À l'occasion d'un projet immobilier, une fouille archéologique a révélé la présence d'un paléochenal (ancien bras disparu d'un cours d'eau) de la Marne et d'un quai gaulois exceptionnellement conservé.

Dernière modification
19 février 2016

La fouille a permis de mettre au jour au 30-32 rue Gustave Nast, des vestiges qui s'échelonnent du Néolithique à la période carolingienne. Elle a surtout permis de révéler la présence d'un paléochenal (ancien bras disparu d'un cours d'eau) de la Marne et de suivre son évolution sur plus de six millénaires.
Bordé au sud par une île sableuse, il s'est progressivement décalé vers le nord, créant une succession de berges dont celle de la fin de la période gauloise garde les vestiges d'une exceptionnelle construction en bois. 

img

Une île anciennement occupée

L'îlot sableux découvert au sud du site a favorisé l'installation des hommes qui trouvaient là un lieu bien drainé et proche d'une source d'eau potable et poissonneuse et d'une voie de circulation. Le mobilier retrouvé (céramiques, outils en silex, en bois de cerfs, en bronze ou en fer) indique l'existence d'habitats dès le Néolithique ancien et récent (-5000 et -2200), à l'âge du Bronze ancien (-1800) et au premier âge du Fer (-800). Pendant ces 4 000 ans, la berge du chenal s'est progressivement décalée vers le nord.
À la fin de l'époque gauloise (vers 100 avant notre ère), des bâtiments sur poteaux de bois et aux murs de terre sont édifiés parallèlement au tracé de la rivière. Situés à l'ouest d'un village reconnu sur environ 10 hectares, ils correspondent à des constructions artisanales ou commerciales en relation avec le quai construit le long de la berge.

Un quai gaulois en bois

Exceptionnellement bien conservé, il apparaît sous la forme d'un caisson constitué d'une série de poteaux en chêne retenant des planches massives sur chant. L'espace, d'environ trois mètres, compris entre le haut de la berge et cette paroi, a été remblayé avec de la terre et devait certainement recevoir un sol, peut être composé de planches.
La présence de nombreux bois travaillés rejetés dans les remblais du caisson suggère l'existence d'un aménagement plus ancien qui aurait été entièrement démantelé. La conquête de la Gaule par César en - 52 ne marque pas la fin de l'utilisation de ce quai qui subit quelques réparations avant le début de notre ère.
Ce quai et les bâtiments situés sur la berge signalent l'existence, à cet endroit, d'un lieu de chargement pour des barges à fond plat qui utilisaient la Marne comme voie de transport de marchandises.

Déclin, renaissance et abandon

Durant le Ier siècle de notre ère, le site reste densément occupé en dépit de l'envasement de la rivière qui entraîne l'abandon du quai. Celui- ci est recouvert de terre, retenue à intervalle régulier par des murets formant des terrasses évitant ainsi l'érosion de la berge. Le lit de la rivière sert alors de zone de rejet comme le montrent les nombreux vestiges, osseux et céramiques, qui y ont été retrouvés.
Abandonné dès la fin du Ier siècle, le lieu ne sera réoccupé qu'à l'époque carolingienne, au IXe siècle, par un habitat léger, sans doute à caractère agricole. C'est certainement à cette époque que sont installées, dans le cours d'eau subsistant, des séries de piquets alignés dans le sens du courant correspondant à un système de pêcherie à la nasse.
De nouveau délaissé au siècle suivant, le site ne sera construit qu'à la fin du XIXe siècle.
Aménagement : Promogim
Prescription et suivi scientifique : Service régional de l'Archéologie, Drac Île-de-France
Responsable scientifique : Corinne Charamond, Inrap