Vous êtes ici
14-22 rue Gambetta
A Reims, Marne, une fouille à l'emplacement du futur Conservatoire national de musique et de danse.
La fouille préventive la plus étendue jamais réalisée jusque-là à Reims a mis au jour les vestiges de l'enceinte de l'oppidum, ceux d'un quartier urbain gallo-romain du Haut-Empire et une partie du couvent des Clarisses.
La Tène Finale
Sur cet emplacement de 12 000 m2 se superposaient les vestiges de l'enceinte de l'oppidum, d'un quartier urbain gallo-romain du Haut-Empire et d'une partie du couvent des Clarisses.
Le fossé d'enceinte de l'oppidum constitue l'élément majeur du site. Le passage du fossé a profondément marqué la topographie de tout ce secteur de la ville romaine. Le creusement, d'une largeur de 50 m, présentait un profil asymétrique en cuvette, dont le fond, légèrement irrégulier, était plat. La pente de l'escarpe était plus accentuée que celle de la contrescarpe, mais, des deux côtés, un palier en forme de marche occupait le tiers inférieur. La profondeur maximale du creusement, sous l'affleurement de la craie, atteignait 5,40 m.
Trois grandes phases de remplissage ont été mises en évidence :
(phase 1) Sur le haut de l'escarpe, les vestiges du rempart, établi à l'arrière du fossé, formaient un éboulis crayeux bien lisible.
(phase 2) Au fond du fossé, un remplissage dû au ruissellement, se caractérisait par des couches de limon argileux. Intercalé entre les couches de limon, à la base de la contrescarpe, un empierrement d'une longueur de 6 m ayant pu servir d'accès aménagé s'étendait en direction du centre du fossé.
(phase 3) Une succession de remblais d'origine anthropique constituait le reste du comblement.
La phase 1 n'est pas datée, mais elle est intervenue peu de temps après l'édification de l'enceinte du type Fécamp (c'est-à-dire dotée d'un rempart massif et d'un large fossé à fond plat) dont les exemplaires connus sont généralement datés de La Tène finale. Le mobilier recueilli dans les couches de limon de la phase 2 indique que le fossé est resté ouvert pendant la première moitié du Ier siècle de notre ère. Quant au rebouchage, matérialisé par les couches de la phase 3, il est intervenu dans la deuxième moitié du même Ier siècle.
Les trous correspondent aux piquets qui maintenaient le boisage.
Les banquettes de sécurité (creusements par paliers) ont été réalisées sur 5 mètres de profondeur et ont permis d'observer la sédimentation accumulée dans le fossé.
Le Haut-Empire
La première manifestation de l'urbanisation du site, dès le début du Ier siècle, fut la création d'une rue tangente au côté extérieur du fossé et d'une autre, qui lui était perpendiculaire. Ces rues étaient flanquées de caniveaux de drainage et accompagnées de constructions légères qui pouvaient encore avoir une fonction agricole. Un quartier proprement urbain semble s'être développé le long de ces voies, sur un terrain relativement peu occupé. Le plan de ces constructions présente les caractéristiques d'un lotissement encadré par un parcellaire bien perceptible.
Antiquité tardive
Ce lotissement a évolué progressivement entre le milieu du Ier et la fin du IIe siècle, jusqu'à son abandon dans le courant du IIIe siècle. L'organisation générale ne fut guère modifiée, mais les maisons ont été reconstruites ou remaniée à plusieurs reprises par l'aménagement de pièces à hypocaustes et probablement par la construction d'étages. On peut mettre en rapport ces élévations avec des variations de la largeur des rues, en particulier avec la création de portiques portant un étage, dans le courant du IIe siècle.
Le repli de la ville à l'intérieur du rempart, distant ici d'environ 80 m, correspond à l'Antiquité tardive. Désormais situé extra muros, le quartier fit l'objet d'intensives campagnes de récupération de matériaux, destinés peut-être à la construction du rempart. Le secteur servit de décharge et fut également traversé par un égout collecteur. Enfin le terrain fut remis en culture.
Moyen Âge
Ce n'est qu'au XIIe siècle que l'endroit fut à nouveau occupé, avec l'installation du couvent des Clarisses, encore à l'extérieur des remparts de la ville de l'époque. De cet établissement n'ont été retrouvées que trois fosses-dépotoirs. Mais les bâtiments du XVe siècle, édifiés après l'incendie de 1400, dorénavant à l'intérieur de l'enceinte médiévale, ont été mis au jour. Les bâtiments conventuels, le cloître et une partie de l'église ont été identifiés. Les fondations en étaient faites de moellons de craie, et les galeries du cloître, ainsi que le réfectoire présumé, étaient pavés de carrelages. Des tombes ont pu être fouillées dans l'église et dans la cour du cloître.
Les bâtiments conventuels ont été occupés temporairement par une filature jusqu'à leur démolition vers 1800. En 1886, les religieuses du Bon Pasteur s'installèrent à cet emplacement et édifièrent un établissement qui ne fut démantelé qu'en 1990 pour laisser la place à l'actuel Conservatoire.