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35 rue Clovis
A Reims, Marne, l'intervention préventive, réalisée sur une surface de 800 m2, a complété la fouille réalisée en 1989 dans l'îlot des rues Capucins, Hincmar et Clovis,
La fouille a permis d'approfondir l'étude de l'important ensemble de fosses carrées, régulièrement disposées, qui y avaient été mise au jour sur la parcelle voisine en 1989. Des constructions peu denses du Haut-Empire occupaient également le site, avant l'abandon de ce quartier extérieur au rempart de l'Antiquité tardive.
Les premières occupations
Dix-neuf nouvelles fosses carrées complètent un ensemble de quarante structures identiques mises au jour précédemment. Il est désormais possible d'estimer leur nombre total à une centaine. Réparties suivant deux directions strictement orthogonales et occupant une surface d'environ 6 000 m2, ces fosses se caractérisaient par une morphométrie (morphologie et dimensions) et un remplissage identiques dans tous les cas, sauf deux. La régularité géométrique en est également remarquable. En effet, leurs dimensions - 2,20 mètres au carré pour 0,60 mètre de profondeur -, leurs orientations et les intervalles de 3,70 mètres qui les séparaient sont constants. Les creusements présentaient toujours des parois verticales et un fond plat. Les fosses recoupaient systématiquement un paléosol de terre végétale d'environ 0,20 mètre d'épaisseur, reposant directement sur le toit de la craie géologique ; elles ont donc été réalisées dans un terrain inoccupé jusque-là.
Les remplissages sédimentaires étaient homogènes et présentaient des caractéristiques communes : sur un premier dépôt de terre brune limoneuse, épais de 0,15 à 0,30 mètre et contenant, dans sa partie inférieure, des nodules de craie et de petits graviers, se trouvait une couche de terre comparable, épaisse de 0,30 à 0,45 mètre mais ne comportant que très peu d'éléments grossiers. Une phase de comblement a scellé l'ensemble après l'abandon.
On estime désormais qu'il s'agissait de fosses de plantation de l'époque augustéenne. Il semble qu'elles n'ont en fait jamais été utilisées, comme en témoigne le remplissage qui garde les traces de deux crues successives de la Vesle.
Les aménagements de la seconde moitié du Ier siècle
Un chemin de deux mètres de largeur s'est établi après l'abandon des fosses, dont il a toutefois respecté l'alignement. Reconnu sur une longueur de 25 mètres, il était limité, de chaque côté, par des alignements de trous de poteau et semble avoir desservi l'intérieur de îlot, probablement déjà intégré dans le quadrillage urbain. Sa surface de roulement, bien compactée, contenait des tessons de céramique très fragmentés, des débris de fer et de bronze, et était creusée d'ornières espacées de 1,50 mètre, entamant le substrat crayeux sur une profondeur de 5 cm.
Des constructions en matériaux légers et des traces d'activités tel un four de potier correspondent sans doute à cette phase. Trois bâtiments, dont un était construit sur sablière basse et deux sur poteaux, ont occupé l'espace, mais leur reconstitution en plan reste difficile. L'un d'eux semble avoir formé un appentis et pourrait être contemporain des fosses carrées de la première phase d'occupation.
L'habitat du Haut-Empire
Dans une troisième phase, comme cela avait déjà été noté lors de la fouille de 1989, des constructions en dur ont succédé aux premières installations construites en matériaux périssables. Mais leur extension se limitait à la partie ouest du chantier, probablement en bord d'îlot, et leur état de conservation était médiocre. Cette disposition suggère l'existence de vastes espaces libres, correspondant à des cours ou à des jardins en arrière des habitations.
Un puits carré de 0,70 mètre de côté occupait l'espace central. Il est remarquable par son cuvelage, fait de grandes dalles verticales en calcaire d'environ 0,95 sur 0,50 mètre et 0,80 sur 0,70 mètre, imbriquées et assemblées par rainurage.
L'abandon du site
Le quartier fut abandonné vers la fin du IIIe siècle, comme l'atteste le mobilier d'une fosse recoupant une fondation de mur en craie pilée, et la quasi totalité des matériaux de construction fut récupérée. Le nivellement général et la remise en culture ont suivi de près l'abandon du site, qui ne fut plus reconstruit qu'à partir du XVIIe siècle.