Vous êtes ici
Fouille d'un quartier de la colline Saint-Charles, à Marseille
A Marseille, Bouches-du-Rhône. La fouille a été effectuée sur un terrain destiné à la construction d'une résidence étudiante. D'une surface de 500 m2, celui-ci se situe sur le versant sud de la colline Saint-Charles, à l'angle nord de la rue Bernard-du-Bois et de la place du même nom.
L'opération a notamment révélé, pour le Néolithique, un habitat sur lequel ont été découvertes des traces attestant de la consommation de coquillages. La fouille a révélé une stratigraphie allant du Mésolithique à l'Antiquité grecque.
Un rare habitat mésolithique
Au Mésolithique, la première occupation consiste en une succession de dépressions, de fosses et de sols qui accueillent des trous de poteaux et de piquets ainsi que des alignements de galets et de cailloux.
Ces surfaces sont assimilées à des restes d'habitat ou à des aires d'activité. Le matériel archéologique mis au jour est essentiellement composé de fragments d'outillage en silex, issu de gisements locaux, et de coquillages marins. Parmi ceux-ci, patelles et bigorneaux sont les plus fréquents.
Au Néolithique : un habitat de consommateurs de coquillages
Le Néolithique ancien se caractérise par des sols aménagés, des cuvettes, des fosses et des trous de poteaux qui ont livré un matériel abondant. Les outils en silex et la céramique sont toujours associés à un grand nombre de coquillages où les coques (le cardium) et les bigorneaux sont majoritaires. Le décor de certains tessons, réalisé en pressant le bord d'une coquille de cardium sur l'argile humide, est caractéristique de la culture dite cardiale, aux alentours de 5300-5200 avant notre ère.
Le Néolithique moyen est signalé par un sédiment caillouteux brun, également riche en silex, céramique et coquillages. Cette fois, ceux-ci sont surtout des murex. Les vestiges d'installation domestique s'illustrent par des trous de poteaux ou de piquets, mais aucun plan précis ne se distingue. La céramique est très variée : elle montre des récipients carénés (arêtes fortement marquées), des écuelles, des gobelets, des marmites à bord droit ou encore des jarres à paroi épaisse, caractéristiques d'une phase récente du Néolithique moyen (fin du IVe millénaire avant notre ère).
Quelle que soit la période du Néolithique, le site semble très spécialisé. Il s'agit vraisemblablement d'habitats et de structures domestiques dont l'occupation est périodique. Les installations semblent uniquement liées à la consommation des coquillages, puisque aucun autre reste alimentaire n'a été retrouvé. On imagine des habitats saisonniers, fréquentés par des populations de l'arrière-pays venues s'approvisionner en ressources marines, ou par des populations locales spécialisées dans la collecte et la consommation des coquillages.
Un vignoble de la période grecque (Ve-IIe siècles avant notre ère)
L'occupation grecque, qui s'étend du Ve siècle avant notre ère à la période hellénistique, est représentée par l'agriculture viticole. La majorité des tranchées de plantation sont de forme allongée, longues de 1 à 2 m. D'autres traces sont rondes, ovales ou quasiment carrées et pourraient correspondre à des plantations d'arbres. Aucune organisation précise n'apparaît, mais on distingue nettement deux orientations : est-ouest et nord-sud. L'ensemble évoque plus une « pépinière », destinée à la multiplication de la vigne, qu'un vignoble proprement dit, tel que celui fouillé sur les sites voisins de Nédélec et de la Voie Nouvelle.
Des activités artisanales et des habitations à la période moderne (XVIIIe-XXIe siècles)
La période moderne est marquée par la présence des caves d'immeubles dont l'édification remonte au XVIIIe siècle, période des premiers lotissements de la rue Bernard-du-Bois. L'organisation des îlots fait nettement référence à des activités artisanales, qui montrent l'orientation préindustrielle du quartier.