Huit cavaliers inhumés en compagnie de leurs chevaux viennent d'être découverts sur le site de Gondole (Le Cendre, Puy-de-Dôme).

Dernière modification
10 mai 2016

Cette fouille a été réalisée par une équipe d'archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), sur prescription de l'État (SRA/DRAC Auvergne), à l'occasion des travaux de contournement sud-est de la ville de Clermont-Ferrand, entrepris par le Conseil général du Puy-de-Dôme.

À la confluence de l'Allier et de l'Auzon, le site de Gondole est l'un des trois plus importants oppida d'Auvergne. Longtemps attribuée à César, cette place forte gauloise, en territoire arverne, fut occupée durant les dernières décennies du second âge du Fer ( entre -70 et -20 avant notre ère, période dite de "La Tène D2") et le début de la conquête romaine. 

Les huit hommes et leurs chevaux, alignés quatre à quatre sur deux rangées, ont été dégagés à quelques 300 m à l'extérieur du rempart de la cité. Tous ont été enterrés simultanément dans une fosse rectangulaire, sur le flanc droit, têtes au sud et regard à l'est. Sept individus sont des adultes, le dernier est un adolescent. Exception faite de ce dernier dont la main repose près du visage, tous ont le bras gauche en avant, souvent posé sur le squelette qui les précède. Aucune arme, parure ou offrande, aucun élément de harnachement n'ont été déposés. Dans l'attente des datations radiométriques (C14), une expertise archéozoologique vient de confirmer que nous étions bien en présence de chevaux gaulois (petits chevaux de 1,20 m au garrot).
Une pratique funéraire inconnue ? La présence de chevaux dans une sépulture gauloise est un fait exceptionnel. La cause du décès des hommes et de leurs chevaux reste aujourd'hui totalement inexpliquée : aucune trace évidente de traumatisme ayant pu entraîner la mort n'a été observée sur les squelettes. Ces inhumations pourraient-elles être liées à quelque bataille ? La découverte de "charretées d'ossements humains et de chevaux" extraites aux environs immédiats durant le XIXe s. laisse supposer un événement hors du commun. Si les affrontements engagés entre armées gauloises et césarienne viennent immédiatement à l'esprit (cf. de Bello Gallico, livre 7), aucun élément, tant archéologique que chronologique ne permet de confirmer cette hypothèse. Bien d'autres conflits, notamment entre cités gauloises, sont à tout jamais oubliés de l'Histoire. La mise en évidence de pratiques, parfois intermédiaires entre sépultures, dépôts votifs et sanctuaires est l'un des apports très novateurs de la recherche archéologique nationale : sanctuaire de Vertault (Côte-d'Or), fosses sépulcrales d'Acy-Romance (Ardennes), sans oublier Ribemont-sur-Ancre (Somme)...
La complexité des gestes funéraires protohistoriques n'est actuellement qu'à peine entrevue par les archéologues ; aujourd'hui, la découverte de Gondole complète d'une manière très originale ces pratiques.