-dire trois siècles environ.

La proximité géographique du site de Loison-sous-Lens avec l’aire de Blicquy et son relatif éloignement des sites du Bassin parisien devraient trouver un écho dans la composition des décors céramiques et dans les assemblages mobiliers. Il sera d’ailleurs intéressant de tenter des rapprochements entre ces deux grands bassins de peuplement à partir de l’étude du mobilier de Loison-sous-Lens.

D’ores et déjà, le mobilier archéologique, en cours de traitement et d’étude, se caractérise notamment par une importante collection de meules et de molettes entières appariées (2) témoignant d’une activité liée au broyage des matières végétales et plus particulièrement à la transformation des céréales. L’étude carpologique devra nous permettre de compléter nos connaissances sur le régime alimentaire et les pratiques agraires de ces premières populations agricoles.

Enfin, il faut ajouter la découverte d’une sépulture dans laquelle un individu a été déposé en position repliée sur le côté gauche, tête à l’est, dont seuls les os longs étaient conservés (3). Un petit vase, typique du Néolithique ancien, se trouvait à la hauteur de ses genoux.

Le décapage a révélé, en outre, la présence de deux enclos circulaires de petits diamètres (compris entre 13 et 15 m) dont l’un au moins a révélé, dans l’aire interne, une fosse contenant des restes humains brûlés (4) (en vert sur le plan). Pour le moment et en l’attente de l’étude de ces deux ensembles, nous pouvons, sur la base d’une approche formelle, les attribuer à l’âge du Bronze.

Plusieurs éléments structurés témoignent d’une occupation des lieux au cours du second âge du Fer (en noir sur le plan). Il s’agit notamment d’un fossé d’enclos au tracé curviligne dont la partie interne se développe vers le nord et en-dehors de l’emprise ainsi que de plusieurs creusements de type fosses-silos se situant, au contraire, dans la partie externe et vers le sud.