Sous un parking de l’ancienne maison d’arrêt du Mans, les archéologues ont mis au jour des vestiges gallo-romains ainsi qu'une vingtaine de sépultures du début de l’Époque moderne.

Dernière modification
29 août 2016

Une équipe de l’Inrap mène actuellement une fouille dans le centre ville du Mans, sur le site de la Visitation. Sous un parking de l’ancienne Maison d’arrêt du Mans, les archéologues ont mis au jour des vestiges gallo-romains, en particulier un quartier dédié à l’artisanat en périphérie de la ville antique Vindunum. Une vingtaine de sépultures du début de l’Époque moderne ont aussi été mises au jour. Prescrite par le service régional de l’archéologie (Drac Pays de la Loire), l’opération a démarré le 20 juin et durera environ six semaines. Elle est réalisée en amont de la construction de la tour Renaissance, à l'angle de la rue Barbier et de la rue du Vert Galant. Le projet architectural, confié à la société Kaufman and Broad prévoit en effet des niveaux de parking souterrains nécessitant une étude archéologique préalable. Il s’inscrit dans un vaste projet de réhabilitation du couvent de la Visitation, fondé au XVIIe siècle et transformé en prison au cours de la révolution française.

Un quartier artisanal de la ville antique

Le décapage, qui consiste à évacuer les remblais récents pour atteindre les vestiges archéologiques profondément enfouis (entre 2 et 4 mètres ici) a permis de mettre au jour le bâti récent qui s'élevait encore sur le site dans les années 1960, et de préciser le plan de deux grandes demeures édifiées entre 1860 et 1870.
Sous ces niveaux, on distingue des aménagements de la ville gallo-romaine datés du Ier au IIIe siècle de notre ère. L’enjeu des recherches est de déterminer si  le quartier résidentiel antique étudié sous la toute proche place des Halles dans les années 1980 (où une grande domus à l'architecture largement inspirée des riches demeures romaines avait été découverte) se prolonge sur la butte de la Visitation. Les premiers éléments obtenus par les archéologues évoquent plutôt un quartier périphérique à vocation artisanale, caractérisé par des constructions légères. Quelques restes de constructions maçonnées sont identifiables. Elles sont associées à des couches d’occupation particulièrement riches en mobilier céramique ainsi qu'à des fosses contenant des matériaux brûlés, signant la présence de fours d'artisanat. La suite de la fouille et les études au laboratoire (études sur les charbons de bois, les graines, les pollens, les terres..) permettront de localiser ces fours et de qualifier leur usage : fours de tuiliers ou autre ? L’objectif est de comprendre la nature des activités économiques qui se pratiquaient il y a 2000 ans dans ce secteur périphérique de la ville antique.

Des sépultures inattendues de l’époque moderne

De façon plus inattendue, la partie occidentale du site a livré une petite zone funéraire accueillant une vingtaine de corps, non repérée lors du diagnostic réalisé en 2014. Les dépouilles, assez récentes, ne remontent probablement pas au-delà de la fin du Moyen Âge. Plusieurs hypothèses sont envisagées pour expliquer cette découverte inattendue : il pourrait s’agir, soit d'anciennes sépultures liées au premier couvent de la Visitation, fondé au XVIe siècle, soit peut-être de défunts relevant de l'ancien hôpital général de la place des Halles, soit beaucoup plus probablement de tombes du cimetière protestant qui se situait jusqu'en 1647 à l'intersection des rues du Vert Galant et de l'Hôpital (approximativement l’actuelle rue Barbier). La suite des études permettra de dater les sépultures et de vérifier cette dernière hypothèse.

Aménageur Kaufman and Broad
Contrôle scientifique Service régional de l’Archéologie (Drac Pays de la Loire)
Recherche archéologique  Inrap
Responsable scientifique Pierre Chevet, Inrap