Au Grand Launay à Châteaugiron, en amont de l’aménagement d’un nouveau quartier par le Groupe Giboire, une équipe de l'Inrap a pu mettre en évidence une succession d’occupations humaines, du Néolithique au haut Moyen Âge, révélant plus de 6 000 ans d’histoire. Le site sera exceptionnellement ouvert au public les 17 et 18 juin, à l’occasion des Journées européennes de l’archéologie. 

Dernière modification
21 février 2024

 

Au Néolithique, les premiers agriculteurs

L’occupation humaine la plus ancienne appartient à la culture du Villeneuve-Saint-Germain qui se développe à la fin du Néolithique ancien, vers 4600 av. J.-C. Elle se matérialise par quatre tierces (alignements de trois trous de poteau) qui constituent les fondations d’un grand bâtiment, long de 25 mètres. Les murs étaient recouverts d’argile prélevée dans des fosses d’extraction situées le long de l’édifice.

Utilisées dans un second temps comme « poubelles », ces fosses recèlent un riche mobilier archéologique, notamment des fragments de poteries décorées et des lames en silex, dont la majorité a été importée depuis des régions voisines. Plusieurs fragments de bracelets en schiste, typiques de la période, ainsi que des déchets de fabrication de ces éléments de parure ont aussi été recueillis.

À quelques mètres au sud du bâtiment, un fossé curviligne semble ceinturer l’occupation néolithique. Sa datation sera précisée lorsque l’étude du mobilier sera terminée. Environ 150 mètres à l’ouest, onze structures à pierres chauffées néolithiques ont été mises au jour. Elles pouvaient servir à la cuisson des aliments ou au séchage des céréales.

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Structure à pierres chauffées du Néolithique à Châteaugiron. 

 © Emmanuelle Collado, Inrap


 

À l’âge du Fer, un vaste ensemble d’enclos gaulois

Entre le IIIe et le Ier siècle av. J.-C., l’espace est organisé en une série d’enclos en partie emboités qui accueillent des bâtiments d’habitation, des greniers et d’autres petites constructions en lien avec des activités artisanales. Les deux plus petits enclos, bien que distants de 400 mètres, se ressemblent beaucoup et ont pu fonctionner simultanément. Ils dessinent chacun un espace carré de 20 mètres de côté, délimité par un fossé imposant (4 mètres de large et 2 mètres de profondeur), bordé à l’extérieur par un talus destiné à renforcer l’impression de monumentalité. L’enclos occidental était lui-même ceinturé par un enclos trapézoïdal, beaucoup plus grand, qui délimitait un espace de 4700 m² divisé en deux parties égales. Ses fossés étaient moins profonds et la partie orientale était probablement destinée à des activités artisanales ou au pacage des animaux. Un dernier enclos encore plus vaste (7000 m² environ) était accolé au précédent par le nord. Ici encore, le fossé était très imposant (jusqu’à 6 m de large et 2,30 m de profondeur). Une entrée était aménagée au nord-ouest.

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Coupe du fossé de l’un des enclos gaulois à Châteaugiron.

 © Emmanuelle Collado, Inrap

Une voie gallo-romaine reliant Rennes à Angers

Les archéologues ont aussi mis en évidence les restes d’une voie gallo-romaine reliant les villes antiques de Condate (Rennes) et Juliomagus (Angers). Cet axe de circulation majeur a été étudié en détail, son tracé traversant l’emprise du projet d’aménagement d’est en ouest. Ainsi, les chercheurs ont identifié l’emprise foncière de la voie, c’est-à-dire la surface du terrain occupée par la route et ses dépendances (plate-formes, fossés, talus nécessaires à son entretien et son exploitation).

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Section de la voie gallo-romaine Rennes-Angers en cours de dégagement.

© Emmanuelle Collado, Inrap

Délimitée par des fossés latéraux, la voie comporte en son centre une bande de roulement maintes fois réparée, bordée par des bas-côtés régulièrement rechargés et utilisés pour le trafic routier. Ce schéma correspond à l’extension maximale de la voie dans l’Antiquité, mais l’histoire de cet axe de circulation est bien plus ancienne : son origine remonte à la Protohistoire (âge du Bronze ou début de l’âge du Fer). Dès cette époque, d’innombrables bandes de roulement se succèdent, souvent aménagées de manière empirique et avec une économie de moyens.
 

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Écorché de la voie gallo-romaine Rennes-Angers, à Châteaugiron.

© Laurent Aubry, Inrap

Aménagement : Groupe Giboire
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bretagne)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Sandra Sicard, Inrap
Directeur adjoint scientifique et technique : Michel Baillieu, Inrap