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Une occupation protohistorique dans la plaine de Mane (Alpes-de-Haute-Provence)
À Mane, l’Inrap et le Service départemental archéologique des Alpes de Haute Provence ont mis au jour une occupation datant de l’âge du Bronze final et de l’âge du Fer, implantation inédite dans la plaine de Mane.
L’Inrap et le Service départemental archéologique des Alpes de Haute Provence sont associés pour mener, sur prescription de l’État (Drac PACA), une fouille archéologique en plaine de Mane, en amont de la construction d’une station d’épuration mandatée par la ville. Le décapage, sur 11 000 m², livre déjà de nombreuses structures, premiers indices laissant envisager une occupation autour de l’âge du Bronze final et de l’âge du Fer, soit entre 1 200 et 800 avant notre ère.
Vue aérienne de la plaine de Mane et localisation du site.
© Inrap - SDA 04
Une implantation inédite dans la plaine
Jusque dans les années 1990, les sites datés de l’âge du Bronze étaient surtout repérés en grottes, et ceux de l’âge du Fer plutôt sur les plateaux (oppida). Aujourd’hui, le développement de l’archéologie préventive a favorisé la découverte de sites de plein air, trop longtemps méconnus.
Le site actuellement fouillé à Mane se situe dans le bassin de Forcalquier, aux abords de la rivière Laye sur un substrat constitué de molasse calcaire du Miocène. Il est implanté dans un secteur de circulation entre la moyenne vallée de la Durance et de la Laye. C’est par ailleurs une position très favorable du point de vue climatique, hydrographique et géologique. Les reliefs de l’arrière-pays offrent de nombreux gisements de lignites et des affleurements de silex parmi les plus recherchés et notamment ceux de la vallée du Largue au sud et à l’ouest du site.
Villages et exploitations agricoles protohistoriques
À partir de l’âge du Bronze final, les établissements agricoles vont avoir tendance à se rapprocher, formant un habitat groupé qui rassemble des communautés d’agriculteurs. Toutefois, les fermes isolées et dépourvues d’installations défensives demeurent encore très majoritaires. Un peu à l’écart des maisons, des greniers surélevés bâtis sur poteaux servaient au stockage des denrées alimentaires végétales.
Vue zénithale de la fouille d’un bâtiment de l’âge du Bronze.
© Inrap - SDA 04
Sur le chantier de Mane, les vestiges issus des foyers fournissent des indications sur les activités domestiques, avec notamment la présence de poteries, de vestiges fauniques, d’objets métalliques ou celle de pesons liés à l’artisanat du textile. Les foyers domestiques empierrés sont de dimensions et de facture modestes ; on les retrouve à l’extérieur des habitations. Des fosses consistent en des silos agricoles mais aussi, dans la grande majorité des cas, des dépotoirs. Elles contiennent de nombreux vestiges fragmentés qui permettent de reconstituer la vie domestique et économique du village.
Fosse de l'âge du Bronze final en cours de fouille.
© Inrap - SDA 04
Fragment de céramique de l'âge du Bronze final en cours de fouille.
© Inrap - SDA 04
Les datations et analyses radiocarbones
La céramique est un marqueur privilégié de la datation en archéologie. C’est un matériau qui se préserve dans le temps, qui est omniprésent à partir du Néolithique et dont la typologie et la technique de fabrication évoluent dans le temps et dans l’espace. La céramique de l’âge du Bronze du midi de la France est surtout connue par des productions de la période du Bronze final. À Mane, les archéologues ont mis au jour de beaux exemplaires, avec notamment un vase à forme à col et décors en bandeaux.
Par ailleurs, les charbons de bois, graines carbonisées ou encore ossements animaux recueillis dans les sédiments seront datés par la méthode isotopique du carbone 14 ; ce procédé permettra de préciser les périodes d’occupation.
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac PACA)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Raphaële Guilbert-Berger, Inrap / Thomas Castin, Service départemental archéologique des Alpes de Haute Provence